par Nathaëlle Morissette
Vertement critiqué pour son mode de financement des films québécois, Téléfilm Canada mettra en place de nouvelles règles s'adressant aux longs métrages de langue française notamment en augmentant les sommes accordées aux projets sélectionnés par un jury et en réduisant le nombre d'enveloppes basées sur la performance.
Les sept nouvelles mesures, qui entreront en vigueur pour l'année 2007-2008, ont été élaborées à la suite de plusieurs mois de consultations entre Téléfilm Canada et un groupe de travail pour le marché de langue française, composé d'artisans de l'industrie cinématographique québécoise tel que le producteur Pierre Even (C.R.A.Z.Y.), Patrick Roy (vice-président d'Alliance Atlantis Vivafilm), Christian Larouche (président de Christal Film) et Pierre Curzi (comédien et président de l'Union des artistes).
Ainsi, le budget des projets sélectionnés par jury sera augmenté de 1 million pour atteindre 12,5 millions, ce qui représente 50 % des fonds disponibles pour le financement. De plus, le nombre d'enveloppes à la performance, accordées en fonction des recettes aux guichets, passeront de 12 à 5. Moins nombreuses, les sommes accordées seront donc plus élevées. Puis, afin de permettre un partage plus équitable des ressources, la somme remise par Téléfilm Canada à un producteur ne pourra dépenser les 3,5 millions. Le calcul des enveloppes octroyées tiendra compte «du ratio d'efficacité des recettes-guichet en fonction du montant investi». Une prime sera également accordée pour la notoriété du projet sur la scène internationale.
Selon Téléfilm Canada, ces nouvelles mesures pourraient permettre de financer plus de films. Rappelons qu'en trois ans, le nombre de films québécois soutenus par Téléfilm est passé de 20 à 11. Une situation décriée par plusieurs producteurs de cinéma qui demandent à Ottawa d'investir 20 millions pour dénouer la crise.
«On va pouvoir en financer plus (des films), a déclaré hier lors d'un point de presse directeur des opérations en français et du bureau du Québec pour Téléfilm Canada, Michel Pradier. (Pour l'année qui vient) on va avoir plus d'argent donc potentiellement plus de films.»
M. Pradier a tenu à rappeler que les modifications apportées ont fait l'objet d'un large consensus au sein du groupe de travail pour le marché de la langue française.
Encore beaucoup de travail
Membre de ce comité de consultation, le président de l'Union des artistes, Pierre Curzi s'est dit satisfait des mesures apportées, mais rappelle qu'il reste encore beaucoup de travail à faire pour pallier la crise de financement. «Ce sont de bonnes mesures, a-t-il commenté en citant en exemple l'augmentation de l'aide sélective à 12,5 millions. Mais c'est clair que les discussions ne sont pas finies. Il va falloir une meilleure répartition de l'argent et un financement accru de la part d'Ottawa.»
«Il faut qu'on réorganise le financement interne pour qu'il y ait un meilleur partage des profits, poursuit-il. Ceux qui ont la part la moins intéressante ce sont ceux qui produisent : les artistes, les créateurs et les producteurs. Présentement, il y a une disproportion avec le revenu des distributeurs.»
Il dénonce également le fait que les deux tiers des fonds de Téléfilm soient accordés au cinéma anglophone. «C'est au Québec que les besoins sont importants et qu'il y a la compétence et un marché.»
Patrick Roy, d'Alliance Atlantis Vivafilm, qui fait également partie du groupe de travail, croit que le problème de financement du cinéma québécois reste entier. Il considère néanmoins que les nouvelles règles représentent une amélioration par rapport à celles qui avaient cours dans le passé. Au cours des prochains mois, le comité poursuivra son travail pour tenter de trouver des solutions à long terme afin de régler la crise. Téléfilm se penche également sur des mesures plus adaptées au marché canadien anglais.
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