Santé : le privé pèse très lourd au Canada

«Davos de la santé» Saint-Sauveur 2007

Pascale Breton - L’OCDE (Organisation de coopération et développement économique), qui regroupe une trentaine de pays, a dévoilé hier son rapport biennal sur les soins de santé.
Panorama de la santé 2007 permet de comparer l’état de santé des populations, les ressources en santé, les dépenses ainsi que la qualité des soins.
Une évidence se dégage : tous les pays sont confrontés à une augmentation de leurs dépenses en santé. La croissance accrue des dépenses liées aux médicaments n’y est pas étrangère.
Mais contrairement à ce que plusieurs pourraient penser, « on n’assiste pas à une privatisation du financement de la santé », analyse Gaétan Lafortune, coordinateur de la publication et économiste de la santé.
Au contraire, certains pays ont même accru la part publique au cours des dernières années. Au bout du compte, le Canada figure toutefois parmi les pays où la part du privé demeure importante.
La contribution publique atteint 70 % au Canada, alors qu’elle est de 73 % pour la moyenne des pays de l’OCDE.
Ce taux chute davantage si on regarde du côté des États-Unis. La part publique des dépenses en santé atteint seulement 45 %.
« Le Canada a souvent tendance à se comparer aux États-Unis, ce qui donne l’impression qu’une grosse part des dépenses de la santé est financée par le secteur public. C’est vrai dans la mesure où 70 % est une part importante, mais ce n’est pas plus important que dans d’autres pays de l’OCDE, comme la France, où cette part atteint 80 % », souligne M. Lafortune.
« Quand on se compare aux autres, le moins qu’on puisse dire, c’est que le privé au Canada est déjà très présent. On ne peut pas dire qu’on a un système outrageusement public », commente André-Pierre Contandriopoulos, professeur en administration de la santé à l’Université de Montréal.
La consommation de médicaments peut expliquer en partie ces différences. Le Canada est le deuxième pays de l’OCDE, tout juste derrière les États-Unis, où les dépenses pharmaceutiques par habitant sont les plus élevées.
Or, seulement 39 % des dépenses en médicaments sont assumées par des sources publiques au Canada. Dans la majorité des cas, les frais sont absorbés par les assurances privées ou par le contribuable qui paie de sa poche pour se procurer un médicament à la pharmacie.
« Au Québec, les dépenses en santé sont relativement stables. Les dépenses privées se situent toujours dans les mêmes secteurs, c’est-à-dire des services qui sont non assurés, les médicaments, les soins dentaires et certains soins psychosociaux », explique pour sa part Isabelle Merizzi, attachée de presse du ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard.
Des soins de qualité variable
Pour la première fois, le rapport de l’OCDE se penche également sur la qualité des soins donnés dans chacun des pays. Les auteurs ont comparé les taux de survie à certains cancers, les maladies chroniques comme l’asthme et le diabète et les hospitalisations à la suite d’une crise cardiaque ou d’un accident vasculaire cérébral (AVC).
Deux constats se dégagent. Il reste beaucoup de travail à faire pour prévenir et mieux gérer les maladies chroniques. Et aucun pays n’est le meilleur pour tous les types de soins, déclare Gaétan Lafortune, coordonnateur de la publication.
Au Canada, les femmes atteintes d’un cancer du sein ou de l’utérus ont ainsi de meilleures chances de survie, comparativement à la moyenne des pays.
Les programmes de dépistage comme la mammographie et le Pap test (cytologie) sont efficaces, souligne M. Lafortune. « Le taux de survie à cinq ans est plus élevé dans les pays où les taux de dépistage sont élevés, comme au Canada. »
Avec la collaboration de Charles Côté
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