Pourquoi pas un sommet sur l'avenir de la gouvernance publique?

Individuellement et collectivement, nous avons le devoir de nous questionner publiquement sur la performance et l'imputabilité de nos services publics.

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L'auteur constate malheureusement que tout se passe comme si nos gestionnaires publics et nos élus faisaient semblant de ne pas comprendre le message de la population, qui n'a tout simplement plus confiance dans la gouvernance publique en général.
Photothèque Le Soleil

Pour faire face à la corruption et la collusion dans les contrats publics, je suggère une réflexion profonde, sans tabous politiques, idéologiques ou corporatistes en faisant un Sommet sur la gouvernance publique au Québec.
Je constate malheureusement que tout se passe comme si nos gestionnaires publics et nos élus faisaient semblant de ne pas comprendre le message de la population, qui n'a tout simplement plus confiance dans la gouvernance publique en général. Depuis des mois, il ne se passe pas une journée sans que nous apprenions que les fonds publics soient systématiquement dilapidés sans que personne n'en soit tenu responsable. Qui gère quoi? Qui décide quoi? Impossible de le savoir. Tout le système de gestion de la gouvernance publique est conçu pour que personne ne soit responsable de rien. Pourquoi? Parce que cela s'est toujours déroulé ainsi et que les lois sont faites pour être interprétées, donc souvent contournées sans éthique publique, sans reddition de comptes.
Au contraire, nos principaux dirigeants publics bénéficient de généreuses primes de séparation et de bonus annuels même si leur gestion est non performante, pour ne pas dire désastreuse. De plus, est-il nécessaire de rappeler l'apparence de corruption et de collusion non seulement dans le secteur de la construction, mais aussi dans le domaine des appels d'offres de contrats publics, que ce soit dans le secteur informatique, les garderies privées, les PPP, les compteurs d'eau, alouette je t'y plumerai... Enfin, le financement des partis politiques est devenu une vrai passoire qui permet à certains de manipuler les décideurs publics pour leurs intérêts personnels plutôt que l'intérêt public.
Dans un tel contexte, comment ne pas s'étonner que la population exige un virage majeur au niveau de la reddition de comptes, de l'éthique et de la gouvernance publique? Nous sommes mal gouvernés et sur-gouvernés. Voici mes suggestions sur ce que pourrait être le menu d'un Sommet sur la gouvernance publique au Québec :
Nous devons définir un code d'éthique avec des dents pour la responsabilité publique, et cela commence par l'évaluation de la performance de nos services, de nos gestionnaires et de nos élus. Comment peut-on renforcir le mode de reddition de comptes pour les élus municipaux et provinciaux? Doit-on mieux rémunérer nos élus? Devrait-on établir un mécanisme public permettant de destituer un élu trop corrompu? Avons-nous abandonné la gestion de nos services publics à une élite de gestionnaires qui ne défend que ses intérêts et qui est souvent en conflit d'intérêts ou sous l'influence d'intérêts corporatistes douteux? Le mode de nomination à des postes stratégiques et le départ à la retraite de milliers de fonctionnaires ne représentent-ils pas un terreau fertile favorisant la collusion, voire la corruption? Comment peut-on empêcher le copinage?
Deuxièmement, y a-t-il des dédoublements et du gaspillage de ressources? Certains veulent abolir les commissions scolaires et les structures régionales en santé, est-ce utile et nécessaire? Est-ce que cela contribuera à affaiblir nos institutions publiques et à favoriser la collusion? Enfin, nous devons évaluer le coût réel de chacun de nos services publics et la meilleure façon de gérer ces services. En effet, personne au Québec ne sait vraiment ce que coûtent les services publics que nous offrons à la population et quelles en sont les retombées bénéfiques pour la société. Y a-t-il moyens de réduire nos coûts? Peut-on offrir de meilleurs services autrement? Tous nos services publics sont-ils indispensables? Qui est le meilleur donneur de services publics? Le secteur privé ou le secteur public? Doit-on mettre ces deux secteurs en concurrence?
Bien sûr, certains diront qu'un sommet sur la gouvernance publique coûtera cher et prendra du temps. Pour ma part, je crois qu'il est temps de remettre en question le mode de gouvernance publique issu de la Révolution tranquille. 50 ans plus tard, ce n'est pas un luxe. À cette époque, les Québécois ont largué le régime Duplessis corrompu et le corporatisme religieux pour un corporatisme d'État ayant tous les pouvoirs, un État devenu maintenant un monstre bureaucratique, sans gouvernail et infiltré par le crime organisé!
Individuellement et collectivement, nous avons le devoir de nous questionner publiquement sur la performance et l'imputabilité de nos services publics.
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Jean Baillargeon, expert-conseil en communication et développement stratégique
Québec


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