La Ville de Québec dispose de 30 millions d’ici 2028 pour sauvegarder et mettre en valeur huit de ses plus belles églises et le maire de Québec, Régis Labeaume, a mandaté notre groupe de travail pour lui faire des recommandations.
D’entrée de jeu, le défi s’avère sérieux puisque les 30 millions annoncés ne suffiront pas, vu l’importance des besoins et l’état alarmant de certaines églises désignées ; sans compter que la liste des monuments religieux réclamant de l’aide ne tardera pas à s’allonger. Le défi est donc de taille, mais il n’est pas impossible à relever.
Se montrer à la hauteur d’un fabuleux héritage légué par plusieurs générations de Québécois qui ont consenti de grands investissements dans nos églises suppose une remise en question de nos vieilles façons de faire. Fini le travail en vase clos ou à la pièce. Plus question de miser sur des programmes gouvernementaux ponctuels. Nous devons faire place à l’audace et à la générosité, proposer de nouvelles pratiques, réviser nos cadres d’intervention, créer des outils inédits et développer un projet-pilote visionnaire.
La clé de voûte de ce projet : la création d’une fiducie d’utilité sociale qui deviendra progressivement propriétaire et gestionnaire de nos églises. Lieu de concertation et de convergence d’acteurs essentiels, la fiducie veillera à actualiser la vision et les valeurs qui maintiendront le caractère convivial et collectif de ces bâtiments religieux. Elle sera appuyée par des ressources professionnelles bien au fait des enjeux et des réseaux. Même si l’essentiel des 3 millions disponibles cette année devra être octroyé en priorité pour faire face aux urgences constatées lors de nos visites sur le terrain, la fiducie pourra y puiser les moyens nécessaires à son démarrage.
Puisque la question du financement s’annonce cruciale, nous recommandons la création d’un fonds qui permettra de voir au-delà de 2028. La dotation de ce fonds sera assurée par des dons, des redevances et une part significative des revenus des futures transactions immobilières des paroisses. Cela supposera un changement de mentalité et d’approche de la part des fabriques et des autorités diocésaines, un changement aussi nécessaire que raisonnable auquel nous sommes convaincus qu’elles vont consentir.
Ouvertes au culte
Pour éviter de fragiliser davantage nos églises de valeur patrimoniale exceptionnelle, il est évidemment souhaitable de les garder ouvertes au culte. Ailleurs, nous devrons accompagner les fabriques qui sont déjà à la recherche d’usages complémentaires à la pratique religieuse. De même entendons-nous sensibiliser les partenaires publics aux besoins propres aux organismes responsables de projets de reconversion.
Certaines églises seront bien sûr appelées à être désacralisées — ou « réduites à l’état profane » —, mais toutes devront conserver un caractère communautaire. Or, l’appropriation collective de nos églises réclame une nouvelle stratégie et de nouveaux outils de communication destinés à mieux faire connaître leur histoire et leur richesse à la population locale, mais aussi aux touristes sensibles à notre patrimoine religieux. Dans ce contexte, le projet du Musée national des beaux-arts du Québec de convertir l’église Saint-Dominique voisine en un pavillon consacré à l’art religieux québécois du XVIIe au XXe siècle nous semble des plus prometteurs.
Nous invitons enfin tous les partenaires publics à considérer en priorité le recyclage, la rénovation ou l’agrandissement des églises avant d’envisager de nouvelles constructions pour répondre à la demande de nouveaux espaces.
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