Washington, Power Corporation, West Island…

Pourquoi toujours s’incliner devant les forces qui écrasent notre peuple ?

Hostilité à l'indépendance


Un jour, sous la direction d’un Pied Noir peut-être assez nostalgique de l’OAS pour se reconnaître dans nos propres Rhodésiens, l’ADQ présente une motion à la plus grande gloire de cet Empire yankee dont Ottawa n’est, de plus en plus, qu’une succursale.
Que font alors les élus qui prétendent porter le flambeau de l’indépendance du Québec ? Ils acquiescent. Comme de bons petits toutous.
Plus tard, Le Devoir nous informe qu’un ambassadeur étatsunien n’a eu aucun mal à constater que le gouvernement Charest est à la remorque de Power Corporation et de cette richissime famille qui, depuis plus quarante ans, met sa fortune et ses journaux au service de l’ordre colonial établi. Les plus politisés des nôtres n’ont jamais douté de l’inféodation du PLQ à des intérêts plus ou moins occultes, mais la nouvelle du Devoir n’en prend pas moins l’allure d’une éclatante confirmation.
Que font alors les défenseurs attitrés de la cause indépendantiste ? Ils passent vite à un autre sujet.
Avec son empire financier aux mille tentacules, le Seigneur de Sagard est à coup sûr notre ennemi juré et peut-être même le pire de tous. Que sa volonté l’emporte sur celle du peuple et que cela illustre bien tout ce qu’a d’anti-démocratique le régime colonial dont il est un pilier, c’est vrai, oui, mais il ne faut pas trop en parler, voyez-vous, sinon… Sinon quoi ? Sinon les scribes à sa solde nous ignoreront et nous sombrerons dès lors dans le néant médiatique ? Très bien, alors ne le dénonçons pas et laissons-le continuer à nous détruire. C’est plus simple. De toute évidence.
Et maintenant, voilà qu’un autre bonze de la finance, courtisé par le parti du Pied Noir, persiste à nous traiter de fascistes, en répétant le mot dix fois plutôt qu’une !
Là encore, comment réagissent nos porte-parole officiels, ceux-là même sur qui le sieur Jarilowski crache son venin ? Ils avalent. Peut-être en grimaçant, mais ils avalent.
Il y a une énorme poutre, bien réelle, dans l’œil de Jarilowski et de ses semblables. Mais sans doute, du côté du PQ, va-t-on s’attarder surtout sur la paille imaginaire dans le nôtre.
Et pendant ce temps, les universités d’une minorité qui forme à peine neuf pour cent de la population reçoivent toujours environ le quart des fonds publics alloués à l’enseignement supérieur.
Pas un mot là-dessus de nos chers représentants. Tout va bien, madame la marquise.
C’est comme pour le CHUM. S’il finit un jour par sortir de terre, ce sera tout croche. Pourquoi ? Parce que la petite aristocratie du West Island exige son propre méga-hôpital universitaire et que même le parti qu’elle méprise n’ose la contrarier.
Par définition, une lutte pour l’indépendance est une lutte de libération nationale. Elle met aux prises des colonisateurs et des colonisés et, plus précisément, elle vise à affranchir les colonisés de la domination des colonisateurs. Or, cela soulève aujourd’hui une question fondamentale. Des indépendantistes peuvent-ils mener leur lutte en s’inclinant toujours, et avec obséquiosité, devant les forces qui dominent et assujettissent leur peuple ?
Washington, Power Corporation, le West Island… Tant que, devant les puissants de ce monde, nos porte-parole auront le réflexe pavlovien de se prosterner, il manquera à notre lutte pour l’indépendance l’esprit révolutionnaire qui doit l’animer.
Oui, l’esprit révolutionnaire. N’en déplaise à un Mathieu Bock-Côté, dont j’apprécie assez les articles contre le multiculturalisme mais très peu les autres, le peuple, même et surtout celui du terroir, le peuple, dis-je, ne tient aucunement à ce qu’on traite avec déférence les prédateurs qui, forts de l’argent et des armes, l’exploitent ou l’écrasent.
S’il y a un certain conservatisme chez le peuple, il est beaucoup plus culturel qu’économique ou politique. Il a pour objet certaines coutumes qu’on chérit à bon droit et non les privilèges scandaleux des Paul Desmarais de ce monde. Du reste, aux dernières nouvelles, l’esprit révolutionnaire fleurit bien peu chez les amateurs inconditionnels de babioles modernes dernier cri. C’est Félix Leclerc qui a composé et chanté [L’Alouette en colère->30229]. On imagine mal en faire autant avec ce pur produit de l’industrie capitaliste de la chanson qu’est une Pascale Picard. Ou quelque autre de ses avatars toujours pressés de se joindre aux plus forts, aux plus riches, aux plus puissants, tels des Elvis Gratton en apparence moins primaires que l’original. En apparence seulement.
***
Luc Potvin
_ Verdun


