La pensée magique du PQ

La cassette magique du PLQ

Dans [sa lettre ouverte de dimanche dernier->9288], Martin Lemay, le porte-parole du Parti québécois en matière d'immigration, exprimait la volonté de son parti de «rapatrier tous les pouvoirs (d'Ottawa) en matière d'immigration», puisque assumer tous les pouvoirs fait partie de l'engagement politique de son parti.
Je constate d'abord que la confusion sur l'objectif ultime n'est toujours pas dissipée et que le dogmatisme n'est pas mort au PQ. Alors que Pauline Marois refuse désormais de parler de souveraineté (sic), son député, lui, réaffirme que c'est son objectif. Qui plus est, il le fait avec un dogmatisme aveuglant: rapatrier pour rapatrier! La pensée magique du Parti québécois est de retour, la souveraineté du Québec est la solution à tous les problèmes! Pourtant le député Lemay sait très bien que même si Québec agissait ainsi, cela ne donnerait pas de nouveaux pouvoirs réels au Québec (sic).
En matière d'immigration et d'intégration, Québec dispose déjà de tous les pouvoirs dont il a besoin pour assurer son avenir démographique, la pérennité du français et l'intégration de ses immigrants.
En 1991, le gouvernement libéral a rapatrié tous les pouvoirs reliés à l'immigration sélectionnée et l'intégration des nouveaux arrivants. (Accord Gagnon-Tremblay/McDougall). Par cette entente, Québec obtenait l'entier contrôle de la sélection de ses immigrants indépendants. Pour des raisons évidentes, seules les enquêtes de sécurité et de santé demeurent de compétence fédérale.
Le reste de notre immigration est composé de réfugiés sélectionnés dans des camps ou acceptés pour des raisons humanitaires et de gens venus dans le cadre du programme de réunification de famille. Pour ces catégories, ni Ottawa ni Québec n'exercent de «véritable» sélection. Elles sont assujetties aux conventions internationales signées par le Canada.
Mieux encore, par cet accord, le Québec se voit même garantir par Ottawa le droit de recevoir un pourcentage d'immigrants égal à son poids démographique au Canada. Il peut même le dépasser de 5% si tel est le désir du Québec.
La culture québécoise est forte
Il en est de même pour l'intégration des immigrants, Québec a tous les pouvoirs dont il a besoin. La même entente prévoit que tous les services d'accueil, d'aide à l'établissement, de francisation et d'insertion en emploi offert aux immigrants sont assumés et offert par le gouvernement du Québec. À ce titre, ce dernier reçoit d'Ottawa une juste compensation financière et ce, sans condition.
Donc, contrairement à ce qu'affirme le Parti québécois, les nouveaux arrivants ne reçoivent pas de messages diffus sur leur appartenance à la société québécoise. Ainsi, avant même son arrivée, au moment du dépôt de sa demande, l'immigrant est informé qu'il s'apprête à joindre les rangs de la nation québécoise, et à adhérer à ses valeurs fondamentales, notamment l'usage du français dans la vie commune et l'égalité des hommes et des femmes. C'est le gouvernement du Québec qui l'accueille à l'aéroport, qui lui offre ses cours de français, ses premiers services, son accès aux soins de santé. Le message ne saurait être plus clair, à moins, bien sûr, que l'on s'enferme dans la pensée magique du Parti québécois.
Monsieur Lemay dit trouver notre culture fragile et s'en inquiéter. Ce n'est pas mon avis. Notre culture, elle est forte, rayonnante et novatrice. Il faut la chérir, la préserver et l'enrichir.
Loin d'être un obstacle à la venue où à l'intégration des immigrants, l'appartenance du Québec au Canada est une valeur ajoutée. Il suffit de se promener à l'étranger, de questionner un peu les motivations des immigrants et leur choix du Québec pour réaliser que, loin d'envoyer un message contradictoire, notre appartenance à l'État canadien est un facteur positif à leur venue et leur intégration.
***
Yolande James

L'auteure est ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles. Elle répond ici à la [lettre du député péquiste Martin Lemay->9288], publiée dans cette page, dimanche dernier.


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2 commentaires

  • Bernard Thompson Répondre

    8 octobre 2007

    Madame James,
    J’admire votre propre pensée magique. Vous semblez avoir oublié que ce document ‘Bâtir le Québec’. auquel vous faites référence, constituait en 1991 un énoncé de politique en matière d’immigration qui a été lui-même remis en contexte par son initiateur, Robert Bourassa. En effet, il dit très clairement que « Dans le cadre constitutionnel actuel, nous ne possédons pas tous les pouvoirs nécessaires pour atteindre seuls les objectifs du présent énoncé. C’est la raison pour laquelle nous cherchons à élargir nos compétences afin d’accroître, non seulement notre capacité d’action, mais également l’efficacité de nos interventions ».
    À quoi faisait-il allusion si ce n’est que le Québec ne contrôlait que 60% de son immigration et que l’autre portion était contrôlée par Ottawa et l’est d’ailleurs toujours. Donc, 40% de ces nouveaux arrivants sont en fait des réfugiés politiques que le Québec se doit d’admettre sur son territoire sans un seul mot à dire. Et vous prétendez contrôler l’immigration? Que se passe-t-il actuellement avec tous ces mexicains qui passent la frontière du Québec sans aucun visa en poche sous prétexte que les U.S.A. n’en veulent plus? Vous contrôlez çà vous? Et vous croyez qu’ils ne génèrent aucun coût excessif?
    Parlant coûts, quelles sommes totales avez-vous consacrées à l’intégration de ces gens? Ils n’ont aucune idée de ce qui les attendent ici si ce n’est qu’ils auront de quoi chômer pour les prochains mois tout en ayant l’assistance juridique nécessaire pour défendre leur statut de réfugié, l’assurance maladie pour assurer leur santé etc. Quelle politique généreuse d’immigration! Quel ghetto intègreront-ils? Quelle langue parleront-ils? Quel travail au noir obtiendront-ils? Et vous dites que tout le monde il est gentil et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes? Ce qu’on entend comme discours de la part de ceux et celles qui accueillent ces nouveaux arrivants est tout à fait opposé à votre monologue teinté de rose.
    Lorsque vous parlez de l’appartenance au Canada comme facteur positif face aux nouveaux arrivants, là je m’interroge sérieusement sur votre bonne foi. Comment expliquer que l’un des plus grands bureaux privés d’immigration à Montréal indique aux nouveaux arrivants qu’il est possible qu’ils soient refusés au Canada mais acceptés au Québec et vice versa? C’est positif ce facteur?
    Vos politiques, en fait, ne font qu’affaiblir la participation citoyenne de ces nouveaux arrivants qui n’ont aucune obligation véritablement définie à leur arrivée en territoire québécois. C’est ici la triste réalité, que vous le vouliez ou non. Ce ne sont sûrement pas les critères d’évaluation canadiens actuels qui serviront votre cause.
    Au lieu de vous promener à l’étranger pour questionner les motivations des nouveaux arrivants, allez plutôt rendre visite à ceux et celles qui les accueillent ici au Québec. Vous orienterez peut-être votre discours.
    Bernard Thompson

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 octobre 2007

    S'il y a la pensée magique au PQ, il y a bien la cassette libérale chez Mme James: "...pour l'intégration des immigrants, Québec reçoit d'Ottawa une juste compensation..."
    Et les millions manquant pour les efforts de francisation, la ministre est incapable de dire où ils ont été détournés!
    Et Dieu sait que la francisation, c'est capital pour une intégration harmonieuse. Les cours manquent douloureusement|