Qu'attend-on ?

Crise mondiale — crise financière



La rencontre des premiers ministres, lundi, n'aura pas servi à grand-chose, si ce n'est à permettre à chacun de faire connaître ses revendications, y compris à M. Harper qui souhaite voir naître un Canada sans barrières au commerce interprovincial. On s'attendait à l'annonce de mesures concrètes, mais M. Harper a répondu: Wait and see!
On le répète depuis des semaines: la situation économique est moins dramatique au Canada qu'aux États-Unis. Non seulement nos banques n'éprouvent-elles pas les mêmes problèmes que leurs semblables américaines, mais même le marché immobilier semble immunisé contre le virus qui a fait chuter les prix au sud de la frontière.
Ce constat est encore plus vrai au Québec où les dernières données montrent que le prix moyen des propriétés a continué de grimper le mois dernier. À croire que les Québécois vivent dans une bulle, qu'ils ne lisent pas les journaux ou qu'ils s'imaginent que la tempête les oubliera. Tant mieux s'ils ont raison, mais tout indique que ce n'est pas le cas puisque la situation de l'emploi est d'ores et déjà au neutre, que le nombre de faillites personnelles est en hausse et le taux d'endettement, de plus en plus menaçant. Encore six mois et nous assisterons à une hausse du chômage accompagnée d'une nouvelle augmentation du nombre de faillites et d'une baisse du prix des propriétés, c'est certain.
Contrairement à ce qu'ils ont laissé croire tout au long de la campagne électorale, le premier ministre Stephen Harper et son ministre des Finances avouent désormais que la récession fera mal. Pourtant, ni l'un ni l'autre ne semblent pressés d'adopter des mesures d'exception, convaincus qu'ils sont que cela ne servirait à rien, de toute façon.
Lundi, les provinces de l'Ouest ont demandé du soutien pour leur agriculture, l'Ontario pour son industrie de l'automobile et le Québec pour son secteur manufacturier et sa forêt. On voulait aussi des mesures pour protéger les régimes de retraite des entreprises, pour venir en aide aux chômeurs et pour retarder le moment de commencer à retirer l'argent de son REER.
Devant toutes ces demandes, on comprend qu'Ottawa ne soit pas pressé. Dans le cas de l'automobile, par exemple, l'Ontario demande des milliards pour ne pas être en reste par rapport à ce que Washington offrira aux usines américaines. On aura beau parler de garanties de prêts et non de subventions, la facture sera aussi élevée pour les contribuables si GM fait faillite ou s'il faut recommencer tous les ans. Avant de verser un cent, Ottawa doit obtenir l'assurance que des modèles d'avenir seront construits au Canada.
Même chose pour l'industrie de la forêt du Québec: pour qu'une aide lui soit accordée, il faut avoir l'assurance que les emplois seront protégés à long terme, sans quoi ce sont les actionnaires seuls qui profiteront des fonds publics.
Cela dit, la question qui se pose encore est de savoir si M. Harper ne tentera pas purement et simplement de s'abstenir d'agir, comme son idéologie l'y invite. Or, entre gaspiller les fonds publics et ne rien faire, la marge est grande.
Pour le moment, on doit avouer qu'il n'est rien sorti de la rencontre de lundi dernier. Au contraire, à cause des mauvaises relations entre MM. Harper et Charest, celui-ci n'a même pas obtenu de M. Harper qu'il annonce la signature d'ententes qui sont pourtant déjà convenues pour le lancement rapide des travaux de construction des autoroutes 30 et 73, du Quartier des spectacles et du PEPS de l'Université Laval. Ce sont rien de moins que 1,9 milliard de dollars de projets qui sont ainsi retardés par Ottawa à cause du déclenchement des élections provinciales. Dire que les deux gouvernements ont appelé le bon peuple aux urnes de façon prématurée pour prévenir la crise!


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