Jean Baillargeon - L'auteur est expert conseil en communication et développement stratégique.
Le sondage Léger-marketing du 16 juin dernier est impitoyable pour le mouvement étudiant québécois. Il s'agit là d'une grande défaite face à l'opinion publique, malgré la bonne prestation de ces leaders, devenus des rock stars des médias.
En effet, 56% des répondants sont davantage favorables à la position du gouvernement contre 35% qui sont favorables à la position des étudiants. Avec un écart de 21% en faveur de la position gouvernementale d'augmenter les droits de scolarité de 254$ par année pendant les sept prochaines années, pour une augmentation totale de 1780$, le mouvement étudiant est tombé dans le piège de l'anarcho-spontanéisme (la maladie infantile du mouvement étudiant), de l'éternelle victoire d'estime, ce qui, pour les étudiants représentent un net recul économique et social.
Faut-il s'étonner, dans un contexte pré-électoral, que le mouvement étudiant devienne, sans s'en rendre compte, le principal allié du gouvernement pour que ce dernier se fasse réélire lors des prochaines élections? Qui l'eût cru? Les astres semblent s'aligner, comme par hasard, pour que le déclenchement de l'élection coïncide avec le début de la prochaine session de rattrapage collégial prévue à la mi-août dans les 14 cégeps encore en grève.
La loi 78 étant en vigueur, elle qui interdit toute manifestation ou piquet de grève empêchant le bon déroulement de la rentrée, le gouvernement du Québec ne peut qu'espérer que le mouvement étudiant bloque les entrées des établissements pour raviver le climat de confrontation et de désordre. Un tel scénario, permettrait au gouvernement de déclencher des élections sur le thème de la loi et le bon ordre. Dans de telles circonstances, il pourrait remporter un quatrième mandat.
Les leaders étudiants auront-ils la lucidité de ne pas tomber dans le piège de la confrontation et du radicalisme au mois d'août? À cause du radicalisme du mouvement étudiant, le gouvernement a retrouvé une certaine sympathie au sein de l'opinion publique, malgré l'usure du pouvoir et le climat de corruption actuel. Après avoir perdu la bataille de l'opinion publique quant à l'augmentation des droits de scolarité, les stratèges étudiants réussiront-ils à perdre également la guerre électorale au mois d'août prochain?
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