Pourquoi adopter une Constitution québécoise

Donnons à notre Québec un visage qui lui ressemble vraiment. Donnons-nous un pays qui nous ressemble !

Actualité québécoise - vers une « insurrection électorale »?

Aux sympathisants, militants et élus du mouvement indépendantiste québécois.
Ce texte n’a pas non plus pour but de déterminer quel type de constitution le Québec doit avoir; il ne fait que présenter un moyen de l’obtenir. Si les idées présentées dans ce texte venaient à être appliquées, elles auraient d’énormes conséquences dans le débat Canada-Québec.
Comme vous le savez, dans les 50 dernières années, le mouvement indépendantiste a pris de l’ampleur au Québec jusqu’à son apogée dans les années 90. En fait, depuis la perte du référendum de 1995, on sent que le projet pays est au point mort. Les partis politiques en parlent à peine et les mouvements populaires sont de plus en plus impopulaires auprès de la population en général. Dans ce contexte, il ne fait aucun doute, vous en conviendrez, que le débat doit être renouvelé. La meilleure façon de le renouveler, c’est en adoptant une Constitution québécoise, car nous offrons un véritable choix aux Québécois et Québécoises.
Du vieux au nouveau débat
En effet, depuis le début, le débat sur l’indépendance tourne surtout autour du « pour ou contre le Canada »; quoiqu’on en dise et peu importe les variations possibles, le débat est le même. Les arguments massue du référendum de 95 n’étaient-ils pas « ils n’ont pas voulu de nous en 80 ni à Meech » ? Ainsi, il apparaît que l’adoption d’une constitution servirait à changer les termes du débat. En effet, au lieu de discuter des vertus et des défauts du Canada, le débat porterait sur l’option 1, soit la Constitution canadienne et ses imperfections, et l’option 2, soit une Constitution québécoise représentant les valeurs et les intérêts de la société québécoise. De plus, l’adoption d’une constitution à l’avantage de concrétiser le projet de pays. En effet, pour parvenir à ce type de débat, on doit évidemment rédiger et adopter une Constitution québécoise auparavant. Tout projet de constitution ne remettant pas fondamentalement en question le parlementarisme britanno-canadien serait un projet inutile. On ne fait pas l’indépendance pour recréer les institutions dont on veut sortir. De plus, les affrontements politiques entre fédéralistes et souverainistes ne se feraient plus seulement sur une idée abstraite du pays, mais bien sur l’idée concrète du pays contenu dans une constitution écrite, adoptée par l’Assemblée nationale et accessible à tous. Même le référendum en serait modifié. En effet, il ne porterait plus sur la volonté ou non de devenir indépendant, mais bien davantage sur le choix de la Constitution applicable.
La Constitution québécoise
La Constitution du Québec doit représenter les valeurs et intérêts de la nation québécoise et elle doit être la constitution du pays que nous voulons créer. Ainsi, le projet de constitution doit prévoir des clauses pour construire le pays que nous voulons. Par exemple, l’article 1 d’une telle constitution pourrait stipuler que « le Québec est une république francophone, laïque et indépendante ». Nous pourrions aussi y annexer une Charte de la laïcité, une Charte de la langue française telle qu’elle était en 1976 et même plus audacieuse encore en plus de notre bonne vieille Charte des droits et libertés de la personne, pour ainsi leur attribuer un statut constitutionnel, donc supralégislatif; statut qu’elles n’ont pas présentement. Par contre, force est de constater qu’à l’évidence une telle Constitution serait incompatible avec la Constitution canadienne présentement en vigueur. Plusieurs constitutionnalistes abondent dans le même sens. Cela ne doit par contre pas nous empêcher de l’adopter telle que nous voudrions la voir une fois le Québec libéré. Mais comment la protéger du fédéral ?
La clause d’inopérabilité
