Le 15 novembre 2006, les péquistes ont ovationné Emmanuel Bilodeau au théâtre Impérial de Québec, à l’occasion du 30e anniversaire de la victoire du PQ. On aurait cru qu’ils applaudissaient René Lévesque en personne...
Un an et demi plus tard, le même comédien est entraîné dans la controverse entourant la télésérie de Radio-Canada sur le fondateur du Parti québécois. «Une caricature à la mesure des Bougon ou des Boys», dénonçait hier l’ancien ministre des Transports Lucien Lessard. Pas facile, la vie d’artiste...
Que dirait René Lévesque de cette tempête? Il serait probablement plus amusé qu’autre chose. Il serait surpris des larmes et des épanchements qu’on lui prête, mais rigolerait de bon cœur devant les caricatures un peu grosses que les comédiens font de Jacques Parizeau, Jean Garon et Claude Morin. Le fondateur du Parti québécois avait un sens de l’histoire et une connaissance de la télévision suffisamment poussés pour comprendre les limites d’une télésérie. Sa modestie l’empêcherait certainement de faire un plat avec cette affaire.
Il y a tout de même quelque chose de sain dans cette controverse. La télévision et le cinéma sont des médiums très puissants. Trop puissants pour évoluer sans balises lorsqu’ils traitent d’information et d’histoire. Les journalistes qui travaillent à la télévision sont tenus aux mêmes contraintes de rigueur et de vérification que les gens de la presse écrite. Même chose pour les auteurs de documentaires radio ou télévisés. Là où les choses se compliquent, c’est dans le domaine des œuvres hybrides, qui ont une certaine prétention de véracité tout en flirtant avec une bonne dose de fiction. Le téléspectateur non averti peut croire qu’on lui présente des faits véridiques alors qu’il s’agit parfois de fiction.
La télésérie sur René Lévesque illustre bien à quel point ce mélange des genres n’est pas toujours heureux, surtout quand on réfère à des événements récents. Un auteur qui inscrit son roman autour d’une trame historique vit le même défi. L’exactitude des faits peut faire la différence entre une œuvre de qualité et un polar ordinaire. C’est peut-être là où les producteurs de la télésérie sur René Lévesque ont échoué : il y a trop de petits détails qui ne sont pas conformes à la réalité. Ainsi, croyez-vous vraiment que le chef du protocole du gouvernement aurait eu l’audace de retirer la cigarette de la bouche du premier ministre, comme on l’a vu à la télé? Ou que les députés en attente d’une affectation ministérielle en 1976 étaient regroupés dans un bar? Ces détails, parfois anodins, contribuent à donner l’impression qu’on a tourné les coins ronds sur les éléments plus importants. Il aurait été si simple de consulter les Gracia O’Leary, Line Sylvie Perron ou Martine Tremblay, qui ont accompagné le chef du PQ pendant ces années...
Faut-il retirer cette télésérie, comme le demande l’ancien ministre Lucien Lessard? Ce serait ridicule. J’ai toujours cru que malgré leurs lacunes, ces séries télévisées ont leur mérite. Elles piquent la curiosité du grand public et sont de nature à accroître l’intérêt de la population pour l’histoire. Les séries télévisées sur Maurice Duplessis, Pierre Trudeau ou Michel Chartrand n’étaient pas parfaites, mais elles ont contribué à nous rappeler des événements important et à nous diriger vers les livres d’histoire. Même la série récente sur la famille Lavigueur a eu son utilité en illustrant les difficultés liées aux gains instantanés comme ceux du jeu.
La controverse sur la télésérie sur René Lévesque rappelle les scénaristes à une plus grande rigueur et constitue une mise en garde pour les téléspectateurs enclins à penser qu’il faut croire tout ce qu’on nous présente au petit écran.
Le commissaire «des» lobbyistes
Le commissaire au lobbyisme du Québec, André C. Côté, a eu une initiative surprenante, mercredi, en déplorant l’intérêt des médias pour les activités de démarchage des anciens politiciens. M. Côté réagissait à l’article du journaliste Martin Pelchat sur les mandats de lobbyisme donnés à l’ancienne députée de Beauce-Sud Diane Leblanc, par le Centre de santé et de services sociaux de Beauce.
Selon lui, les anciens politiciens qui s’inscrivent au Registre des lobbyistes risquent d’être «ostracisés ou pénalisés». M. Côté ne semble pas avoir compris que c’est justement pour éviter une trop grande proximité entre les politiciens et les démarcheurs que le gouvernement a créé son poste et forcé l’inscription des lobbyistes à un registre public. Et que c’est le rôle des médias de faire état de situations de démarchage surprenantes, même si elles sont légales. Dans son intervention, M. Côté ressemblait davantage à un commissaire des lobbyistes qu’à un commissaire au lobbysme.
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