TRANSCANADA À CACOUNA

Précaution!

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Un cas de gants blancs

Le gouvernement du Québec en général et le ministère de l’Environnement en particulier semblent avoir commencé à faire leur travail dans le dossier du projet de port pétrolier de Cacouna. Un certificat d’autorisation à TransCanada a été suspendu. Devant la série de questions que soulève ce projet, la mesure semble toutefois insuffisante. Il serait temps de stopper les travaux et de lancer un processus d’évaluation du BAPE sur le sujet.

Pendant des semaines, tout ce que les citoyens ont pu entendre du gouvernement dans le dossier du projet de port pétrolier de TransCanada avait quelque chose de risible. Il y eut les circonvolutions du nouveau ministre de l’Environnement, David Heurtel, qui semèrent la confusion à quelques reprises. Philippe Couillard, lui, fit preuve de clarté, le 25 septembre : nous devrions accepter de transformer le territoire québécois en lieu de transit du pétrole albertain, ne serait-ce que par gratitude pour les milliards de la péréquation. Ce qu’ont refusé la Colombie-Britannique et à certains égards les États-Unis, il faudrait l’embrasser. « Il faut qu’on participe à l’économie canadienne », avait-il insisté.

L’injonction de la Cour supérieure prononcée par la juge Claudine Roy avait mis cependant en relief le caractère carrément négligent du gouvernement dans cette affaire. Maniant la caricature, certains ont parlé de « bélugate » tant le jugement était critique du gouvernement. Le jugement suspendait jusqu’à mercredi les forages géotechniques que TransCanada menait à Cacouna. La magistrate remettait en question le processus d’analyse ayant conduit à la délivrance d’un certificat d’autorisation. Après avoir posé des questions, le ministre Heurtel avait accepté le certificat d’autorisation, notait-elle. Mais « rien dans la preuve actuellement n’explique ce revirement de situation. Rien dans cette lettre n’explique pourquoi les hésitations et inquiétudes du ministre devraient être écartées », se surprenait la juge Roy.

Depuis, le ministre Heurtel et d’autres au gouvernement ont semblé laisser croire qu’ils cesseraient d’être des meneurs de claque pour le projet de TransCanada. À la suite de la manifestation de quelque 1500 opposants au projet à Cacouna, en fin de semaine, Jean D’Amour, ministre de la Stratégie maritime (responsable du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie), soutenait que TransCanada avait « un défi de communication à relever, d’abord avec la communauté chez nous. Il faut qu’à tout point de vue, TransCanada se conforme aux exigences ».

Il faut saluer le retour du sens critique chez les ministres du gouvernement Couillard. Mais voir dans l’affaire un simple « défi de communication » est pour le moins réducteur. L’analyse comparative des risques et des bénéfices pour la collectivité québécoise dans cette affaire n’a pas été faite. Les risques semblent ici clairement l’emporter. Devant la série de questions sans réponse, devant l’absence d’un avis scientifique d’ensemble sur ce projet, il doit aller plus loin. Un véritable temps d’arrêt est nécessaire. Le certificat d’autorisation à TransCanada doit être révoqué et le Bureau d’audiences publiques en environnement, mandaté.

Plusieurs écologistes ainsi que le critique péquiste en matière d’environnement, Sylvain Gaudreault, l’ont rappelé, la Loi sur le développement durable, adopté à l’ère Charest, impose au gouvernement de prendre en compte le principe de « précaution » dans le cadre de ses différentes actions. « Lorsqu’il y a un risque de dommage grave ou irréversible, l’absence de certitude scientifique complète ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir une dégradation de l’environnement », peut-on lire à l’article 6. Et il s’applique éminemment ici.


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