Cours d'éthique et de culture religieuse

Un débat à la fois triste et risible

ECR - Éthique et culture religieuse



Le débat hautement médiatique sur la valeur du cours d'éthique et culture religieuse est à la fois triste et risible. Certains, au Parti québécois, parlent maintenant d'abolir ce cours. Faisant suite aux savantes analyses d'une jeune chercheuse, des péquistes racoleurs parlent désormais de s'attaquer «à la dictature des minorités» pour mieux faire le plein des votes des électeurs adéquistes en déroute. C'est pathétique.
Il serait bon de demander aux faiseurs d'opinion et aux messieurs-dames du «gros bon sens» qu'ils nous disent quel problème pose exactement le cours d'éthique et culture religieuse. Son premier objectif, celui du dialogue? Posons-nous la question. Les partisans des «thèses» adéquistes sont-ils véritablement contre l'enseignement religieux ou contre l'enseignement de certaines religions?
Pour ces nationalistes mous et conservateurs, je doute que le problème soit l'enseignement de la religion catholique. Le dialogue avec soi-même ne pose aucun problème. Le problème se pose lorsqu'on envisage de parler un tant soit peu de religion musulmane, juive ou sikh. Le dialogue avec les autres, voilà le problème.
Le vrai problème est l'acceptation, que dis-je, la reconnaissance minimale de ceux qu'on nommait jadis les «étranges». Un problème d'ouverture qui n'est pas l'apanage des conservateurs, faut-il ajouter. Même chez les «laïcs», la volonté catégorique de réduire le fait religieux à la stricte vie privée, au nom de l'égalité des femmes et des hommes ou des acquis de la Révolution tranquille, sert encore à faire taire et à disqualifier surtout les musulmanes et les juives.
Quelle hypocrisie! Pour éviter de parler du racisme, mais avec la tonalité progressiste, on suggère que la cause de l'exclusion de ces femmes viendrait d'elles. Pour régler «leur» problème, elles auraient «juste» à être comme les autres!
Or le plus surprenant dans cette histoire vient du fait que ce sont des Québécois qui disent cela. Comme si, pour s'émanciper, il fallait renoncer à sa culture première. Visiblement, la leçon assimilationniste de Lord Durham n'aura pas été retenue par tous et toutes.
Il faudra faire avec...
Certains se demanderont après: pourquoi les immigrants ne votent pas ou ne chérissent pas les mêmes valeurs que des francophones de souche? Si ce sont celles qui vont à l'encontre de la reconnaissance et de l'ouverture à la différence, on peut comprendre pourquoi. Or le rêve impérialiste de Durham ne fonctionnera pas plus avec les immigrants que jadis avec les Canadiens français, même si désormais, au Québec, nous parlons d'intégration.
Comme les Québécois de souche ne font plus de bébés, il faudra bien faire avec les «étranges» pour revitaliser notre chère économie... Il y a donc un espoir. «Nous» n'aurons pas le choix de dialoguer avec «eux». Qu'on se le dise.
Pendant ce temps, nourri par la peur, la frustration et la déception, chez certains, le racisme contre les immigrants va continuer généralement sous une forme très politiquement correcte. Il y a quelques années de cela, Pierre Drouilly disait craindre que, en cas de recul de l'option souverainiste, certains membres de la majorité francophone pourraient en venir à imputer la responsabilité de l'échec référendaire aux immigrants; nous en sommes proches. Le Parti libéral, plus intelligent, va se taire, laissant le PQ patauger dans ses contradictions, et l'anglophonie va continuer à présenter une image d'ouverture et de tolérance. Pour un certain temps...
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Mariam Hassaoui - Chargée de cours et doctorante en sociologie, Université du Québec à Montréal


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