Premier ministre ou marionnette?

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Gerald Butts, l'homme derrière Trudeau


Pendant que des Québécois se frottent les mains de joie de voir Justin Trudeau empêtré dans un scandale révélé par le Globe and Mail, que nous appellerons ironiquement SNC-Lavalingate, des membres de son propre gouvernement rêvent de voir cette affaire emporter deux de ses plus proches conseillers.


De méchantes langues racontent que celui qu’on appelle « le très honorable Justin Trudeau » ne serait qu’un homme de paille pour son secrétaire principal et ami intime Gerald Butts, ainsi que sa chef de cabinet, Katie Telford, les vrais patrons du Bureau du premier ministre.


Des députés ont surnommé Gerry Butts « PM Butts » tant il en mène large, bien plus large que des ministres influents, sans être soumis aux mêmes exigences de transparence.


Le chroniqueur Anthony Furey du Toronto Sun compare le rôle de Gerald Butts à celui du vice-président américain Dick Cheney auprès de George W. Bush. Si vous avez vu le film Vice, vous savez de quoi je parle. Sinon, courez le voir.





Indirectement vôtre


Alors que la démocratie représentative perd en crédibilité, la mode est aux non-élus, des militants bénévoles pour le bien que certains voient comme des êtres purs et désintéressés, en gilet jaune ou en complet trois pièces, moralement supérieurs aux politiciens qui ne se feraient élire que pour voir à leurs intérêts.


Quand j’ai vu Dominic Champagne, l’homme du Pacte écologique, offrir un projet de loi clés en main sur l’environnement au premier ministre du Québec, la moutarde m’est montée au nez : « Qui l’a élu à l’Assemblée nationale, celui-là ? »


Leurs rôles de non-élus surdimensionnés à Ottawa ont valu à Butts et à Telford de devenir des spécialistes de la moutarde.


Des langues en mal de candeur au Parlement racontent que ce serait Gerald Butts qui aurait mis de la pression sur l’ex-ministre de la Justice et procureure générale Jody Wilson-Raybould pour qu’elle évite un procès à SNC-Lavalin, privilégiant plutôt une « poursuite suspendue » impliquant de grosses amendes et mea maxima culpa.


Tout cela pour protéger une entreprise du Québec à des fins électorales.


(Au Canada anglais, des commentateurs profitent de cette affaire pour faire un autre procès aux Québécois racistes et corrompus.)


Tweets baveux


Quand Justin Trudeau affirme ne pas avoir cherché à influencer madame Wilson-Raybould, il ne ment peut-être pas. A-t-il laissé la sale besogne à son secrétaire principal pour qu’il s’en occupe entre deux tweets baveux, une activité étrange pour un conseiller de l’ombre ?


« Si le premier ministre n’a rien à cacher, comme il l’a suggéré, il ne devrait avoir aucune raison de craindre que ces personnes comparaissent devant le comité (le comité permanent de la justice) », a dit le chef de l’opposition Andrew Scheer.


Mais l’irritation chronique causée par le duo Butts/Telford chez les libéraux n’est pas venue à bout de leur loyauté, car ils ont voté contre cette comparution.


Et pourtant, comme le soulignait ma consœur Josée Legault, si la pression est venue d’un membre de l’entourage, « la crise politique actuelle serait nettement apaisée ».


À condition que Justin Trudeau accepte de sacrifier Gerald Butts. Ce qu’il ne fera jamais. Qui activerait alors son mécanisme, blaguait l’autre ?