Afin d’éviter que le gouvernement fédéral, par l’entremise de sa Cour suprême, n’invalide notre Constitution, nous devons user de ruse. Cette ruse s’affirme en fait par l’insertion de clauses d’inopérabilité dans notre Constitution québécoise. Ces clauses auraient essentiellement pour but de rendre inopérantes (donc non applicable) toutes les clauses de notre Constitution allant fondamentalement à l’encontre de la Constitution canadienne, sans toutefois les invalider. De sorte que la Cour suprême du Canada ne pourrait pas invalider notre Constitution puisqu’elle ne conteste ni ne change l’ordre juridique canadien immédiatement. La Constitution du Québec serait ainsi protégée dans son intégralité par les clauses d’inopérabilité. De sorte qu’elle pourrait vraiment construire le pays du Québec, le concrétiser, sans avoir peur d’être charcutée de tout côté par la Cour suprême canadienne. Ces clauses d’inopérabilité resteraient en vigueur tant et aussi longtemps que le Québec ne deviendrait pas un État souverain. Par exemple, une telle clause pourrait se lire ainsi : « les articles 1 à 10, 15, 18 à 29, et 35 à 45 de la présente loi sont inopérants jusqu’à la déclaration d’indépendance du Québec ». Cette clause aurait aussi pour effet d’attribuer un statut constitutionnel à une déclaration d’indépendance, puisqu’elle viendrait amender la Constitution.
La clause d’inopérabilité contenue dans la Constitution du Québec nous offrirait des avantages. D’abord, en ayant une idée concrète du pays du Québec, le débat n’est plus pour ou contre le Canada, mais plutôt, comme je l’ai dit plus haut, de déterminer qu’elle constitution nous voulons voir s’appliquer. Le rapport de force est ainsi complètement inversé en faveur de l’indépendance. La clause permet également de combler une partie du vide juridique que causerait l’indépendance. En effet, comme la Constitution prévoirait les modalités d’exercice du pouvoir, les grandes lignes du mode de scrutin, la forme et le fonctionnement des institutions démocratiques du Québec souverain, l’argument fédéraliste du vide juridique ne tient plus. De plus, pour les adeptes de la démarche étapiste, la clause d’inopérabilité permettrait aussi la tenue de référendums sectoriels sur des parties de la Constitution, même si un référendum sur l’ensemble est plus approprié. Par exemple, « souhaitez-vous que les articles X à Y de la Constitution québécoise tombe applicable? ». Point de vue international, l’adoption d’une constitution comportant une telle clause aurait l’avantage de rassurer nos partenaires internationaux quant à nos aspirations et notre volonté. De sorte que cela pourrait faciliter notre reconnaissance internationale. Finalement, et pour les purs et durs, l’adoption d’une telle constitution est un acte de défiance ultime envers Ottawa et nous rapproche plus que jamais de l’indépendance. C’est le plus grand geste de rupture que nous puissions imaginer, puisque par sa rédaction, sa publication et finalement son adoption par l’Assemblée nationale, nous affirmons haut, fort et d’un coup tous les griefs que nous avons envers le Canada, et ce que sont les valeurs fondamentales de la société québécoise. L’adoption par l’Assemblée nationale de la Constitution est par contre essentielle, puisqu’elle a pour effet de la rendre effective. Plus de remise en question, c’est celle-là que nous avons et c’est de ça qu’aura l’air le pays que nous construirons. « L’acceptez-vous? » sera la question que nous poserons à la population.
Conclusion
En terminant, j’espère vous avoir convaincu du bien-fondé de l’adoption d’une Constitution québécoise, tant pour le mouvement indépendantiste que pour la société québécoise dans son ensemble. Il est évident qu’une telle constitution serait critiquée de toute part par les fédéralistes, mais dans tous les cas, nous pourrions toujours rétorquer qu’elle est plus fonctionnelle et plus représentative des valeurs québécoises que ne l’est la Constitution canadienne. Cette constitution doit par contre être le fruit d’un processus de réflexion non partisan. Invitons les membres des autres partis politiques autour d’une table, invitons aussi les radicaux et quelques fédéralistes. Donnons à notre Québec un visage qui lui ressemble vraiment. Donnons-nous un pays qui nous ressemble !
Marc-André Pharand

