Compteurs d'eau à Montréal - Des doutes persistants

Scandales à Montréal - les compteurs d'eau

La réunion du conseil municipal de Montréal tenue mardi, pour faire la lumière sur l'attribution du contrat pour l'installation de compteurs d'eau dans les industries, commerces et institutions au prix de 356 millions, n'aura été qu'une vaste opération de relations publiques. L'éclairage blafard proposé par le maire Gérald Tremblay n'a pas chassé les doutes qui persistent, tant en ce qui a trait à la pertinence de ce projet qu'en ce qui concerne le processus d'attribution du contrat.

L'objet premier de cette séance du conseil était de démontrer que les 356 millions qui seront versés au consortium Génieau représentent un juste prix. Des doutes ont été soulevés par des spécialistes de la question qui ont fait des comparaisons avec ce qui s'est fait dans d'autres grandes villes. La spécificité du réseau d'aqueduc montréalais expliquerait les coûts supérieurs. Il est difficile, à défaut d'être un spécialiste de la question, de juger si les explications proposées tiennent la route. Il faudrait à cet égard un regard d'experts indépendants.
Ce que les fonctionnaires ont toutefois clairement établi a trait à la facture finale de ce projet. Aux 356 millions du contrat, il faut ajouter les millions assumés directement par Montréal en travaux et en subventions versées aux entreprises pour l'installation des compteurs. Coût total projeté sur 25 ans avec l'indexation: plus de 600 millions, auxquels il faudra ajouter une somme impossible à déterminer aujourd'hui pour le remplacement d'équipements qui ne sont garantis que pour 15 ans.
Quels avantages retireront les Montréalais de ce projet? Des économies de 20 millions par année en bris de tuyaux évités et en diminution des fuites d'eau dans le système d'aqueduc. Il faudra donc près de 30 ans pour que ce projet s'autofinance. Cela vaut-il la peine de dépenser autant pour contrôler en partie les fuites d'eau du réseau d'aqueduc, qui continuera de toute façon à fuir de partout tant qu'il n'aura pas été reconstruit, tâche à laquelle il faudra bien s'atteler un jour?
La pertinence de ce projet ne fut pas discutée mardi. Ayant voté les yeux fermés l'attribution de ce contrat à la fin de 2007, les élus sont peu intéressés à revenir en arrière. C'est pourtant le temps ou jamais, puisque la mise en oeuvre du contrat a été suspendue, de se demander si ce projet est vraiment nécessaire ou s'il ne sert qu'à donner du travail à des ingénieurs et à des entrepreneurs amis du régime.
La réponse à cette question se fait toujours attendre. Au cours de la séance du conseil, le maire Tremblay est resté coi. Son désir est d'évacuer le plus vite possible le débat en confiant au vérificateur général de la Ville un mandat qu'il ne sera pas à même d'exécuter valablement dans le délai de deux mois qui lui est imparti. Durant cette période, on assistera au départ à la retraite de l'actuel vérificateur le 2 juin, et son successeur n'aura que deux semaines pour compléter un rapport attendu le 18 juin. Cela sent la précipitation.
Il y a trop de hasards dans l'attribution de ce contrat pour que l'on ne fasse pas les choses sérieusement. Curieux hasard, en effet, que celui qui a fait que trois joueurs-clés dans le processus d'appel d'offres, Frank Zampino, Robert Abdallah et Yves Provost, se sont retrouvés peu après au service de l'une ou l'autre des firmes liées à la mise en oeuvre du projet. Curieux hasard aussi, ces rencontres amicales entre M. Zampino, alors président du comité exécutif, et Tony Accurso, un des futurs soumissionnaires. Tout cela a créé des doutes que l'administration Tremblay devra porter tant qu'ils n'auront pas été dissipés de façon convaincante. Or on ne voit poindre aucune réponse, ni une réelle volonté du maire d'en obtenir.


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