Un texte d'une candeur désarmante

ECR - Éthique et culture religieuse

Voici un texte d'une candeur désarmante où un professeur d'ECR avoue sans
complexe que le cours ECR sert effectivement ( du moins dans son cas ) à
l'endoctrinement religieux des élèves! Sont-ils nombreux à agir comme lui?
La confiance avec laquelle il s'exprime laisse supposer que son opinion
pourrait être largement partagée dans certains milieux.
Marie-Michelle Poisson
***

Texte paru dans : Le nouvel observateur catholique, 35e année, no.4, 21
mars 2010
Réflexions autour du cours ÉCR, des Jeux olympiques et du (saint) Frère
André

Luc Phaneuf

( l'auteur est théologien et il enseigne au Collège Stanilas à Montréal )
La publication de ma première chronique en tant qu’enseignant du programme
ÉCR au secondaire (dans une école privée) a suscité bien des réactions, que
je comprends, vu la grande complexité de la problématique. Comme je l’ai
indiqué, jamais n’ai-je désiré, de façon directe ou indirecte, démobiliser
les personnes engagées dans le combat pour la liberté en éducation. En
outre, je suis bien conscient que la philosophie relativiste qui a servi de
trame au cours peut faire des dommages dans de jeunes esprits comme ceux du
primaire —c’est moins le cas au secondaire, surtout au second cycle.
Enfin, je comprends bien que des parents, qui invoquent le respect des
chartes et droits fondamentaux, revendiquent un “droit d’exemption” afin de
“protéger” leurs enfants (surtout quand ils sont parents d’un enfant au
cours primaire), et ce même si le cours n’enseigne pas la religion sous un
mode confessionnel dans les écoles publiques ou privées.
Ma première chronique sur le sujet (car d’autres suivront, ultérieurement)
visait principalement à témoigner de MON expérience comme enseignant dans
une école PRIVÉE de tradition catholique de Montréal, et ce, dans un
contexte très multiethnique et multiconfessionnel —mes 350 élèves
proviennent d’une cinquantaine de pays du monde. (J’écris mes propres notes
de cours, soit dit en passant. Ce qui suppose évidemment une très solide
formation de base, et... bien du travail!)
Ma première idée-force, c’est que ce cours n’est pas QUE mauvais (oui, je
sais, même s’il est imposé, c’est là un autre débat et combat!). Dieu sait
faire flèche de TOUT bois! Je relevais notamment que, contrairement à
l’ancien système
où une proportion inquiétante (parfois 50%) des jeunes inscrits à l’option
d’enseignement moral n’entendaient JAMAIS parler de religion (qui se
souciait de l’âme de ces jeunes???), la nouvelle formule permet d’alimenter
—indirectement— la quête spirituelle de notre jeunesse agnostique ou athée,
ce qui constitue, par rapport à l’ancienne formule, un net avantage pour
eux (ce «eux» représentant, je me répète, parfois jusqu’à 50 % de la
population d’une école, voire plus).
D’ailleurs, je suis surpris de constater le peu de mobilisation des parents
athées en faveur d’un droit d’exemption pour leurs enfants, car enfin, si
j’étais athée, je craindrais vraiment les effets du cours ÉCR sur
l’athéisme de mon enfant!!!
Sur une note plus intime, et ce sera mon dernier commentaire pour
aujourd’hui, je dois vous confier que depuis l’été dernier, voire bien
avant, je me suis beaucoup questionné sur l’attitude et la position que je
devais avoir dans ce débat, vu
mon statut de parent d’enfants scolarisés (au primaire), aussi et surtout
vu mon statut d’enseignant de ce cours dans une école privée [Stanislas].
J’ai donc fait mes devoirs avant de prendre position. Après avoir suivi
d’assez près les débats publics pré-implantation (avec tout le spectre des
positions, des plus radicales aux modérées), étudié en formation intensive
les contenus du programme ÉCR, consulté des spécialistes, lu et analysé
dans un travail universitaire l’argumentaire de
Georges Leroux (Arguments pour un programme, paru chez Fides), discuté avec
des collègues enseignant le programme, j’ai décidé, en définitive, de
m’inspirer de ce qu’une religieuse m’avait dit un jour à propos de sainte
Marguerite Bourgeoys. À savoir qu’elle savait s’adapter et tirer profit de
toutes les situations, même les plus contraires en apparence!
C’est ce que j’ai fait comme enseignant: car ce cours offre, s’il est bien
enseigné (et il devrait l’être, comme un cours de physique ou de maths), de
riches possibilités au Secondaire (j’y insiste). Aussi, je n’ai jamais
oublié cette phrase tirée d’un livre sur cette immense sainte et
éducatrice: La catéchèse, c’est le catéchète. Un prof convaincu et habile
fera des miracles avec ce cours dans les consciences des jeunes, surtout
les incroyants agnostiques.
Vous me direz: monsieur, c’est ça le problème! Le prof de mon école est
incompétent ou le manuel employé est une horreur!
Dans ces cas difficiles, il est nécessaire non seulement de dénoncer
l’incompétence de l’un ou la nullité de l’autre auprès de la direction et
de la commission scolaire, mais, s’il le faut, d’agir selon sa conscience,
allant jusqu’au retrait de son élève. Car la matière du programme ÉCR
concerne des croyances et des valeurs qui méritent la plus haute compétence
de la part des enseignants chargés de l’enseigner; en somme, ce n’est pas
donné à n’importe qui de le faire!
Ma situation de catholique solidement formé, enseignant en sus dans un
collège privé de tradition catholique, me permet d’éviter les pièges liés
aux contenus et aux pédagogies douteuses du programme ÉCR. Je comprends
donc les parents catholiques de veiller au grain, et de prendre les moyens
de protéger leurs enfants.
Mais je persiste à croire que le problème principal de ce cours, c’est
l’incompétence —consciente ou non— de nombre de ceux et celles qui
l’enseignent (et de plusieurs manuels). Cette incompétence de plusieurs
enseignants justifie-t-elle que le cours soit retiré du curriculum
d’études? Le cas échéant, qu’adviendrait-il des 90% et plus des jeunes
Québécois qui ne reçoivent de leurs parents AUCUNE éducation religieuse? La
meilleure solution, pour eux comme pour les enfants catholiques (qui
reçoivent en outre à la maison et à la paroisse de solides formations
catéchétiques), ne serait-elle pas que le cours soit bien enseigné, et les
manuels bien ficelés? Je pose la question.

