Si les immigrants savent qu'ils s'en viennent au Québec...

En matière d'immigration, tous les pouvoirs doivent revenir au Québec pour mettre fin au multiculturalisme canadien.

Le "Nous" - l'expérience québécoise

Texte publié en partie dans Cyberpresse, dimanche 30 septembre 2007, sous le titre "Pour un contrôle total"
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Dans le débat au sujet de l'immigration, qui suscite beaucoup d'intérêt depuis quelques mois, nous désirons faire la mise au point suivante sur la position du Parti québécois. Notre volonté de rapatrier tous les pouvoirs en matière d'immigration ne surprendra personne. Assumer tous les pouvoirs fait partie de notre engagement politique. L'avenir de notre peuple passe, entre autres, par une politique d'immigration que nous devons contrôler totalement.
Dans ce dossier, la symbolique et l'intangible sont d'une grande importance. Par conséquent, nous sommes d'avis que plus le message est clair, plus l'intégration des immigrants s'en retrouve facilitée. En effet, si les immigrants savent qu'ils s'en viennent au Québec, société française, dont l'espace public est laïc et qui promeut l'égalité entre tous ces citoyens et citoyennes, moins le choc culturel sera grand, et ce, tant pour les immigrants que pour la société d'accueil.
Les messages, les symboles et les dédoublements administratifs proposés aux nouveaux arrivants doivent changer radicalement dans le but de recentrer les messages et de cesser la confusion engendrée par la multiplicité des citoyennetés. Nous ne pouvons plus nous permettre de les accueillir dans le contexte du multiculturalisme et du bilinguisme canadien, mais bien dans une société respectueuse et ouverte pour ses minorités, certes, mais également désireuse de survivre et de s'épanouir comme peuple francophone d'Amérique.
Nous avons confiance dans la force d'intégration de notre culture, enrichit justement des différents apports de populations immigrantes. Nous demeurerons toujours fragiles et inquiets, entourés que nous sommes d'une population anglophone de plus de 330 millions d'individus. Comme si cela n'était pas suffisant, notre proximité avec la gigantesque machine à uniformiser les cultures que sont les États-Unis accentue encore plus cette fragilité.
L'espace public est laïc
Un autre message tout aussi important est celui que l'espace public est laïc. Si nous nous sommes écartés durant la Révolution tranquille du pouvoir religieux dans l'espace public et politique, ce ne serait certainement pas pour y replonger. C'est là où le bât blesse pour nous au Québec : le multiculturalisme canadien n'intègre pas les populations immigrantes, il exacerbe les différences, dont les différences religieuses. Les diverses politiques fédérales, les chartes des droits et les différentes cours de justice en font souvent la preuve.
Il est aussi primordial que les nouveaux arrivants comprennent clairement que l'égalité entre les femmes et les hommes est plus qu'un discours. C'est une réalité quotidienne sur laquelle il ne saurait y avoir aucune concession. Les femmes ont gagné de haute lutte leur place dans la société et il serait impensable de reculer.
La reconnaissance de la nation doit vouloir dire quelque chose
Maintenant que le Parlement du Canada nous a reconnus comme nation à part entière, cette reconnaissance doit bien vouloir dire quelque chose. La responsabilité de l'immigration et de la citoyenneté est un pouvoir symbolique et réel pour une nation. Ce ne sont pas que des synonymes de démographie et de besoin en main-d'oeuvre, bien que ces facteurs soient importants. Il serait temps d'assumer cette responsabilité jusqu'au bout, d'envoyer des messages clairs et de se sortir enfin du multiculturalisme canadien.
Si nous exigeons tous les pouvoirs en immigration, c'est également pour les ressources financières, humaines et législatives. Avoir les ressources pour établir les choix stratégiques en ce domaine, c'est une chose, mais avoir ces ressources pour faciliter l'intégration des immigrants à la société d'accueil en est une autre.
En terminant, notre proposition n'a aucunement comme fondement de remettre en cause une politique d'accueil de réfugiés. Il va de soi que nous sommes tout à fait en accord avec les différentes ententes et conventions internationales qui nous permettent d'accueillir des citoyens qui, dans leurs pays, risquent leur vie ou des sévices pour des raisons politiques ou religieuses. Comme société relativement riche et développée, nous avons un devoir de supporter ceux et celles qui sont dans une situation difficile.
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Martin Lemay
Député de Sainte-Marie-Saint-Jacques*(PQ)
*Porte-parole du Parti québécois en matière d'immigration, de communautés culturelles et de citoyenneté


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