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10 commentaires

  • Yves Rancourt Répondre

    13 mai 2011

    Monsieur Potvin,
    Je relis à l'occasion des passages du livre à succès d'Albert Memmi, Portrait du colonisé..., et j'y trouve la réponse à votre question. Si on avait exigé de nos étudiants il y a 30 ans la lecture de ce petit essai en les amenant à dresser un parallèle avec la situation du Québec, il m'est permis de croire que nous serions aujourd'hui rendus plus loin dans notre démarche de libération nationale.
    Fort heureusement, cette situation déplorable n'est pas sans espoir.
    Salutations à vous.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mai 2011

    Merci à vous tous pour vos commentaires toujours intéressants et souvent judicieux.
    Sans prétendre en détenir le monopole, loin de là, j’ai le souci de la vérité. C’est pourquoi, après l’avoir tancé, je m’empresse de dire bravo au PQ, et en particulier à M. Bernard Drainville, pour avoir, aujourd’hui même, dénoncé publiquement les propos de Jarilowski.
    J’espère néanmoins que ce parti ne s’en tiendra pas à ce minimum minimorum. Le sieur Jarilowski mériterait de faire l’objet d’une petite enquête. Je ne songe pas à quelque intrusion dans sa vie privée, nous ne mangeons de ce pain-là. Je parle plutôt d’une enquête politique. Le bonhomme est milliardaire. Peut-être verse-t-il quelques bidous à des organismes aux visées politiques discutables, sait-on jamais ? Je ne le présume pas, je l’ignore. Je dis seulement que, quand un individu profère les pires calomnies, ses cibles ont bien le droit d’examiner un peu son parcours. Juste au cas où on y trouverait de quoi lui faire retomber son crachat sur le nez.
    Cela dit, certains, parmi vous, ont approuvé, dans mon texte, ce qu’ils ont vu comme une dénonciation de notre mentalité de colonisé. Ils n’ont pas tout à fait tort, mais pas tout à fait raison non plus. Après 251 ans de colonialisme, que notre peuple ait toujours, dans son ensemble, une mentalité de colonisé, je trouve cela plutôt normal. Ce qui me désespère, c’est le fait que cette même mentalité de colonisé caractérise, dans une large mesure, le discours et l’action du parti même qui se présente comme la locomotive du mouvement indépendantiste. On dirait que ce parti croit qu’il faut d’abord que le peuple lui-même perde sa mentalité de colonisé pour qu’ensuite nous puissions faire l’indépendance. Cela, c’est mettre la charrue avant les bœufs.
    Monsieur et madame Tout-le-monde ont la mentalité qui correspond à la situation objective dans laquelle ils se trouvent, c’est-à-dire dans laquelle se trouve notre peuple. Or, cette situation est celle d’un peuple colonisé. Il est donc normal que monsieur et madame Tout-le-monde aient une mentalité de colonisé. Pour qu’ils perdent cette mentalité de colonisé, il faut d’abord que soit changée du tout au tout la condition politique de notre peuple.
    Est-ce à dire qu’il n’y aurait donc que la violence armée pour réaliser l’indépendance ? Heureusement, non. Si aucune rhétorique ne suffira jamais à émanciper six millions de consciences individuelles, en revanche un discours franchement aux antipodes de la mentalité de colonisé transformerait à coup sûr assez d’esprits pour que se forme une sorte d’avant-garde politique capable d’entraîner à sa suite la masse du peuple.
    Je vous prie de m’excuser, mais quand le PQ lui-même s’écrase devant ce que j’appelle la petite aristocratie du West Island, on ne peut décemment reprocher à Jos Bleau sa crainte d’éventuelles représailles du colonisateur advenant l’indépendance. Jos Bleau, il a à tout le moins besoin qu’on lui dise enfin que si lui ou ses enfants ont ou auront du mal à aller à l’Université de Montréal, vu l’explosion des frais de scolarité, c’est en bonne partie parce qu’il y en a trop, beaucoup trop pour McGill. Et que le sort qui les attend, lui et ses enfants, si on ne fait pas l’indépendance, sera bien pire que toutes les représailles imaginables et, du reste, incertaines.
    Le RIN, à l’époque, tenait un tel discours. Par allergie, le MSA l’a censuré. Depuis, on piétine. À peu près laissé à lui-même, tenu à l’écart de la culture générale par une école au service de plus en plus exclusif de la « free enterprise » et exposé en permanence à une télé abrutissante, notre peuple ne démérite quand même pas tant que ça des espoirs que nos aïeux ont pu fonder en lui. N’a-t-on pas souvent la curieuse impression qu’il est même prêt à aller plus loin, beaucoup plus loin que ne le convie son élite politique et que c’est elle, bien plus que lui, qui constitue un frein à la marche en avant de la nation ?
    Enfin, pour terminer sur une note technique, je signale que l’avant-dernière phrase de mon texte ci-haut aurait dû se lire ainsi : « On imagine mal en faire autant ce pur produit de l’industrie capitaliste de la chanson qu’est une Pascale Picard » au lieu de « On imagine mal en faire autant AVEC ce pur produit de l’industrie capitaliste de la chanson qu’est une Pascale Picard ».
    C’est M. Frappier — qui d’autre ? — qui a ajouté le mot « avec » et je ne lui en veux pas du tout. Primo, parce qu’avec cet ajout, la phrase se lit quand même fort bien et le sens n’est pas vraiment altéré. Et, secundo, parce que j’imagine bien dans quelles conditions difficiles M. Frappier abat la tâche colossale qui est la sienne et pour laquelle il a droit à toute notre gratitude. J’en suis d’autant plus conscient que la plupart des textes que je lui envoie, je les écris moi aussi dans des conditions assez particulières. Simple commis de bureau travaillant le soir, c’est en quelque sorte en cachette, bribe par bribe et à la va-vite que je les rédige sur mes heures de boulot. Obligé de gagner ma pitance, je ne crois pas faire pour autant partie de ces « envieux dorlotés » que, du haut de sa tour d’ivoire, le milliardaire Jarilowski se plaît à rabrouer en des termes qui dénotent moins une lecture intelligente de Nietzsche qu’un très fort penchant au darwinisme social. Penchant peu démocratique, admettons-le, voire même quelque peu… euh… fascisant ? Oui, c’est bien cela, fascisant.
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mai 2011

    Combien de fois avez-vous écrit aux gens concernés?
    Combien de vos propos firent leur chemin jusqu'à l'àrène publique?
    Il y a tout simplement des gens en place qui filtre nos propos parfois trop virulent...
    Le problème n'est ni le messager, ni le destinataire...
    C'est l'intermédiaire...
    Ce que vous décriez relève du fait que l'intermédiaire de nos adversaire fait ben sa job...
    Avant de démolir la lamborghini de notre adversaire à coups de masse, je propose qu'on remplace notre auto en carton avec les cordes en bretelles pour un véhicule performant...
    Sans faire les vandales...
    Bien qu'un sentiment vindicatif puisse vous animer...
    Nous vivons une belle période... les prochains 4 ans seront succulents.
    Il ne faut qu'attendre...
    Pourquoi pas s'acheter un peu de maïs soufflé?
    Oui... peut-être qu'on va se faire brasser... mais la vérité sera faite quand à l'avenir collectif des 2 nations principales de ce territoire.
    Pis on a même pas besoin de lever le p'tit doigt...
    Nice!
    Avec une maison, un terrain, une femme, des enfants pis des dettes... t'as pas ben ben l'temps d'aller te battre...
    ÇA! c'est notre problème....

  • Lise Pelletier Répondre

    13 mai 2011

    M.Potvin,
    la réponse à votre question n'est-elle pas dans la question elle-même
    "toujours s'incliner devant les FORCES qui ÉCRASENT"
    Les québécois doivent devenir ces FORCES mais pour ce faire, l'immobilisme doit être combattu. L'implication de tous est requise pour manifester contre la corruption qui sévit au Québec appuyé en cela par les médias fédéralistes de Gesca/Québécor et leurs pions respectifs.
    Quel sera l'acte ou l'événement puissant qui éveillera et amènera les Québécois à la révolte ?
    Nul ne sait pour le moment mais cela viendra, la balance de la justice va se recentrer.
    Lise Pelletier

