Deux ex-officiers de l’UPAC défendent leur travail dans l’enquête sur les fuites de renseignements dans les médias

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Poursuite contre Cogeco et Québecor


Se plaignant d’atteinte à leur réputation, un couple d’ex-officiers de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) se défend d’avoir fait déraper une enquête sur des fuites de renseignements policiers dans les médias. 


Accompagnés de leur avocat Guy Bertrand, la lieutenante Caroline Grenier-Lafontaine et son conjoint, l’inspecteur André Boulanger, ont menacé de poursuivre les médias de Québecor, dont fait partie Le Journal, et Cogeco pour une somme de près de 8 millions $    



Deux ex-officiers de l’UPAC défendent leur travail dans l’enquête sur les fuites de renseignements dans les médias

Photo Stevens Leblanc




Une enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) est en cours pour faire la lumière sur les procédures utilisées par l’UPAC pour découvrir qui avait coulé ses renseignements policiers, dans le cadre d’une enquête baptisée projet A.    


M. Bertrand a soutenu mardi que ses deux clients ont procédé avec professionnalisme et «selon les règles de l’art» dans l’exercice de leurs fonctions pour projet A.     


«C’est des doués qu’on a sacrifiés», a-t-il dit en reprochant aux médias d’avoir «ruiné leur carrière». 


Ses ex-clients sont «ébranlés» par les «fausses nouvelles qui ont été publiées à leur sujet».  



Deux ex-officiers de l’UPAC défendent leur travail dans l’enquête sur les fuites de renseignements dans les médias

Photo Stevens Leblanc




Cancer  


Bien que des documents du ministère de la Sécurité publique indiquent que Mme Grenier-Lafontaine est soupçonnée d’avoir faussement orientée l’enquête sur les fuites et d’avoir intercepté illégalement des communications privées, la policière a nié en bloc.    


«Je n’ai rien à me reprocher, pas du tout. Ça a été fait selon les lois, selon les procédures qu’on connaît.»  



Deux ex-officiers de l’UPAC défendent leur travail dans l’enquête sur les fuites de renseignements dans les médias

Photo Stevens Leblanc




M. Boulanger a également nié être à l’origine du départ du directeur général de la Sûreté du Québec, Martin Prudhomme, à la suite de ses déclarations au BEI. Il a nié être un «délateur». 


L’ex-directeur des opérations de l’UPAC, maintenant en congé de maladie, a défendu son travail dans Projet A. 


«Ce projet a été mené avec professionnalisme avec le souci d’enrayer un cancer qui se propageait et que je savais pertinemment, et là on le vit, que des procédures judiciaires seraient torpillées par ces fuites.»     


Hasard  


M. Boulanger a défendu la décision de mandater des policiers de l’UPAC pour enquêter sur leurs propres collègues dans projet A, une approche dont le commissaire intérimaire du corps policier Frédérick Gaudreau, s’est dissocié il y a quelques mois.     


«À ce moment, avec les informations qu’on avait, c’était la meilleure décision à prendre» 


L’ex-directeur des opérations a également estimé que sa conjointe, Mme Grenier-Lafontaine, n’avait pas été favorisée lorsqu’elle a été promue au grade de lieutenante à l’UPAC, alors qu’il en était lui-même un des principaux dirigeants.   



Deux ex-officiers de l’UPAC défendent leur travail dans l’enquête sur les fuites de renseignements dans les médias

Photo Stevens Leblanc




«J’avais besoin d’avoir les meilleures personnes à la meilleure place», a-t-il dit en reconnaissant que cette promotion «a fait parler» à l’interne.Finalement, M. Boulanger a plaidé qu’il avait intercepté par «un sérieux hasard» le député Guy Ouellette, au terme d’une poursuite sur l’autoroute. 


«J’en fais des dizaines par années des interceptions. Celle-là était un petit peu plus spéciale», a-t-il dit. 


M. Ouellette a été le principal suspect de l’UPAC dans projet A. Il n’a encore jamais été accusé à ce jour, bien qu’il ait été arrêté dans le cadre d’une spectaculaire opération en octobre 2017. 


Enquête  


M. Bertrand a réclamé une commission d’enquête ou parlementaire pour faire la lumière dans ce dossier des fuites. Une lettre a d’ailleurs été écrite à ce sujet au premier ministre François Legault.Il y a quelques jours, la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault avait déjà rejeté une demande semblable de sa part. 


«Sensationnaliste» 


Cogeco a soutenu que «les informations et commentaires diffusés au 98,5 dans ce dossier étaient clairement d’intérêt public» et que les faits rapportés proviennent «d’un travail journalistique rigoureux». 


«Cogeco Média est d’avis que la mise en demeure transmise par Me Bertrand au nom de ses 


clients contient plusieurs propos de nature sensationnaliste et diffamatoire à l’endroit de M. 


Paul Arcand en particulier et réserve ses droits si de tels propos devaient être répétés», a indiqué l’entreprise dans un communiqué. 


L’avocat de Québecor, Bernard Pageau, a répondu à la mise en demeure de M. Bertrand en jugeant ses allégations «sans fondement». 


«Nos clients ont rapporté des informations d’intérêt public en vertu de leur liberté de presse», a-t-il écrit à M. Bertrand, en précisant que ces informations ont été obtenues et vérifiées «à l’aide de plusieurs sources».




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