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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5 commentaires

  • Michel Pagé Répondre

    8 novembre 2010

    Deux mots rassembleurs, essentiellement:
    1. L’intégration positive est une condition de la pérennité d’une société stable et viable.
    La responsabilité ultime de l’intégration incombre aux nouveaux arrivants. La société d’acceuil doit certes fournir un cadre et des moyens d’ntégration, et faire preuve d’attitudes tolérantes, mais il incombe aux nouveaux arrivants de participer aux traditions, au patrimoine culturel et religieux de la société où ils émigrent.
    Ici, notre tradition est d’essence démocratique, l’égalité des hommes et des femmes prévaut, la langue commune de la société québécoise est le français et notre tradition, notre histoire relèvent de la contribution de la religion jchrétienne (ne pas mélanger religion avec tradition, nous sommes de traditions judéo-chrétienne, que cela plaise ou non.
    Voilà essentiellement des données de notre être identitaire.
    En ce sens l’enseignement de l’Histoire est aussi essentielle que l’enseignement d’un cours de religion chrétienne dans les écoles. Les cours optionnels (choix entre cours de morale religieuse et cours de religion catholique) doit être rétabli. Il faut pour être de la “québétude” connaître sa langue, son Histoire et les données de la tradition judéo-chrétienne au Québec.
    Être ou ne pas être, telle est la question.
    Faut-il rappeler que 83% des parents sont catholiques, et que près de 91% sont de tradition ou de foi judéo-chrétienne au Québec (protestants, catholiques, juifs, mormons etc). Certains extrémistes cherchent à introduire de force la laïcité (une forme qui leur convient et par laquelle nous devrions effacer de notre mémoire collective toutes les contributions de cette tradition et des institutions qui en sont issues) contribuent à affaiblir le lien identitaire du Québec. Et comme la nature a horreur du vide, la place serait mise et récupérée par un travail de fond de minorités arrivées au Québec depuis peu. C'est dans la nature humaine, cela se produira donc!
    En définitive, tout impose que tout de notre patrimoine identitaire soit assumé, nettement. Ce respect envers soi-même permet une tolérance ouverte aux autres.
    Bien votre

  • Archives de Vigile Répondre

    22 septembre 2010

    Cet endoctrinement « subtil » (choix des sujets, des questions) est tout simplement inacceptable.
    Il faut intenter des poursuites contre ce professeur. Je pense qu'il enseigne au collège Stanislas à Montréal.