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Marc-André Pharand12 articles

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Étudiant en
Affaires publiques et Relations internationales à l'Université Laval,
Blogueur, Militant politique. Combat l'entêtement idéologique !

Québec





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20 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mai 2010

    Seule une Assemblée constituante multipartiste nommée à la suite d'une élection mandataire jouirait de la légitimité nécessaire à la rédaction d'une Constitution québécoise dont l'adoption par le peuple officialiserait notre accession de facto à l'Indépendance. Sinon, il ne s'agirait que d'un jeu intellectuel parfaitement stérile sur le plan de la stratégie politique.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 avril 2010

    Bonjour Marc-André,
    D'abord, j'aimerais savoir ce que tu entends par pur et dur, ou radical. Ensuite, sans vouloir défendre la Constitution canadienne, je me rappelle avoir vu un sondage montrant qu'elle avait une bonne réputation, même au Québec, sans que cette perception positive soit aussi importante qu'au Canada-anglais, bien sûr.
    Ainsi, à choisir entre deux constitutions, il est fort probable que le statu quo l'emporte, car une constitution comporte de très nombreux principes, valeurs et concepts, parfois assez abstraits, qui ne font pas monter la ferveur partisane à une température aussi élevée que lorsqu'on demande aux gens s'ils sont pour ou contre l'indépendance de leur État. L'intérêt pour une question portant sur le choix d'une constitution serait par conséquent moins grand.
    L'indépendance est un principe clair. Il se rapporte à un concept clair, celui de la liberté. Si on demande aux gens de se prononcer pour ou contre une constitution, il faut d'abord qu'ils en prennent connaissance... Or, il est tout à fait irréaliste de penser que des masses de gens vont se précipiter sur ce document et vont le lire de A à Z, sans compter qu'ils devront aussi s'informer du contenu de la Constitution canadienne. Moi-même, qui m'intéresse à la politique de façon sérieuse, je trouverais l'exercise ennuyant à mourir.
    Cela dit, je suis pour la rédaction d'une constitution, que ce soit avant ou après le référendum sur l'indépendance, mais je considère que c'est tenter de faire passer l'indépendance par la porte d'en arrière que de vouloir l'inclure parmi un tas d'autres principes, qui seraient eux aussi dans cette constitution à faire approuver.
    Comme je le reproche à plusieurs indépendantistes, cette volonté de définir en priorité et dans les moindres détails ce que serait un Québec indépendant me semble reléguer la réalisation de l'indépendance au second rang. En effet, bien qu'une constitution établisse les principes fondamentaux d'un pays, il va de soi qu’après l’indépendance du Québec, il y aura des gouvernements de gauche et de droite, bons et mauvais. Cela signifie que ces gouvernements changeront la société québécoise, laquelle sera plus ou moins socialiste, plus ou moins conservatrice. Bien sûr, ces gouvernements obéiront à la constitution, mais ils reflèteront aussi l’identité des Québécois de leur époque. Si, en 2072, il n’y a que des partis de centre-gauche au Québec et que la notion de gauche-droite fait partie du passé (la droite pouvant ressurgir en 3022, disons…), les Québécois choisiront le meilleur parti, c’est tout.
    La vérité, c’est que la plupart des gens n’adoptent pas une doctrine ou une idéologie de façon aussi tranchée que certains partisans peuvent le faire. Cette majorité silencieuse ne se reconnaît pas dans les extrêmes politiques, qu’ils soient de gauche ou de droite. Comme on dit, le pouvoir est au centre et si un parti est incompétent, le peuple le met dehors, point. Les indépendantistes qui mettent des conditions à l’indépendance, comme une constitution, comportant tel ou tel élément, passent à côté de l’urgence de faire l’indépendance. Une fois celle-ci réalisée, on aura tout le temps (l’éternité, c’est long, surtout vers la fin) de « construire le Québec de demain », de « faire un projet de société », de « créer un Québec solidaire ! »…
    Ce que je regrette, c’est que beaucoup ont tendance, comme Falardeau le disait, « à discuter de l’aménagement intérieur de la chaloupe pendant qu’elle est en train de couler ».
    Je le répète, je n’ai rien contre l’idée de faire une constitution, avant ou après l’indépendance, mais je crois qu’il s’agit d’un acte bien distinct d’une déclaration d’indépendance, qui suivrait la victoire du OUI au référendum… portant sur l’indépendance.
    J'ajouterais, en terminant, que trop de gens se soucient du droit canadien quand il est question de l'indépendance du Québec. Le droit canadien n'aurait aucune légitimité face à une volonté politique exprimée démocratiquement par le peuple québécois. Bref, le Politique est plus fort que le Droit, dans cette situation. Et puis, ne serait-il pas souhaitable que le fédéral, avec ses grosses bottines, s'attaque à la nouvelle constitution québécoise, lui reprochant de contredire juridiquement la Constitution canadienne ? Je vois là la crise politique tant souhaitée par plusieurs et qui aurait le potentiel de jeter de l'huile sur le feu de la partisanerie, comme lorsque des Ontariens avaient piétiné le drapeau du Québec... Bref, une condition gagnante ! Or, avec ces clauses inopérantes que Marc-André propose, le fédéral va trouver les Québécois bien dociles, comme toujours...
    Laurent Cambon

