Tenir compte de la réelle capacité d’accueil et d’intégration

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Un ex-candidat du PQ défend l'idée d'une baisse des seuils d'immigration


Nous lisons partout que la pénurie de main-d’oeuvre sévit au Québec et pourrait entraîner des conséquences économiques graves si des solutions ne sont pas trouvées rapidement.


Parmi les solutions envisagées à court terme, l’accueil de travailleurs étrangers et le retour ou maintien en emploi des travailleurs expérimentés sont en tête de liste. Face au vieillissement accéléré de la population, l’accueil d’un nombre de plus en plus important de travailleurs étrangers qualifiés est donc perçu comme le remède miracle pour maintenir la croissance économique au Québec. Le lien semble évident et logique, mais qu’en est-il réellement ?


Commençons par dire que les gouvernements successifs qui ont dirigé le Québec au cours des dernières décennies ont augmenté le nombre d’immigrants année après année. Toutefois, il apparaît que, même si le lien semble clair entre le nombre d’immigrants reçus et la résorption de la pénurie de main-d’oeuvre, l’effet de cette augmentation ne semble pas se concrétiser sur le marché du travail.


Il y a sans doute plusieurs explications. Une qui nous semble particulièrement plausible est la suivante : ce n’est pas le nombre d’immigrants économiques reçus qui a un effet sur le marché du travail, mais le nombre d’immigrants dont les compétences sont parfaitement arrimées aux besoins actuels et futurs du marché du travail.


Malheureusement, les constats suivants s’appliquent aux immigrants économiques reçus par le Québec depuis le début des années 2000 :


des profils ne correspondant pas nécessairement aux emplois disponibles malgré une mise à jour des critères de sélection du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion ;


des compétences linguistiques absentes ou difficiles à acquérir ;


des acquis et compétences chez les travailleurs difficilement reconnus dans des délais raisonnables ;


des taux de chômage anormalement élevés dans certains groupes et l’occupation d’emplois pour lesquels les immigrants sont surqualifiés ;


des départs importants du Québec vers d’autres provinces canadiennes.


Nouveau modèle économique


En clair, le passé récent ne montre pas que maintenir ou augmenter les seuils d’immigration autour de 50 000 personnes par année a nécessairement un effet positif sur le marché du travail. Et ce sera le cas aussi longtemps que de 20 % à 30 % des migrants continueront de quitter le Québec chaque année.


De plus, notre modèle économique tend à se transformer grâce aux nouvelles technologies, faisant en sorte qu’il sera possible de produire plus avec le même nombre de travailleurs ou de produire la même chose avec moins de travailleurs.


La rareté de la main-d’oeuvre force aussi les entreprises à trouver des solutions novatrices, comme le partage des ressources humaines en fonction des pics et des creux d’activité. Cette tendance devra aussi s’accélérer dans les prochaines années.


L’économie du Québec va très bien en ce moment, mais la perspective d’un ralentissement ou d’une récession dans un avenir prévisible est un scénario plausible dont il faut tenir compte dans les prévisions touchant l’immigration économique.


L’ensemble de ces éléments permet d’affirmer qu’un nombre plus faible d’immigrants est compatible avec l’objectif de maintenir la croissance économique du Québec à son niveau anticipé, c’est-à-dire autour de 2 % par année.


Lorsque les mesures mises en place par le gouvernement auront les effets escomptés, il sera possible d’augmenter les seuils d’immigration en tenant compte de la capacité réelle d’accueil et d’intégration.









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