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    4 septembre 2010

    Madame Poisson,
    Devant le doute que vous ayez lu la lettre écrite à votre attention, je me demande encore une fois comment vous pouvez revenir à la charge avec votre position irrationnelle sur la « LAÏCITÉ » au Québec.
    Voici un passage extrait de cette lettre concernant l’irrationalité de cette laïcité au Québec :
    « Cela explique pourquoi cette laïcité irrationnelle ne peut aller contre ce que vous suggérez en citant le philosophe allemand Emmanuel Kant : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien en ta personne qu’en la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen ». Tout au contraire, il ne faut pas utiliser la dynamique de cette laïcité comme moyen de déstructuration sociale envers une collectivité, le peuple canadien-français, qui a construit sa raison d’être comme entité nationale distincte recourant à la science apportée par l’humanisme basé sur les bienfaits de la doctrine du christianisme –ne pas confondre avec les postulats véhiculés par l’Église de Rome—. C’est grâce à cette évolution de vouloir sortir de la misère, l’obscurantisme, la superstition et de l’oppression absolutiste en France que « … de petits groupes de religieux et de pieux laïcs faisaient croître la civilisation sur les bords du Saint-Laurent », dont vous-êtes ?, madame Poisson, l’une des descendants qui ont rendu possible la naissance de la Nation Canadienne Française dans ce coin du monde qu’il faut préserver dans ces fondements qui l’ont fait naître et l’ont fait évoluer. »(1)
    JLP
    -..-..-..-..-..-..-..-
    1. Pour plus de détails concernant ce sujet, consulter Lettre ouverte à Mme Marie-Michelle Poisson*. LAÏCITE IRRATIONNELLE, UNE ARME DE DESTRUCTION MASSIVE
    http://www.vigile.net/Lettre-ouverte-a-Madame-Marie

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2010

    Pour lever toute ambiguïté, s'il en est, quant aux intensions de M. Luc Phaneuf, je vous soumets la première chronique parue dans le Nouvel Observateur Catholique du 7 février 2010 et à laquelle il fait souvent référence dans le texte publié ci-haut. Ceci dit, si M. Phaneuf utilise effetivement le cours ECR pour mener ses élèves "au seuil d'une église" il s'agit d'une conduite non conforme à la LIP et non respectueuse de la liberté de conscience des élèves et de leurs parents et cela pourrait faire l'objet de plaintes formelles auprès de la ministre de l'éducation et/ou encore auprès de la commission des droits de la personne. Cf. Examen de la conformité du cours d’éthique et culture religieuse à la Charte, novembre 2008, Document officiel - 20p.,Eid, Paul
    http://www.cdpdj.qc.ca/fr/publications/docs/cours_ethique_culture_religieuse.pdf
    ________________________________
    Réflexions autour du nouveau cours ÉCR
    Abolir le cours ÉCR serait une grave erreur stratégique pour les catholiques !
    Luc Phaneuf, Le NIC, 2010-02-07

    L’actualité de mi-fin décembre m’a conduit dans les studios de l’émission Dumont 360, à la suite de la parution d’une brève étude de la doctorante en sociologie Joëlle Quérin sur le présumé endoctrinement pro-multiculturaliste (donc antinationaliste québécois) du cours ÉCR sur les jeunes Québécois. Dans la foulée de sa parution, Pierre Curzi, le critique péquiste en matière d’éducation, demandait d’abolir le cours ÉCR et de le remplacer par autre chose, notamment par un cours d’histoire des religions. La question du jour de l’émission Dumont 360 était donc la suivante : Doit-on retirer ce cours des écoles québécoises ?

    Mais avant d’aller plus loin, demandons-nous quelle était la valeur de l’étude de la sociologue Quérin. Le cours ÉCR fait-il de l’endoctrinement politique plutôt que d’enseigner sur le fait religieux et l’éthique, comme elle l’affirme ? Quelques jours après la publication de son étude, quelques universitaires de renom ont publié une lettre dans les journaux qui relevait les faiblesses principales de celle-ci, en particulier, les liens qu’entretient la doctorante avec l’Institut de recherche sur le Québec (IRQ), un « think thank » nationaliste proche du Mouvement national des Québécois. En gros, ces professeurs reprochaient à la sociologue de confondre la reconnaissance du pluralisme (et de la diversité) ethnique et religieuse québécoise à la base du cours ÉCR, qui vise le vivre-ensemble dans le respect des différences, avec la promotion du multiculturalisme, une philosophie politique qui fait au contraire la promotion de ces différences pour elles-mêmes, nuisant ainsi à la construction d’un vivre-ensemble. Plus important encore, ils mettaient à mal l’argument avancé par Quérin selon lequel le programme ÉCR occulterait le patrimoine religieux du Québec. Au final, ils qualifiaient l’étude de la doctorante Quérin de « peu sérieuse, plus digne d’un pamphlet que d’un travail universitaire ». Comme il fallait s’y attendre, ces professeurs n’ont pas convaincu tout le monde, ni mis fin au débat entourant le cours ÉCR. En effet, sur le site Internet du journal Le Devoir1 (pour ne citer que ce dernier), le débat sur la pertinence du cours ÉCR a continué de susciter plusieurs commentaires très intéressants. Lors de l’émission en question, n’ayant pas encore lu et analysé l’étude de Quérin, dont je venais à peine de prendre connaissance, je me suis surpris à défendre le maintien du cours ÉCR contre la volonté de Curzi et d’une bonne majorité de téléspectateurs — je précise sans attendre que je suis en faveur de son maintien SEULEMENT dans les écoles secondaires, car je suis contre le fait qu’on l’enseigne, SOUS SA FORME ACTUELLE, dans les écoles primaires, a fortiori qu’on refuse aux parents qui le désirent de ne pas exposer leurs enfants au relativisme religieux et moral qu’il distille. Quoi ? Luc Phaneuf se fait l’apôtre du nouveau cours ÉCR ? N’est-il pas tombé sur la tête ? Non, je vous rassure, je me porte très bien. Alors, comment justifier ma prise de position ? Je vous l’explique.

    PREMIER ARGUMENT : CE COURS, AUSSI IMPARFAIT SOIT-IL, EST MIEUX QUE RIEN DU TOUT. Il ne faut jamais oublier que le programme ÉCR est le résultat d’un compromis entre les tenants de l’ancienne formule confessionnelle d’une part, qui auraient préféré que les écoles demeurent confessionnelles, et ce contre la réalité des faits, car le Québec ne l’est presque plus (malgré les sondages qui nous bercent d’illusions et quelques poches de résistance), et les militants athées et antireligieux d’autre part, qui auraient préféré qu’on ne fasse plus AUCUNE mention du phénomène religieux dans les écoles primaires et secondaires québécoises, faisant fi du fait historique religieux depuis les origines de l’« homo sapiens », une position qui aurait été catastrophique sur le plan culturel et intellectuel pour la jeunesse québécoise — en effet, comment un jeune pourrait-il comprendre le monde contemporain post-11 septembre sans un minimum de culture religieuse ? Or, comme tout compromis, ce cours ne pouvait satisfaire pleinement les « confessionnalistes » tout comme les athées. Cela dit, du point de vue catholique, je considère que ce cours, bien qu’imparfait, peut se révéler un bel instrument de « conscientisation religieuse » auprès de nos jeunes DU SECONDAIRE (j’y insiste). Bien utilisé — tout dépend du professeur, une remarque qui vaut aussi pour un prof d’histoire, quant à moi —, il peut même préparer des conversions religieuses, et ce même si le cours se défend bien de vouloir les susciter, son but premier étant de favoriser le dialogue et le vivre-ensemble en prenant acte de la récente diversité ethnique et religieuse du Québec, surtout à… Montréal !

