La réponse du réalisateur de René

« René Lévesque » — 20e anniversaire


Massé, Isabelle - Les critiques fusent depuis le début de la diffusion de la suite de René, à Radio-Canada. Le réalisateur, Pierre Houle, n'en faisait pas un plat. Même après les commentaires de Martine Tremblay, historienne et ancienne directrice de cabinet de René Lévesque sur "la consternante pauvreté" de l'oeuvre.
Les choses ont changé la semaine dernière, lors de la publication d'une lettre d'opinion dans Le Devoir, signée Louise Beaudoin et François Dorlot. "Le moins que l'on puisse dire de Lévesque, c'est qu'il était un homme complexe, se livrant peu, verrouillant sa vie personnelle, écrivent-ils. Déroutant pour un biographe autant que pour un cinéaste. Mais on a vu, il y a quelques années, une autre série télévisée dépeignant un autre homme complexe, lui aussi ancien premier ministre du Québec: Maurice Duplessis. Quelle évocation! Quelle force! On en venait presque à l'admirer. Oui, c'est possible de créer de la grande télévision avec un sujet pareil. C'était signé Denys Arcand."
Dans une lettre ouverte envoyée à La Presse hier, Pierre Houle réplique: "Merci pour le cours de réalisation, Madame Beaudoin. J'en avais bien besoin après mes trois Gémeaux en fiction et mes deux prix internationaux pour le documentaire sur Riopelle... Un autre personnage que j'ai eu tout faux..."
Ni triste ni frustré
Joint hier par La Presse, Pierre Houle dit toutefois ne se sentir ni triste ni frustré par tous les commentaires au sujet du René Lévesque qu'il dépeint dans sa série. "C'est ridicule tout ça, lance-t-il. On passe à côté d'une occasion de débattre, d'échanger sur une époque, de se demander si la politique a évolué. Ceux qui ont moins de 40 ans ne connaissent pas les personnages du film, sauf Claude Charron et Lise Payette, qui ont fait de la télé et des téléromans."
"En passant, quand Denys Arcand a écrit Duplessis, il y a eu un tollé", ajoute le réalisateur de Bunker, le cirque et Omerta.
Dans sa lettre ouverte intitulée Ce René est un faux Je le sais C'est le mien, Pierre Houle affirme avoir construit René "à partir de ce que tous m'ont confié sans le savoir à travers les mémoires de Lévesque, l'autobiographie de Parizeau, les écrits de Morin, les milliers de pages de Pierre Godin, les centaines d'articles de journaux, les propos des commentateurs politiques, les émissions de télé, les documentaires, la magnifique série radio de Radio-Canada, les rencontres et les propos recueillis auprès de Corinne Côté. Malheureusement, personne ne raconte tout à fait la même histoire et les contradictions sont souvent stupéfiantes. Alors je choisis le point de vue qui me semble pertinent ou bien je tente de bâtir un "consensus". Évidemment, ce ne sera jamais votre René"
En entrevue, Pierre Houle dit adorer profondément la politique. "Mais je suis tanné de cette espèce de langue de bois. Je déteste la façon dont on fait de la politique. Madame Beaudoin, dans son texte, prouve qu'elle fait de la vieille politique. Pour le reste, tous les goûts sont dans la nature."


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