Souveraineté: qui doit déposer les armes?

2f8bcb4af768ae6a04bfcbafddb3075b

"À mes amis souverainistes" - Alain Dubuc


Dans des extraits de son nouveau livre, [À mes amis souverainistes, Alain Dubuc propose à ceux-ci de déposer les armes->13393], devant ce qu'il qualifie de perspectives quasi nulles d'une victoire de la souveraineté. Il demande ainsi aux souverainistes de faire les frais de l'impasse.

Si nous avons perdu les référendums de 1980 et 1995, les fédéralistes ont perdu celui de 1992 et ils doivent convenir avec nous qu'il demeure inacceptable que la nation québécoise, reconnue par Ottawa, se voit imposer une Constitution qui va à l'encontre de ses intérêts. La véritable impasse, c'est l'échec du projet fédéraliste québécois consistant à réformer le Canada.
Pour ma part, comme chef d'un parti résolument souverainiste, j'ai toujours mis les intérêts supérieurs du Québec en haut de mes priorités. Le Bloc québécois n'a jamais hésité à s'allier à tous les partis à l'Assemblée nationale et à la Chambre des communes, souverainistes ou non, pour mener des batailles cruciales pour le Québec.
Lorsqu'est venu le temps de rapatrier la formation de la main-d'oeuvre et d'obtenir les moyens de créer le programme québécois de congés parentaux, les souverainistes et les fédéralistes québécois ont gagné la bataille ensemble. Il y a bien d'autres combats que le Québec peut et doit gagner et qu'on peut et doit mener ensemble.
Mentionnons le déséquilibre fiscal, l'élimination du «pouvoir fédéral de dépenser», la place du Québec dans le monde, les projets de loi du Bloc québécois sur la langue, les télécommunications et l'identité pour faire reconnaître concrètement la nation québécoise.
Unité canadienne
À Ottawa, il n'y a pas une journée qui passe sans que soit invoquée l'unité canadienne. Le Québec a besoin, lui aussi, d'unité, de cohésion et d'énergie pour gagner ses batailles. Le problème, ce n'est pas que les souverainistes souhaitent faire du Québec un pays. La solution ne consiste pas à déposer les armes, ni pour les souverainistes, ni pour les fédéralistes québécois. L'objectif, c'est de faire avancer le Québec.
Comment se fait-il que les fédéralistes du Québec, ceux du PLQ et de l'ADQ, ne parlent plus d'un déséquilibre fiscal qui est pourtant loin d'être réglé? Comment se fait-il que les partis fédéralistes de l'Assemblée nationale ne se battent plus pour dénoncer le «pouvoir fédéral de dépenser», une bataille que mène pourtant le Québec depuis des décennies? Comment peut-on accepter comme une victoire historique le strapontin du Québec à l'UNESCO? Comment se fait-il que les partis fédéralistes, s'ils sont sincères et raisonnables, n'appuient pas avec force les démarches du Bloc québécois à Ottawa pour faire respecter la loi 101 ou soustraire le Québec du multiculturalisme canadien?
Est-ce que les fédéralistes du Québec ont déposé les armes et renoncé à faire progresser le Québec au sein du Canada? Ont-ils abandonné parce que les perspectives de réformer le fédéralisme canadien dans le sens des intérêts du Québec sont quasi nulles? Si c'est le cas, certains pourraient dire qu'il est temps pour les fédéralistes québécois de sortir du déni, de faire leur deuil et d'admettre franchement que le fédéralisme canadien ne répondra jamais aux aspirations du Québec et que la seule voie d'avenir, c'est la souveraineté.
Mais on ne leur en demande pas tant, pas plus qu'on ne peut exiger des souverainistes qu'ils déposent les armes. Chacune des options est parfaitement légitime. Cela ne doit cependant pas nous empêcher de mener des combats en commun au nom des intérêts du Québec.
Bien sûr que le Québec doit amorcer une nouvelle Révolution tranquille. Par exemple, en réduisant radicalement notre dépendance au pétrole, en simplifiant notre fiscalité par la création d'une déclaration de revenus unique, en soustrayant le Québec à la loi canadienne sur le multiculturalisme, en appliquant la loi 101 dans les entreprises fédérales installées au Québec, en éliminant le déséquilibre fiscal et le pouvoir fédéral de dépenser, et en donnant au Québec sa vraie place dans le monde.
Le Bloc québécois est prêt à s'allier à tous ceux, fédéralistes, autonomistes et souverainistes, prêts à mener ces batailles au nom des intérêts du Québec. Les fédéralistes québécois sont-ils prêts à relever la tête et à relever ces défis ou ont-ils déjà déposé les armes? À eux de répondre, ils ont le fardeau de la preuve.
Quant à nous, du Bloc québécois, nous allons continuer à faire la promotion de la souveraineté, tout en faisant avancer les intérêts du Québec à Ottawa.
Gilles Duceppe

L'auteur est chef du Bloc québécois.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé