Sarkozy préfère Bush à la Francophonie

Le président écourte encore une fois son séjour à Québec

XIIe Sommet de la Francophonie - Québec du 17 au 19 octobre 2008

Paris-Québec -- Le président français, Nicolas Sarkozy, qui devait déjà passer en coup de vent au Sommet de la Francophonie les 17 et 18 octobre à Québec, vient d'écourter de nouveau son voyage. Arrivé à Québec vendredi en matinée, il en redécollera dès le lendemain pour se rendre aux États-Unis.
Le président français sera reçu samedi par son homologue américain, George W. Bush, à Camp David, la maison de campagne du président dans le Maryland, afin de parler de la crise qui secoue les institutions financières du monde. Bien que l'heure de la rencontre n'ait pas été confirmée, on supposait hier à l'Élysée qu'elle se déroulerait dans l'après-midi, si bien que Nicolas Sarkozy devrait donc quitter Québec en fin de matinée.
On savait déjà, comme Le Devoir l'avait révélé il y a quelques semaines, que le président français allait rater la journée du 19 octobre, dimanche, où les 55 chefs d'État et de gouvernement discuteront pour la première fois de l'avenir de la langue française. L'Élysée a confirmé hier que le président serait aussi absent une bonne partie sinon toute la journée de samedi où l'on doit discuter, dans quatre tables rondes distinctes et à huis clos, d'environnement, de la crise alimentaire et de la situation économique. Personne n'était en mesure de préciser hier si la conférence de presse prévue avant son départ samedi serait maintenue.
L'Élysée a cependant soutenu que ce nouvel imprévu ne modifiait en rien les activités inscrites à l'agenda du président le vendredi, qui s'annonce comme un véritable marathon pour le chef d'État français, mais où la francophonie joue un rôle marginal. Dès après son arrivée à Québec en matinée, Nicolas Sarkozy doit en effet prendre part, vers 11h, au sommet Canada-Union européenne, auparavant prévu à Montréal par l'entourage de Stephen Harper. Ce sommet, qui doit lancer des négociations de libre-échange entre l'Europe et le Canada, se déroulera à la Citadelle de Québec, où le président sera accueilli par la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean. Réélu ou non, c'est Stephen Harper qui le recevra et représentera le Canada à ce sommet. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, y sera aussi, a appris Le Devoir.
En après-midi, vers 15h, Nicolas Sarkozy doit prononcer un discours au Parlement de Québec. C'est le premier, sinon un des premiers, chef d'État à s'adresser directement aux parlementaires québécois au Salon bleu. Plusieurs chefs de gouvernement y ont pris la parole, dont Raymond Barre en 1979, Pierre Maurois en 1982, le premier ministre grec Andréas Papandreou en 1983, et Laurent Fabius en 1984. En 1955, le colonel Paul Magloire, président de la république d'Haïti, s'était aussi adressé aux parlementaires, (selon un reportage de Roland Lelièvre archivé sur le site de Radio-Canada).
Nicolas Sarkozy doit signer au Salon rouge un protocole d'entente sur la mobilité de la main-d'oeuvre entre la France et le Québec. Selon nos informations, Paris et Québec ne s'entendaient pas encore, hier, sur l'ordre des deux événements. Québec préférait le discours d'abord et la signature ensuite et Paris, l'inverse.
Par la suite, le président français doit être présent à l'ouverture du sommet de la Francophonie prévue à 17h45 (selon l'horaire prévu sur le site de l'OIF hier). M. Sarkozy, qui est actuellement président de l'UE, s'envolera de Québec pour Washington avec José Manuel Barroso, qui participe aussi au sommet Canada-Union européenne. À Washington, les deux hommes devraient s'entretenir avec le président Bush de «nombre de questions, mais l'économie mondiale sera évidemment la question centrale», a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe. Selon l'Élysée, il sera évidemment question de la réunion d'un G8 élargi, une proposition formulée il y a deux semaines par le président français qui souhaite une «remise à plat du capitalisme financier».
La nouvelle de l'absence de M. Sarkozy a été accueillie par un «pas de commentaire» par l'Organisation internationale de la Francophonie. Au bureau de Jean Charest, on s'est borné à rappeler que «le président français est aussi président de l'UE. On est très conscient qu'il a un programme chargé avant le Sommet et après le sommet». Des sources proches du premier ministre confiaient être heureuses d'avoir «sauvé l'essentiel», soit le discours le sommet Canada-UE et le discours au Parlement.
Quant au Sommet de la Francophonie, on se demandait hier qui allait y remplacer le président français le samedi après-midi et le dimanche. Une rumeur a circulé il y a dix jours voulant que le premier ministre François Fillon soit dépêché à Québec samedi. Mais, plus récemment, le nom du ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, Jean-Louis Borloo, était plus souvent évoqué.


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