Le gouvernement Couillard remboursera la dette du Québec à raison de deux milliards $ par année avec des sommes provenant du fonds des générations, a promis Philippe Couillard.
Sur cinq ans, le remboursement sera de 10 milliards $ et permettra d’épargner sur la même période un milliard en intérêt. Pour 2018-2019, Québec pense économiser 64 M$.
Ce milliard d’économies doit toutefois être relativisé : Québec aurait probablement réalisé un gain plus important en investissant sur les marchés financiers plutôt qu’en remboursant la dette. «On prévoit que le rendement sur le capital va demeurer plus intéressant que l’alternative, mais l’écart va diminuer», a indiqué Philippe Couillard lors d’un point de presse mercredi.
Québec prend cette décision pour se protéger contre les aléas des marchés financiers. Le Fonds des générations contient présentement plus de 13 milliards $ et continuera d’engraisser: le prochain budget Leitao y consacrera 2,5 milliards.
Pour se prémunir contre une décote boursière, une partie de ces sommes seront ainsi dirigées vers la dette. «C’est possible qu’on soit à la fin d’un cycle économique, qu’un autre cycle commence et qui pourrait comporter des risques de récessions. Il faut nous préparer pour ça», a indiqué M. Couillard.
Mais le fonds des générations continuera de prendre de l’ampleur. «Nous voulons nous assurer qu’il continue d’augmenter», a dit le ministre des Finances Carlos Leitao, qui accompagnait M. Couillard au micro. Dans son prochain budget, il y enverra 2,5 milliards, puis 2,7 milliards, et ensuite 3 milliards. Ces sommes proviennent des profits d’Hydro-Québec et de l’indexation du «bloc patrimonial» d’hydroélectricité.
M. Leitao a d’ailleurs lu un message en anglais pour séduire les agences de cotation de crédit. «C’est pour ça que M. Leitao s’est exprimé en anglais à la fin de son intervention, on veut que les agences de notation entendent cette mesure de façon isolée dans l’espace médiatique», a-t-il affirmé.
Attaque contre la CAQ
Philippe Couillard a profité de cette annonce pour s’en prendre à la Coalition avenir Québec. François Legault a proposé en 2017 de réorienter une partie des surplus versés au Fonds des générations dans des baisses d'impôt. M. Couillard a jugé la manœuvre «illégale» et croit que de piger dans le fonds serait une «catastrophe». Carlos Leitao a parlé d’un «détournement de fonds».
De son côté, la CAQ estime n’avoir jamais proposé de piger directement dans le fonds des générations, mais plutôt d’avoir réduit les versements pour financer des baisses d’impôt. Elle se dit en accord avec la décision de réduire la dette.
Le PQ dénonce les bonbons
De son côté, le Parti québécois a rapidement dénoncé les grandes mesures du budget éventées dans les médias mercredi matin, notamment une somme d’un milliard$ consacré aux familles et une augmentation de 4,5% du budget de la santé, révélé par le Journal.
«Tous ces bonbons électoraux arrivent à quelques mois des élections», souligne la vice-chef du Parti québécois, Véronique Hivon, qui déplore que cette marge de manœuvre financière provienne des compressions budgétaires des premières années du mandat libéral.
De son côté, Québec solidaire ne partage pas la préoccupation du PLQ et de la CAQ sur le poids de la dette. «La dette, si son poids relatif à l'économie, c'est-à-dire au PIB, reste stable, ce n'est pas inquiétant, estime son porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois. Tous les États du monde ont une dette; l'important, c'est qu'elle soit sous contrôle. Et la dette du Québec, quand on la compare à notre PIB, elle est tout à fait dans la moyenne des pays développés.»
- Avec la collaboration de Patrick Bellerose