Radio-Canada : les consultations du Sénat ont frôlé «l'ingérence politique» selon l'ombudsman

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La tentation est si forte

Les consultations du comité sénatorial chargé de produire un rapport sur l’avenir de Radio-Canada ont frôlé « l’ingérence politique », dénonce l’ombudsman Pierre Tourangeau.
« Il est très délicat d’aller convoquer des directeurs de l’information pour une entreprise de presse qui n’a pas de comptes à rendre aux politiciens, devant un comité sénatorial ou un comité parlementaire. Déjà, le fait de convoquer peut donner l’impression d’une tentative d’influence et d’intimidation » , s’est-il expliqué en entrevue, lundi.
Selon lui, il est normal que le président-directeur général Hubert Lacroix rende des comptes sur le plan administratif. Mais la situation est tout autre pour les ombudsmans et les directeurs de l’information, puisqu’ils sont indépendants.
« Comme ombudsman, je n’ai pas de comptes à rendre et je vois difficilement pourquoi un comité parlementaire, qu’il soit élu ou non, peut convoquer des gens qui sont par définition indépendants », a-t-il critiqué.
Pierre Tourangeau n’a pas voulu juger de la légitimité du Sénat, dont les membres ne sont pas élus, mais nommés en fonction de leurs affinités politiques. À son avis, «c’est un petit peu étirer l’élastique» d’avoir interrogé sa collègue de CBC et lui-même sur leur rôle et leur mandat d’ombudsman.
D'ailleurs, le rapport annuel 2014-2015 produit par Pierre Tourangeau fait valoir que certains membres du comité sénatorial avaient fait preuve d'une «méconnaissance des médias d'information» et «du rôle que doit jouer une société publique en matière d'information».
Le comité a dévoilé 22 recommandations qui touchent autant le salaire des employés que les sources de revenus dans son rapport «Le moment est venu de changer: CBC/Radio-Canada au 21e siècle», lundi.
Les sénateurs demandent à ce que Radio-Canada/CBC rende publics les salaires de ses employés et de s’assurer qu’ils ne sont pas plus élevés que ceux de leurs collègues oeuvrant chez les radiodiffuseurs privés, sauf dans le cas de la direction.
Ils recommandent aussi à la société d’État d’envisager «d'autres modes de financement et de nouvelles sources de revenus» afin de réduire sa dépendance aux crédits gouvernementaux.
Le sénateur libéral Art Eggleton a quant à lui publié un rapport minoritaire qui recommande au gouvernement d’annuler les compressions de 115 millions de dollars et financer le radiodiffuseur à la hauteur de 40$ par habitant.
« L’étude sur Radio‑Canada est vraiment une occasion manquée, a-t-il critiqué. Certains membres conservateurs ont passé trop de temps à dénoncer CBC/Radio-Canada et pas assez à déterminer la voie à suivre pour son avenir.»
Avec les informations d'Althia Raj, The Huffington Post Canada, et de La Presse Canadienne.


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