S'attaquer au décrochage... des professeurs

École - "le gâchis scolaire"


L'auteur soutient que près d'une enseignante ou enseignant sur trois présente un taux de détresse psychologique alarmant.
Dans un article paru dans La Presse, nous apprenions que «500 futurs nouveaux profs manquaient à l'appel» dans les facultés d'éducation du Québec.
Pour véritablement dresser un portrait de la situation, il faut ajouter que:
- de nombreuses étudiantes et étudiants en éducation échouent les tests de français obligatoires;
- le ministère a octroyé l'an dernier, plus de 2300 tolérances d'engagement pour lui permettre de combler les postes vacants dans le réseau de l'éducation;
- 30% des nouveaux profs quittent la profession avant d'avoir terminé leur cinquième année d'enseignement;
- près d'une enseignante ou enseignant sur trois présente un taux de détresse psychologique alarmant.
Les raisons qui expliquent la pénurie de personnel enseignant sont nombreuses mais certaines méritent qu'on s'y attarde précisément:
- depuis 30 ans, les programmes de français sont inadéquats avec comme conséquence, que des jeunes motivés par l'enseignement échouent leurs tests de français et sont exclus des facultés;
- la profession enseignante est sous-valorisée. Ce n'est pas pour rien que les jeunes ne se bousculent pas au portillon pour entrer dans les facultés d'éducation;
- les conditions d'enseignement sont difficiles: classes bondées, intégration massive d'enfants, pression et surcharge de travail pour la réalisation d'activités étudiantes, etc.;
- le ministère préfère parler d'«évaluation des profs» que d'un soutien réel et significatif aux enseignantes et enseignants;
- pour de nombreuses professions nécessitant quatre années de formation, les conditions salariales sont nettement meilleures.
Si le Groupe Ménard a pu s'émouvoir du décrochage des jeunes (qui équivaut à celui des profs par ailleurs), jamais il ne s'est penché sur la profession enseignante et les conditions d'enseignement.
Lors du lancement de son plan d'action en treize points pour la réussite scolaire, la ministre Michelle Courchesne a reconnu verbalement la nécessité de valoriser la profession enseignante. Elle a promis de poser les gestes nécessaires au cours des prochains mois afin de mobiliser autour d'objectifs communs les parents, le milieu scolaire et les acteurs concernés.
À l'avant-scène, il y a les enseignantes et les enseignants qui attendent des gestes concrets de valorisation de leur profession, une profession malmenée par les conditions précédemment mentionnées et qui amenuisent considérablement l'attrait des jeunes pour l'enseignement. Il faudra plus qu'une tournée ministérielle dans les écoles cet automne pour y parvenir. Il y a urgence qu'on s'attarde aux problèmes et aux solutions.
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Pierre St-Germain, Président de la Fédération autonome de l'enseignement
Montréal


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