Questions d'argent

Salaire des élus


Faut-il augmenter le salaire du premier ministre et des chefs de parti? La question s'est posée pour la nième fois quand on a appris que le PLQ et l'ADQ versaient à leurs chefs respectifs des sommes annuelles de 75 000$ et 50 000$.

Ce qu'on oublie, quand on parle des salaires dévolus aux premiers ministres, c'est que ces derniers, à cause précisément de la notoriété acquise grâce à leur passage au pouvoir, auront de multiples occasions de s'enrichir lorsqu'ils quitteront la politique. Ils seront largement récompensés des sacrifices financiers qu'ils auront dû consentir pendant les années au pouvoir. Des exemples? Il y en a à la pelle, pour choisir un mot d'actualité.
S'ils n'avaient fait leur marque en politique, Jean Chrétien serait encore un petit avocat à Shawinigan au lieu du millionnaire qu'il est devenu, et Lucien Bouchard serait toujours avocat à Chicoutimi au lieu d'être associé à une grande firme montréalaise et d'accumuler divers mandats fort rémunérateurs.
Ce sera pareil pour Jean Charest, qui, soyons-en sûrs, ne retournera pas à son ancienne pratique de Sherbrooke. Lui aussi se joindra à un gros cabinet d'avocat et siégera à de multiples conseils d'administration. Les services d'un ancien premier ministre sont toujours appréciés dans le secteur privé.
Ce sera aussi le cas pour Mario Dumont. Même s'il n'arrivait jamais au pouvoir, lui aussi sera courtisé par les secteurs privé et parapublic quand il laissera la politique, parce qu'il y aura fait sa marque pendant des années. Il s'enrichira bien plus que s'il était resté dans l'obscurité avec son petit bac en économie.
La mutation du PQ, confirmée par son conseil national du week-end, tient davantage au réalisme élémentaire qu'à la magie de Pauline Marois. Les péquistes lisent les sondages, ils se relèvent à peine d'une amère défaite électorale. Ils savent qu'en brandissant la menace d'un référendum, ils risquent de piétiner longtemps dans l'opposition.
Exit, donc, toute référence au référendum lequel, loin d'être une vulgaire mécanique, constituait à la fois le principal élément mobilisateur et le rite de passage obligé vers la souveraineté.
Le grand projet assorti d'échéances qui en garantissaient le sérieux est devenu une «conversation». Le mot prêtant au ridicule, on l'a remplacé par le concept galvaudé de «débat» mais cela revient au même: à la volonté politique succédera l'opération bavardage. Un bavardage à sens unique, car en dehors du cercle des fidèles, qui écoutera ces litanies que l'on entend depuis 1960?
Enfin, ne chipotons pas, c'est une porte de sortie qui est moins déshonorante que l'abdication pure et simple, et qui a surtout, pour les péquistes, l'inestimable avantage de faciliter leur retour au pouvoir.
Le PQ, toutefois, se tire dans le pied en promettant une «constitution» et une «citoyenneté».
L'élaboration d'une constitution est l'opération la plus «divisive» qui soit, car elle entraîne de violents chocs de valeurs. Une fois sortis de cet exercice qui leur aura été imposé sans que le besoin s'en fût fait sentir (n'a-t-on pas déjà une, et même deux, chartes des droits?), les Québécois seront épuisés sinon écoeurés.
Quant à l'instauration d'une «citoyenneté québécoise», encore là ce sera une opération houleuse, car nombre de Québécois, sachant qu'il s'agit d'un autre subterfuge pour paver la voie à la souveraineté, refuseront de la reconnaître, encore plus d'y prêter «allégeance». Et tout cela pour rien, car la «citoyenneté» n'a de sens que dans un État souverain.
Sachons gré au PQ, cependant, de n'avoir pas inscrit à son programme l'intention indigne de priver de leurs droits civiques ceux qui auraient échoué à des tests de français, comme le voulait le «projet de loi» péquiste déposé l'automne dernier. Sachons-lui gré, aussi, d'avoir renoncé aux politiques de confrontation prêchées par Gérald Larose dans l'Action Nationale, et que Mme Marois disait récemment trouver «intéressantes».
Sachons gré, enfin, au député Pierre Curzi d'avoir étouffé dans l'oeuf l'absurde projet de promouvoir «la langue standard québécoise». Comment la direction du parti avait-elle pu proposer pareille énormité? Voulait-on faire de la loi 101 la «Charte de la langue standard québécoise»?


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