rappel

Un bilan complexe

L'optimisme de 1976 a cédé le pas au pessimisme de 2001

15 novembre 1976 - 2007 : un bilan


Le 15 novembre 1976 est une des dates les plus importantes de l'histoire politique du Québec et du Canada. La victoire du Parti québécois, avec René Lévesque à sa tête, a eu d'importantes répercussions sur la société québécoise et particulièrement dans ses relations avec le reste du Canada. Depuis 1976, le PQ a détenu le pouvoir pendant 16 ans.
Faire le bilan des 25 dernières années est sans doute complexe. L'angle selon lequel on aborde une telle évaluation détermine les conclusions qu'on en dégagera. Pour les uns, l'arrivée au pouvoir du Parti québécois est le plus grand des désastres pour le Québec, tandis que pour les autres, cette élection marque un point tournant pour les francophones en Amérique du Nord. Les transformations, économiques et sociales ainsi que l'évolution de l'Etat québécois représentent certes des aspects importants des régimes péquistes. La question linguistique, les relations interculturelles, l'immigration, l'économie et les politiques sociales ont toutes été modifiées par les régimes péquistes.
Ici aussi, le bilan du Parti québécois dépend de la perspective adoptée par les analystes. La plupart d'entre eux sont unanimes pour dire que le PQ devrait d'abord être évalué par rapport à sa raison d'être: la réalisation de la souveraineté du Québec. Or comment faire le bilan de cette question?
Le chef actuel du PQ, Bernard Landry, nous rappelle que l'option souverainiste a beaucoup progressé depuis la fondation du mouvement. Néanmoins rares sont ceux qui évoquent les débuts du mouvement dans ce type d'analyse. Ce 25e anniversaire offre une occasion tout à fait opportune d'examiner la situation actuelle et d'en tirer les conclusions qui s'imposent.
Les années 1976-81 sont associées au mandat inaugural du PQ et au référendum de 1980. En 1976, les sondages mesurant le soutien à la souveraineté-association révélaient que l'appui des Québécois se situait aux alentours de 40 %. Les sondages les plus récents indiquent que s'il y avait un référendum aujourd'hui, 40 % voteraient pour la souveraineté-partenariat. Un premier constat: la réalisation de la souveraineté est aussi peu probable qu'elle l'était il y a 25 ans.
En 1976, le PQ amorçait donc un premier mandat marqué de rêves et d'optimisme. Aujourd'hui il est à mi-course de son quatrième mandat et si la tendance des sondages se maintient, les péquistes formeront l'opposition d'ici deux ans. Un an après les élections de 1976, le PQ a introduit des réformes majeures dans le domaine linguistique (Charte de la langue française) qui ont renforcé la position de la langue française. Récemment, les états généraux sur la langue (la commission Larose) ont sensiblement réaffirmé le statut quo en matière linguistique.
Vers la fin des années 70, la question de la souveraineté a suscité des débats intéressants et stimulants entre ceux qui appuyaient la cause souverainiste et ses opposants. Qu'on soit d'accord ou non, la population semblait mieux comprendre certains motifs de la souveraineté. Aujourd'hui, la nécessité de former un État souverain semble de moins en moins claire. Après deux référendums, on se demande pourquoi un projet qui devait rallier les Québécois semble diviser si fortement la population.
Le Parti québécois fait actuellement face à un défi de taille par rapport à sa raison d'être. Il semble que plus les leaders péquistes parlent de souveraineté moins l'appui au Parti québécois est élevé. La majorité des Québécois savent que le modèle européen, la souveraineté-partenariat et les propositions de fédérations multinationales ne suscitent que très peu d'enthousiasme dans le reste du Canada. Au lieu de parler de souveraineté et d'indépendance, le leadership péquiste parle de plus en plus de la nation québécoise, sans en définir clairement les paramètres.
L'optimisme de 1976 a cédé le pas au pessimisme de 2001. La formule traditionnelle selon laquelle le PQ propose d'abord un bon gouvernement et parle ensuite de souveraineté ne fonctionne plus. De plus en plus de gens croient que la priorité donnée à la promotion de la souveraineté a un effet sur la capacité de bien gouverner. Vingt-cinq ans plus tard, le mouvement souverainiste est en crise, et il ne semble pas y avoir de sortie de secours.
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JACK JEDWAB
L'auteur enseigne à l'lnstitut d'études sur le Canada de l'université McGill


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