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2010

    Voilà une excellente occasion pour les Québécois d’affirmer leur vision du Québec et surtout d’avancer. En attendant le grand jour où cette constitution sera celle du pays du Québec, elle pourra être symboliquement brandie en opposition à celle de 82 forçant ainsi les Canadiens du ROC et les fédéralistes québécois à se questionner sur la pertinence et la viabilité du Canada.
    Philippe Perrier

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2010

    Pour M.Gilles Bousquet: Il est évident que chacun des 6 millions des Québécois et Québécoises pouvant tenir un crayon n'ont pas à écrire chacun et chacune une phrase consensuelle à tous les autres. Je pense que vous, moi et tous les autres faisons partie de ce peuple et que nous pouvons selon nos talents et dispositions participer activement à la rédaction d'une constitution dans laquelle le peuple, en mojorité, saura se reconnaître. Divers points devraient faire l'objet de débats dans les organisations sociales, culturelles, politiques, économiques de manière que le plus grand nombre participe. Un comité de rédaction verrait à y mettre de l'ordre et à proposer un projet à soumettre à la volonté du peuple. Il est vrai que ma formulation ouvrait toute grande la porte à la mise au point de M. Bousquet que je respecte beaucoup. Le premier pas me semble être la mise en place d'une plateforme, regroupant des représentants de divers milieux sociaux, politiques, syndicaux, culturels et universitaires, qui assurerait le lancement et la coordination d'une pareille initiative.

  • Gilles Bousquet Répondre

    6 avril 2010

    M. Fortin écrit : «Toute constitution devra être l’aboutissement d’un débat permettant au peuple québécois d’en définir lui-même les contenus. »
    D'accord pour consulter le peuple québécois sur une constitution, pour qu'il puisse la ratifier, mais pas qu'il en définisse le contenu, parce qu'à des millions de mains, le dessein de la constitution québécoise aurait l'air de la vache qui est sortie du comité qui voulait dessiner un cheval.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 avril 2010

    Toute constitution devra être l'aboutissement d'un débat permettant au peuple québécois d'en définir lui-même les contenus. Une occasion de faire un relevé des nouvelles constitutions dont se dotent certains pays qui veulent une plus grande participation du peuple dans les affaires de l'État. Cet exercice aura pour effet de mobiliser les québécois et les québécoises sur un projet concret et de les impliquer en les faisant voter par référendum cette nouvelle constitution. Je ne vois pas une constitution sortir du chapeau de certains "lucides" que l'Assemblée nationale accepterait sans que le peuple ait d'abord donné son accord. Comme le dit un intervenant, ce point est fondamental. Le peuple doit être l'autorité suprême qui peut disposer de toute constitution.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 avril 2010

    Monsieur Pharand,
    Que voilà un excellent texte qui va dans le sens de la convergence souverainiste. Vous me rejoignez totalement, et rien de mieux qu'un exemple concret pour mieux faire comprendre ce sur quoi les divers éléments du mouvement souverainiste peuvent et doivent s'unir.
    Votre idée vise large et est susceptible de rallier le plus grand nombre. Le PQ et QS auraient intérêt à en prendre connaissance.
    Vivement une Constitution conçue en y associant la société civile!

  • Lionel Lemay Répondre

    5 avril 2010

    J'ai une copie d'une Constitution Nationale ainsi qu'une Charte Nationale des Devoirs et Droits Fondamentaux produite par M. Daniel Turp il y a 5 ou 6 ans mais les partis souverainistes les ont probablement oubliés sur une tablette car le grand public n'en a jamais entendu parler.
    J'espère que votre excellent texte parviendra aux oreilles des leaders de tous les partis souverainistes pour qu'ils puissent se rencontrer et étudier ensemble les documents de base soumis par M.Turp et les bonifier en tenant compte de vos suggestions. Il faut absolument qu'il y ait une coalition des partis souverainistes pour faire adopter une Constitution et une Charte du Québec par l'Assemblée Nationale. Peut-être que certains membres du Parti Libéral seraient même prêts à faire partie d'un comité de rédaction de ces documents, ce qui donnerait une meilleure acceptation par le public.
    Une fois acceptés par l'Assemblée Nationale, ces documents devraient être livrés dans tous les foyers du Québec et les chefs souverainistes devraent envahir les ondes et autres médias pour les expliquer au public avant d'en faire l'objet d'un référendum.
    Il faudrait aussi que les personnes agées soient informées que les pensions de vieillesse seraient payées par les fonctionnaires du RRQ et seraient peut-être augmentées vu les économies faites en n'ayant plus à payer les fonctionnaires d'Ottawa pour le faire. C'est la peur de perdre leur pension qui porte ces gens à refuser la souveraineté.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 avril 2010

