Réécrire le scénario

XIIe Sommet de la Francophonie - Québec du 17 au 19 octobre 2008


Comment faire pour que le prochain Sommet de la Francophonie ne soit pas principalement vu comme une source d'inconvénients ? C'est le principal défi qu'ont à relever les organisateurs de cet événement, qui réunira 68 chefs d'État et de gouvernement dans la capitale, en octobre 2008.
C'est chaque fois pareil. Trois ou quatre ans avant un sommet du genre, le discours public dominant affirme que la ville hôtesse ne saurait se passer d'un tel rendez-vous. On parle alors de visibilité, de prestige, de l'importance des sujets à débattre, de la nécessité pour la planète francophone de briller de tous ses feux. C'est vrai.
En plus, cette fois - 400e anniversaire oblige - , aucune autre ville ne pouvait être plus indiquée que Québec pour la tenue de cet événement. C'est encore plus vrai.
Plus l'heure de la rencontre approche, cependant, plus les préoccupations changent de nature. Les questions de sécurité et d'entrave à la circulation montent en grade.
C'est toujours à ce moment-là qu'on finit par oublier les raisons ayant conduit à la tenue d'un sommet. C'est à ce moment-là qu'il apparaît comme une source de problèmes. Les télés tendent alors leurs micros vers des citoyens qui, évidemment, se demandent à quoi tout ça sert vraiment. Comment les blâmer ?
Peut-on éviter la répétition de ce scénario ? Oui.
Il n'y a pas moyen d'éliminer les inconvénients, mais il est possible de les faire mieux accepter. Il est possible de faire en sorte qu'une partie de la population se dise que le jeu en vaut la chandelle.
Pour cela, il faut que les citoyens sentent que le sommet sera utile, qu'il servira à quelque chose.
Pour l'instant, disons que nous ne sommes pas portés par un optimisme débordant. C'est qu'à 16 mois de cet événement qui réunira des responsables d'Europe, d'Afrique et même d'Asie, le thème du sommet n'a toujours pas été choisi. Il faut croire qu'aucun sujet ne s'impose...
Quelqu'un voudrait démontrer que la Francophonie est un ensemble qui continue de se chercher une vocation qu'il ne s'y prendrait pas autrement !
Cette petite ONU ne souffre pas seulement d'un déficit d'image. Le problème est qu'elle se disperse trop. Elle s'éparpille.
En même temps, si elle n'existait pas, il faudrait l'inventer.
Et si, en plus de permettre aux chefs d'État et de gouvernement de s'exprimer sur la diversité culturelle, ce XIIe Sommet était l'occasion de lancer une mission concrète ?
Nous verrions très bien, par exemple, qu'il soit l'occasion de mettre en oeuvre la suggestion du principal administrateur de l'Organisation internationale de la Francophonie, Clément Duhaime. Pour favoriser le développement de l'Afrique, il propose un grand projet de formation à distance pour des étudiants se destinant à enseigner aux jeunes du primaire. Les initiatives actuelles sont trop éparses.
Voilà une idée concrète de coopération internationale à laquelle les chefs d'État et de gouvernement devraient donner vie. Les fonctionnaires auraient le temps d'articuler le projet d'ici là.
Puisque 2008 sera une année de célébrations, est-ce que la tenue de ce sommet ne pourrait pas aussi être le prétexte à une fête populaire ? Pourquoi pas des fêtes gourmandes des différents coins de la francophonie dans des lieux publics de la capitale ? Le mois d'octobre ne doit pas freiner les ardeurs.
Il est plus que temps de mettre des propositions sur la table pour faire de cet événement une réussite. Il ne faut pas qu'il devienne un deuxième Sommet des Amériques.
Si l'on veut un vrai rassemblement, les autorités du Québec et du Canada devront, bien sûr aussi, résister à la tentation d'ériger une clôture en guise de périmètre de sécurité.
jmsalvet@lesoleil.com


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