Citation: «À propos des crucifix qui ne devraient déranger personne sur les murs des écoles
Je défends la présence de ces crucifix en n'en faisant pas une affaire de principe, de religion, de droits, mais comment dire? De sensibilité. D'urbanité. Bien sûr qu'ils sont incongrus dans un espace civique, mais on ne parle pas d'en mettre, ils sont là, il y a de la provocation à vouloir les décrocher, il y a un peu là-dedans du taliban qui fait sauter les bouddhas de Bamiyan. Peut-il y avoir dans ce débat, en plus de la voix du bon droit, celle du citoyen ordinaire qui ne fait pas chier son voisin quand ce n'est pas absolument nécessaire?»
Non, cette citation ne vient pas d'un évangéliste ou d'un auditeur de talk-show bas-de-gamme ou même de Raoul des Têtes à claques. Elle a été publiée dans La Presse du 2 octobre 2007 sous la plume de Pierre Foglia.
Recette gagnante
En plus de faire «sauter» régulièrement la langue française et d'ériger le populisme en statue incrustée de détritus langagier, pour faire appel à cette «sensibilité» (entendez instinct) génétiquement transmise chez l'homme depuis les premiers pas de l'Homo erectus, Pierre Foglia de La Presse de Montréal trouve toujours le moyen de modifier un peu sa recette à chaque semaine pour alimenter le flot de bidous qui coulent abondamment vers son compte en banque et vers celui de son employeur.
Soldats à la défense de leurs croyances
Ici, l'apôtre de la soumission à sa «sensibilité» et à son «urbanité» prêche pour le statu quo et le maintien d'un symbole «qui ne devraient déranger personne» dans des lieux financés par nos impôts. Quant aux talibans et aux bouddhas de Bamiyan, l'on avait affaire à des fanatiques religieux, les talibans, qui s'en prenaient aux symboles d'une autre religion parce qu'ils représentaient l'Homme avec des images, ce qu'interdit l'Islam radical.
Pour ce qui est des crucifix dans les écoles, il s'agit plutôt de retirer ce symbole religieux pour éviter, entre autres, de nourrir les guerres religieuses (au sens propre et figuré) qui germent initialement dans les jeunes cerveaux moulés à partir d'une provocation grotesque qui s'apparente à un viol des esprits. C'est avec cet artifice (le crucifix) que l'on ouvre la porte à la promotion de croyances qui prennent origine dans la préhistoire et qui ont été adaptées au goût du jour et des hommes de pouvoir il y a environ 2 000 ans et ensuite cultivées... jusqu'à ce jour.
Implanter chez les jeunes québécois des idées qui font bon ménage avec l'astrologie, l'alchimie et le créationnisme pseudo-scientifique affaiblit leurs capacités d'autonomie intellectuelles et spirituelles. Leurs esprits auront été sciemment et subrepticement entraînés à accepter les directives des représentants de l'autorité, élus ou non, sans se poser trop de questions, et à vouloir se faire protéger par plus grand et plus puissant qu'eux ainsi qu'à s'en remettre aux détenteurs de pouvoirs (religieux, politique, économique) pour les protéger et les rassurer ou... pour les punir en cas de rejet des valeurs imposées (rappelez-vous de Stéphane Dion qui menaçait de faire souffrir les québécois).
Le courage des remises en question
Vraiment pas le genre de mentalité avec lequel nous pouvons discuter sereinement d'indépendance puisqu'ils seront toujours tiraillés entre la figure paternelle rassurante et protectrice d'Ottawa et l'idée de se débrouiller seuls entre nous. Les moins jeunes d'aujourd'hui, ceux en âge de voter, sont tous passés dans cette machine à ramollir les volontés. Ce qui pourrait peut-être expliquer les valses-hésitations et les insécurités qui nous sont données en spectacle depuis bientôt deux générations d'interminables harangues indépendantistes et qui font maintenant partie de l'identité québécoise. La prise de conscience que les séquelles léguées par les croyances religieuses catholiques au Québec, symbolisées par le crucifix, pourraient faire la différence entre un 49 % et plus de 51 % serait peut-être messianique. Il s'agirait alors d'exorciser la peur et de se résoudre à s'engager dans le droit chemin de la raison, de la responsabilisation de soi et du monde moderne. Pas facile à digérer mais regardez bien dans le mirroir et vous verrez que le temps, beaucoup de temps est passé. Combien d'années sommes-nous encore prêts à consacrer à la conception du Québec ? Notre pays.
Souveraineté humaine
Dans une société démocratique et moderne il est plus que temps de retirer des lieux publics, et en particulier des écoles publiques, des symboles qui valorisent une forme de pensée qui affaiblit la forme de pensée qui est à la base de notre système démocratique. L'utilisation de la raison seule, la discussion et les débats rationnels entre hommes libres de contraintes imaginaires sont les pré-requis de prises de décisions consensuelles et pacifiques. Ce sont là des idéaux vers lesquels l'on doit tendre pour faire progresser le genre humain. La forme de pensée qui permet l'introduction de croyances irrationnelles dans des débats entre hommes (femmes incluses évidemment) ne peut que faire dérailler le mouvement de cette partie de l'humanité qui se pointe vers une destination plus saine, plus juste et plus équitable.
