Caisse de dépôt

Qui va surveiller Michael Sabia ?

CDPQ - Où va Michael Sabia?


Dany Doucet - Maintenant que la commission parlementaire sur la Caisse de dépôt est terminée, qu'on n'a pas réussi à trouver un responsable au trou de 40 milliards $ dans le bas de laine des Québécois, voici une petite question : qui va maintenant s'assurer que le nouveau président, Michael Sabia, un Ontarien qu'on connaît à peine au Québec et dont la nomination reste fort controversée, fait adéquatement son travail?
En théorie, ce devrait être la tâche du conseil d'administration de la Caisse, mais quand on regarde un peu comment le «chien de garde» se comporte depuis quelques années, il n'y a rien de bien rassurant.
Le conseil d'administration des sociétés, qu'elles soient publiques ou privées, a pour tâche de surveiller, pour le compte des actionnaires, le bon fonctionnement des opérations et du développement dirigés par le chef d'entreprise et son équipe.
C'est pour cette raison qu'on dit qu'un c. a. est un chien de garde.
Mais pour que le chien ait des dents, il faudrait, au minimum, que ses membres aient un mandat clair et soient présents aux assemblées ordinaires du conseil, aux réunions spéciales et aux séances des différents comités.
Après 34 heures de commission parlementaire sur la Caisse tenue durant huit journées d'audiences entre le 13 mars et cette semaine, les Québécois - et actionnaires - de la Caisse n'ont toujours pas la garantie que ce sera le cas.
«Il y a trop d'argent là-dedans»
«Le c. a., c'est le chien de garde des Québécois et il est clair que le niveau de présence doit être augmenté, surtout au niveau des séances du conseil d'administration et du comité de vérification, commente Sébastien Lépine, le porte-parole de l'ADQ.
«Les gens nommés au conseil n'ont pas leur place là s'ils n'ont pas le temps de siéger. Il y a trop d'argent là-dedans pour laisser cette institution se faire surveiller par des gens qui n'ont pas le temps.»
Selon lui, les membres qui n'atteignent pas 80% d'assiduité aux réunions auxquelles ils devraient assister devraient carrément être expulsés.
Denis Durand, associé principal chez Jarislowsky Fraser, une firme de placements qui prend souvent position sur des questions de gouvernance, refuse de commenter spécifiquement le cas de la Caisse, mais ajoute qu'en général les administrateurs sont présents à 90-95 % des séances du conseil.
«Quand un administrateur ne peut assurer cette présence, dit-il, on le rencontre, normalement, pour voir s'il ne devrait pas laisser sa place à quelqu'un d'autre.»
L'absence de Claudette Carbonneau
Pour Michel Nadeau, directeur de l'Institut sur la gouvernance, le taux de présence aux assemblées du conseil devrait normalement se situer entre 85%et 90 %.
Pour lui, un membre du conseil qui rate trois séances ordinaires d'affilée devrait être automatiquement expulsé.
Il estime cependant que l'assiduité aux séances spéciales, comme celles fixées 24 heures à l'avance, peut être plus faible compte tenu de l'agenda chargé des administrateurs. Et il y en a eu plusieurs durant les pires moments de la crise à la Caisse.
«On peut dire que les membres du conseil de la Caisse respectaient pas mal ce taux de présence... Je leur donne une note d'entre A-et B+, sauf évidemment à Mme Carbonneau...»
Ce n'est un secret pour personne, Claudette Carboneau, présidente de la CSN, qui siège d'office au conseil de la Caisse, a brillé plusieurs fois par son absence.
Au cours des quatre dernières années, Mme Carbonneau s'est présentée à seulement 63 % des séances du conseil d'administration et du comité de vérification, où elle siège aussi.
On est loin de Claude Garcia, ancien président de la Standard Life, qui a assisté à 100 % des séances, lui qui siège en outre au comité de gestion des risques.
100 % de présence
«Dans certaines entreprises, comme Bombardier, par exemple, note M. Nadeau, le taux de participation des membres du conseil est de 100 %. C'est évidemment l'idéal.»
Il n'y a pas que la présence qui compte, il y a aussi toute la préparation pour y assister et y être présent mentalement autant que physiquement. Il faut lire des rapports denses et complexes. Il faut prendre le temps de comprendre.
Si les gens n'ont pas le temps de siéger, note Sébastien Lépine, ils ont encore moins le temps de se préparer, de lire toute la documentation nécessaire pour poser les bonnes questions au chef de la direction.
«C'est un travail qui doit être pris au sérieux et qui exige beaucoup de préparation en plus de la présence aux réunions.»


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