    DEUXIÈME ARGUMENT : cet argument vient en quelque sorte renforcer le premier, qui affirmait que ce cours, aussi imparfait soit-il, est mieux que rien du tout. Il s’énonce ainsi : sauf exceptions, l’inculture religieuse des jeunes étant abyssale, et je le sais par expérience, la côtoyant tous les jours, CE COURS, S’IL EST BIEN ENSEIGNÉ, PEUT SERVIR D’EXCELLENTE INTRODUCTION AU PHÉNOMÈNE RELIGIEUX COMME CONSTITUANTE DE L’HISTOIRE DU GENRE HUMAIN. En d’autres termes, il peut faire voir aux jeunes l’importance du phénomène religieux, voire son caractère incontournable, dans l’histoire de l’humanité. Le cas échéant, nous catholiques et croyants d’autres confessions y trouverions notre compte, je vous l’assure ! Je m’explique. Que les adultes qui n’ont pas ou plus d’enfants à l’école lisent attentivement ce qui suit : mon expérience des quatre dernières années au sein de deux excellents collèges privés de Montréal (au cours secondaire) m’a permis de constater que l’inculture religieuse des jeunes est aggravée par une indifférence à l’égard du religieux qui va croissante. Selon mes estimations, près de 90 % des jeunes adolescents considèrent a priori — il s’agit d’un de leurs préjugés — que de se questionner sur le sens de la vie, d’étudier les différentes religions du monde, représente… une perte de temps ! En d’autres mots, ils se contrefichent complètement de la religion. Comment expliquer cette attitude ? D’une part, facteur LE plus important, l’exemple de leurs parents, chez qui, du moins en apparence, les questionnements métaphysiques ne semblent pas provoquer de l’insomnie… Mais aussi, facteur externe extrêmement puissant, l’influence culturelle au sens large, en premier lieu les médias de masse. En effet, tout Québécois consommateur de culture, sensible à la question religieuse, l’aura remarqué : les considérations religieuses sur l’existence sont absentes des productions culturelles québécoises. (Il doit exister des exceptions, mais je ne les connais pas.)

    Dit autrement : LE PRINCIPAL OBSTACLE AUQUEL TOUT ENSEIGNANT DU PROGRAMME ÉCR FAIT FACE AU QUÉBEC, CE N’EST PAS L’ATHÉISME DES JEUNES, QUI EST D’AILLEURS PRATIQUEMENT INEXISTANT, MAIS LEUR INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE RELIGIEUSE.

    Pour paraphraser Bernanos, les jeunes vivent sans savoir qu’ils ont une âme, qu’il existe un sens religieux à l’existence — du moins selon le point de vue des croyants de toutes religions. C’est comme s’ils avaient déjà accepté, sans le contester, le non-sens de l’existence, laquelle se réduirait, comme on le sait, à consommer et à jouir le plus possible en attendant la mort, qui est la fin de tout. L’enseignant du programme ÉCR sait, à l’évidence, que les jeunes se posent malgré tout des questions sur le sens de la vie, que ce questionnement fait partie de l’éveil de leur intelligence au monde réel considéré dans son mystère. Son principal défi est de convaincre ces jeunes que le fait de se poser des questions sur le sens religieux de l’existence est une nécessité absolue, une exigence de l’intelligence humaine, et non pas une perte de temps. Je passe donc mes cours à répéter à mes étudiants que de répondre aux questions du sens de l’existence est une exigence de la raison, ce qui nous distingue du règne animal et végétal. Et vous savez quoi ? Je crois qu’ils savent que j’ai raison. Je n’en fais pas des chrétiens pour autant, mais des êtres humains OUVERTS à une POSSIBLE dimension religieuse de l’existence. Ouvrir le cœur et l’esprit d’un jeune à cette dimension de mystère de la condition humaine, c’est déjà le conduire au seuil d’une église. S’il le désire, en dehors des heures consenties au programme ÉCR, je l’aiderai à y entrer pour y trouver des reflets de la Lumière éternelle de Dieu. Chaque chose en son temps. Dieu est patient.?

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2010


    Marie-Michelle Poisson, Vice-présidente du Mouvement laïque québécois aime bien tout ramener à sa philosophie de vie, en faisant dire à Luc Phaneuf ce qu’il ne dit pas et je cite : « Luc Phaneuf avoue sans complexe que le cours ECR sert effectivement ( du moins dans son cas ) à l’endoctrinement religieux des élèves ! ». Or l’auteur un peu plus loin dans le texte affirme le contraire : « Ma première idée-force, c’est que ce cours n’est pas QUE mauvais… la nouvelle formule permet d’alimenter —indirectement— la quête spirituelle de notre jeunesse agnostique ou athée, ce qui constitue, par rapport à l’ancienne formule, un net avantage pour eux (ce « eux » représentant, je me répète, parfois jusqu’à 50 % de la population d’une école, voire plus). L’auteur est très honnête en disant que ce cours peut déranger l’athéisme de certains parents et enfants. Mais le problème principal du cours ECR, « c’est l’incompétence —consciente ou non— de nombre de ceux et celles qui l’enseignent (et de plusieurs manuels). Cette incompétence de plusieurs enseignants justifie-t-elle que le cours soit retiré du curriculum d’études ? » La question demeure ouverte…