Formation ou formatage
Maintenant, mettez-vous un instant à la place de ces enfants de 7, 8, 9 ou 10 ans sur les bancs d'écoles qui font face à un crucifix montrant un homme presque nu et ensanglanté avec des clous de menuisier en travers des pieds et des mains et coiffé d'un genre de barbelé. Pas mal traumatisant pour des jeunes de cet âge, ne croyez-vous pas? Que faut-il leur donner comme explication? Vous savez que ces jeunes posent des questions, n'est-ce pas? Faut-il leur dire que c'est l'image du héros de la religion de nos parents et de nos ancêtres? Du messie qui est venu nous sauver ? Que cela fait partie de notre histoire et de notre identité? Ne croyez-vous pas que d'autres questions suivront? Que plusieurs autres questions suivront?
Respecter les croyances
Donner autant de respect aux croyances, aux divinités et au surnaturel (ne pas confondre avec spiritualité) qu'on en donne à la raison, aux faits, à la science et à l'esprit libre et critique ne peut que provoquer, à terme, des troubles de comportements chez les enfants. D'une part ils seront tentés par la soumission facile et instinctive à une puissance plus grande qu'eux qui décide de leurs comportements et de leurs valeurs et qui, en contrepartie, les récompenserait en les protégeant de leur vivant et en leur promettant le bonheur éternel après la mort. D'autre part on les incite à travailler dur, dans un système d'éducation moderne, pour développer leurs capacités intellectuelles, pour réfléchir, pour développer l'esprit critique, pour se prendre en main, se responsabiliser et pour n'utiliser que la raison et les faits pour s'expliquer et expliquer leurs idées.
«Y a de la provocation à vouloir les décrocher»
Ah bon ? Comment ne peut-on pas voir que la provocation c'est d'accrocher ou de garder en place un crucifix et que le décrocher, s'il était déjà en place, c'est retirer l'objet qui provoque les questions d'enfants en bas âge et qui, mine de rien, permet à nos zélés catholiques d'endoctriner ceux-ci (endoctriner comme dans doctrine religieuse) tout en prétextant qu'ils ne font que répondre à leurs questions ? Ratoureux ? Ben voyons donc!
Intox
L'on comprendra maintenant que Foglia est le provocateur qui dénonce la provocation tout en la favorisant. Est-ce que ce sont les enseignements de la charité chrétienne qui me font dire que c'est probablement sans qu'il s'en rende compte, ou est-ce mon analyse rationnelle des circonstances qui me conduit à cette hypothèse ? Peut-être un mélange des deux, selon vous ? Son raisonnement et ma dernière question sont pur produit de ce mélange toxique pour l'esprit qui brasse croyances populaires et vie moderne. L'urbanité à laquelle fait allusion M. Foglia est un terme auquel il donne une odeur de ville européenne peuplée par le lumpenprolétariat des débuts de la révolution industrielle.
Espoir
Sa tentative de rapprochement des talibans avec les partisans d'une école laïque, par la bande, et du retrait des symboles religieux provocateurs fait «sauter» les circuits synaptiques qui alimentent la sensibilité aux plaidoyers raisonnés. Malgré tout, nous ne pouvons que souhaiter que M. Foglia se mette à la recherche d'une porte qui ouvre sur l'urbanité de notre siècle sans se laisser distraire par le jeu de la loterie pascalienne. Ses chances seront probablement meilleures.
Jacques A Nadeau
motdits.info
Les crucifix à l'école sont-ils une simple décoration ?
Talibâneries fogliennes
Foglia est le provocateur qui dénonce la provocation tout en la favorisant
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
4 octobre 2007J'approuve ce que vous dîtes M.Nadeau.
Je crois sincèrement qu'il est temps de ce brancher sur les réalités de ce monde, d’abolir les religions et de les remplacer par une fraternité universelle. Il y a tellement de problèmes réels, concrets et urgents à solutionner qu’aucun Dieu, aussi fin, gentil et puissant que notre imaginaire humain peut en créer -comme il l'a toujours fait à travers le temps - ne pourra les résoudre. Autant demander à Zeus de régler les problèmes de gaz à effet de serre. Ou pourquoi pas au Père Noël ? Lui aussi relève de notre imaginaire.
Serge Gingras Répondre
4 octobre 2007M. Nadeau a tout à fait raison. Comment combattre les symboles religieux des autres religions, sur la place publique, si les nôtre sont acceptables? " Nous, c'est pas pareil. " Un vrai raisonnement d'enfant.
Que l'on veuille garder la croix sur le Mont-Royal ne me défrise pas. Les égyptiens ont bien des pyramides. Mais que l'on s'efforce de justifier la présence d'un crucifix à l'Assemblée nationale me déconcerte souverainement. La logique n'est pas là.
Ou une société est laïque, et c'est ce que l'on soutient, ou elle ne l'est pas. Mais elle ne peut pas être les deux à la fois : mi-chaire mi-poisson. La place publique doit être libre de symboles religieux. Il n'y a pas d'arguments logiques en faveur des symboles religieux sur la place publique si on présente notre société comme étant laïque. Il faut se brancher.
La religion dans les coeurs, les domiciles, aux divers lieux de cultes, mais pas sur la place publique ou aux lieux de travail ou d'étude. Chaque chose à sa place et une place pour chaque chose.
Pax vobiscum!