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mai 2011

    Le Devoir n'est pas plus indépendant que les autres médias et ne fait qu'entretenir l'illusion du PQ comme étant un parti d'opposition. Les "fuites" wikileaks sont planifiées, voyons. Ils font ça depuis que les journeaux existent.
    Tous les partis politiques et politiciens qui font la une des journeaux, TOUS SANS EXCEPTION, font partie du groupe des "guignols". Ils ne décident de RIEN. Les États ne décident de RIEN. Ce ne sont que les théâtres des guignols.
    Le groupe au dessus des guignols sont les multinationales et leurs financiers-spéculateurs. Ce sont les Power Corp, les Jarislowsky-Fraser, les BHP Billiton, Barrick Gold, etc... Ce ne sont pas des personnes, mais des corporations dont les dirigeants (Desmarais, Asper, Murdoch, etc...) transmettent aux guignols (médias et politiciens) les ordres du groupe au dessus d'eux.
    Ce dernier groupe décide de TOUT. Ce sont les banques centrales. Ce sont elles qui font les guerres, les Ben Laden, les nouveaux pays, l'argent, les crises financières, TOUT.
    Ces trois groupes sont les véritables fascistes. Le fascisme corporatiste capitaliste.
    Contrôler la monnaie en l'accumulant afin qu'elle ne puisse servir à créer. Les citoyens deviennent alors dépendants et sont réduits à quémander leur droit à contribuer au bien de la collectivité.
    C'est un système malade et destructeur.
    La pire chose est de participer à la pièce de théâtre des guignols.
    Il faut sortir le public dehors, dans le vrai monde et la vérité.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mai 2011

    Oui, Luc Potvin, vous avez une bonne plume ici depuis 2006. Si vous continuez on vous lira...
    Que dit Jarislowski? "« La logique de ceux qui ont un complexe d’infériorité, la logique de ceux qui sont envieux, de ceux qui sont dorlotés, n’a pas beaucoup en commun avec le gros bon sens », ajoutait l’expert financier."
    Le pur langage du parvenu. Que les autres fassent comme moi. Ou qu'ils continuent à baver en m'enviant, moi qui suis né du peuple fait pour la finance et pour l'interdit de la critique. Quand l'atavisme ouvre tous les droits à se prononcer en dehors de sa spécialité, les généralités mènent à la pure bêtise: prôner la partition du Québec pour éviter une nouvelle shoa.

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    13 mai 2011

    Monsieur Potvin,
    Vous mettez le doigt sur un aspect capital:
    La dimension CULTURELLE de la domination et de la soumission.
    Un peuple conditionné, manipulé, séduit, abusé, apeuré, ameuté, appâté et étouffé a de la difficulté à entendre certains raisonnement et à considérer certaines idées différentes de la norme.
    La norme concerne les prescriptions du «vivre en société», le structures socio-économiques et les conventions culturelles.
    Le baratin des idéologues de la nouvelle gauche ou de la nouvelle droite n'y changera rien.
    Nous ne sommes PAS maîtres de nos ressources naturelles, nous ne sommes PAS maître de notre territoire, un noyau DUR de Rhodésiens refuse le fait français à Montréal, des financiers et d'obscurs lobbies pervertissent la vie politique et nos leaders sont corrompus «à l'os».
    Alors, AVANT de brasser des concepts politiques, il faut faire de la SOCIOLOGIE des masses.
    Et, réaliser à quel point notre peuple (incluant nous-même bien évidemment) est dominé, conditionné et soumis à une idéologie qui promeut sa disparition. Lord Durham est toujours vivant dans la tête des dominants.

  • @ Richard Le Hir Répondre

    13 mai 2011

    M. Potvin,
    Se tenir debout n'est pas une posture normale pour ceux à qui l'on a appris de vivre à genoux. Et les habitudes fortement ancrées dans l'histoire sont difficiles à briser. Il faut s'armer de patience, ne jamais renoncer, et savoir qu'on sera condamné à jouer les Sisyphe jusqu'au jour où la lumière finira par se faire et que tout un peuple se redressera d'un coup.
    Cela dit, votre propos est pertinent, vous avez une bonne plume, et j'aurai plaisir à vous relire dans l'avenir.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mai 2011

    Que fait Pauline?
    Elle ordonne à ses députés de ne plus contribuer au journal Le Québecois et certains d'entre eux vont même plus loin en boycottant Vigile!

  • Laurent Desbois Répondre

    13 mai 2011


    voir :
    Pontiac Québécois et le role de l’Église
    http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2007/les-sacrifies-de-la-bonne-entente.html
    LES SACRIFIÉS DE LA BONNE ENTENTE
    Lundi 18 novembre 2002