Tirer profit de l'énergie

Le Grand Bâtisseur partisano-proclamé nous éblouit: son Plan nord visait à développer le Sud...



(Québec) Audacieux et prometteur pour l'économie du Québec que ce projet d'Hydro-Québec d'acquérir Énergie Nouveau-Brunswick (ENB), et de multiplier les clients dans les Maritimes et aux États-Unis. Il tombe aussi à point pour le gouvernement Charest qui a bien besoin de redorer son image.
Dans la morosité automnale, voilà enfin une nouvelle qui peut donner un peu d'espoir. Lorsque les finances publiques s'enfoncent dans le rouge et que le retour à l'équilibre budgétaire s'annonce ardu, vendre et exporter davantage d'électricité représente un moyen pour le Québec de garnir sa colonne de revenus dans l'avenir.
À condition bien sûr qu'Hydro et le gouvernement aient bien évalué tous les tenants et aboutissants du marché, avant d'en déballer fièrement le contenu en conférence de presse.
Le premier ministre Jean Charest ne doit pas nous refaire le coup du Plan Nord. Présenté comme projet d'avenir pour le Québec en campagne électorale, le fameux plan du premier ministre s'avère aujourd'hui une coquille vide. S'il porte maintenant son regard vers le sud, M. Charest doit livrer la marchandise.
Nous en sommes seulement à l'étape d'un protocole d'entente entre Hydro et ENB. Bien des choses peuvent se produire d'ici
la clôture de la transaction, le 31 mars prochain. Il n'est pas acquis que la population du Nouveau-Brunswick acquiescera à l'idée de leur premier ministre, Shawn Graham, de céder une société d'État et de perdre ainsi le contrôle sur le prix de l'énergie électrique. Les tarifs consentis pour les cinq prochaines années sont certes avantageux pour le Nouveau-Brunswick, mais la vente d'une société d'État au Québec comporte par contre une lourde symbolique.
Difficile aussi d'évaluer quelle sera l'influence du bouillant premier ministre terre-neuvien, Danny Williams. Ce dernier fera tout pour décrier cette intrusion du Québec dans les Maritimes. Réussira-t-il à convaincre ses homologues de l'Atlantique que sa province, avec son projet du Bas-Churchill, comblerait mieux leurs besoins qu'Hydro-Québec, et les préserverait des mauvaises surprises de la part du Québec?
S'il se concrétise, le projet d'Hydro apparaît prometteur pour le Québec. La demande d'énergie propre, fiable et renouvelable sera importante lorsque l'économie mondiale recommencera à rouler à plein régime. Il est important que le Québec se positionne dès maintenant pour indiquer à ses voisins qu'il est le mieux placé pour fournir cette précieuse énergie. Qu'importe s'il écrase un peu, pour ce faire, les pieds de Terre-Neuve. Le Québec doit jouer ses cartes pour maximiser ses profits d'exportation.
La nouvelle de la transaction a été saluée par le milieu des affaires québécois et par des groupes écologistes. Les visées expansionnistes d'Hydro peuvent néanmoins susciter des sentiments partagés dans la population québécoise.
Il est bienvenu qu'Hydro verse davantage de dividendes dans les coffres de l'État. On peut craindre cependant que la société n'augmente ses tarifs d'électricité au Québec compte tenu que la demande sera à la hausse. On peut également appréhender que d'autres rivières soient sacrifiées à plus long terme pour répondre aux besoins des Américains.
Que les exportations soient accrues ou non, les Québécois doivent se faire à l'idée qu'ils ne pourront continuer de défrayer aussi peu pour leur électricité. Les bas tarifs n'encouragent pas les économies d'énergie. Ils privent aussi le gouvernement de revenus qui lui seraient nécessaires pour combler des besoins pressants, notamment en santé et en éducation.
La nécessité de rééquilibrer les finances publiques force déjà les Québécois à redéfinir ce qu'ils attendent d'Hydro. Les projets de la société dans les Maritimes et aux États-Unis ajoutent un élément de plus à leur réflexion.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé