Contrat des compteurs d'eau

Qui est coupable ?

Scandales à Montréal - les compteurs d'eau

La saga du contrat des compteurs d'eau de Montréal a connu son dénouement hier. Après le blâme sévère qu'est le rapport du vérificateur général sur le mode d'attribution et les coûts de ce contrat, le maire Gérald Tremblay a annoncé son intention de l'annuler. Il faut, oui, reprendre à zéro ou presque ce projet, mais n'oublions pas de se préoccuper de la responsabilité de ce gâchis.
Le maire Tremblay n'avait pas le choix de réagir comme il l'a fait. La démission de deux hauts fonctionnaires de la Ville, Claude Léger et Robert Cassius de Linval, s'imposait. Tous deux ont manqué à leur responsabilité d'informer correctement les élus pendant les différentes étapes d'approbation de ce projet. De même pour l'annulation du contrat, dont les coûts ont été surévalués et dont la principale composante, l'optimisation du réseau, est superflue.
Ces deux décisions ne doivent pas faire oublier que quelqu'un quelque part porte la responsabilité politique de cette affaire. Elle n'est pas le résultat de simples dérapages involontaires. Tout au long du processus, les dirigeants politiques ont entériné les choix que les responsables administratifs leur proposaient. Ce ne sont pas les fonctionnaires seuls qui pouvaient décider d'opter pour un appel d'offres restreint. Ce ne sont pas eux non plus qui pouvaient autoriser le transfert de la responsabilité financière du projet des entrepreneurs à la Ville une fois les appels d'offres complétés.
Celui qui exerçait le suivi politique de ce projet était d'abord le président du comité de l'époque, Frank Zampino, qui en avait fait son bébé. Fort commodément, une fois le contrat attribué au consortium Génieau, il a démissionné de son poste pour des raisons obscures qui s'éclaircirent lorsqu'on apprit qu'en cours d'attribution du contrat, il avait eu des contacts avec un des principaux partenaires du consortium.
Le maire renvoie aujourd'hui une part de la responsabilité aux fonctionnaires. Peut-être dirigera-t-il demain les regards vers Frank Zampino qui a certainement des réponses à donner à plusieurs questions, dont certaines lui seront posées par la Sûreté du Québec qui, de son côté, mène une enquête. Néanmoins, cela ne libère pas Gérald Tremblay de ses responsabilités. À titre de premier magistrat, il avait un devoir de vigilance auquel il a failli.
Tout le processus de préparation de ce projet, jusqu'à l'attribution du contrat, s'est déroulé sous ses yeux. On ne peut accepter comme excuse qu'il n'ait rien vu ou, comme il a dit dans d'autres dossiers, que l'absence de certitudes l'empêchait d'agir. S'il avait été ministre à Québec ou à Ottawa, il n'aurait d'autre choix que de démissionner. Il laisse les Montréalais le juger aux élections du 1er novembre. Pour qu'ils puissent lui renouveler leur confiance, il aura besoin de démontrer qu'il est capable d'être le vrai patron de cette ville. Qu'il sortira de l'hôtel de ville les promoteurs privés. On l'entend déjà promettre un grand ménage. Pourquoi alors ne pas le commencer en annulant sans tarder ce contrat plutôt que d'attendre au lendemain des élections? Encore une fois, il procrastine. Ce qui risque de coûter d'autres millions. Toute cette affaire est bien gênante pour les Montréalais.
***
bdescoteaux@ledevoir.com


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->