    Excellent texte,
    je crois qu'il est souhaitable d'établir un débat sur la constitution car en plus de nous donner un cadre juridique et de nous donner la possibilité de revoir nos institutions, cela nous permet de nous poser comme peuple la question de notre avenir et cela met à l'avant scène la question de notre liberté comme nation.
    Excellent texte encore une fois mon cher Marc-André!

  • Archives de Vigile Répondre

    5 avril 2010

    Bonjour à tous et merci de vos appuis.
    Après avoir lu attentivement vos commentaires, j'en arrive à la conclusion que l'essentiel de mon propos a été mal saisi. En effet, l'idée de la constitution n'est pas nouvelle. Comme certains le font remarquer, le PQ a déjà proposer une loi de ce type en chambre et d'autres partis politiques indépendantistes le propose également. Là où ma proposition innove, je crois, c'est dans la clause d'inopérabilité. En effet, comme je le mentionne, cette clause permet d'adopter la constitution québécoise exactement comme la constitution que le pays du Québec aurait. En fait, ce serais la même !
    La clause d'inopérabilité viens donc la protéger tant de la Charte canadienne que du reste de la Constitution canadienne. Il ne fait auncun doute que nous pourrions utiliser l'art 33 de la Charte canadienne (clause nonobstant) pour rendre certains articles opératoire dès l'adoption de notre Constitution. Il faut par contre se rappeler que la clause nonbstant n'a d'effet que pour 5 ans... il faut donc constamment réaffirmer son application par un vote de l'Assemblée Nationale. Le danger survient donc lorsqu'il y a changement de gouvernement (s'il y a changement de gouvernement).
    Si on y repense, c'es un peu illogique comme solution. Pourquoi adopter une loi qu'on rend volontairement inapplicable ? c'est justement là que réside le secret de la clause d'inopérabilité et son innovation.
    D'ailleurs, je précise que cette proposition n'empêche pas non plus de faire une assemblée constituante. Simplement, cette assemblée pourrait se faire AVANT l'indépendance. Les termes du référendum qui en suivrait serait simplement : Quel constitution voulez-vous ? Celle qui vous a été imposé ou celle que vous avez construite ? la réponse est évidente d'autant plus que la Constitution reflèterait réellement le vouloir du peuple !
    @FP
    Il est évident, vu vos allégences politiques, que vous n'êtes pas d'accord avec la démarche référendaire. Par contre, le projet de Constitution n'empêche de faire comme en 1962 une élection sur le sujet. Mon propos ici n'a pas pour but de faire la promotion du référendum, mais plutôt de proposer un outil servant à mobiliser la population autour du projet de pays et de faciliter son adoption. Les méthodes d'accès à l'indépendance ne sont pas en lien avec ma proposition et cela demeure un autre débat.
    Marc-André Pharand

  • Gilles Bousquet Répondre

    5 avril 2010

    Faut se rappeler les projets de loi 195 et 196, qui ont été déposés en octobre 2007 par Mme Marois et le député Daniel Turp, proposent de protéger l'identité du Québec en favorisant la prédominance du français et grâce à l'adoption d'une constitution québécoise. De nouveaux programmes d'intégration des immigrants sont également inclus dans la proposition péquiste.
    Or plusieurs s'interrogent quant à la possibilité qu'une telle constitution québécoise aille à l'encontre de la Charte canadienne des droits et libertés. La chef péquiste compare la levée de boucliers qui a suivi le dépôt de ses projets de loi à celle qui avait suivi l'adoption de la loi 101 en 1977. «Je ne peux pas croire que 30 ans après la loi 101, on se questionne encore sur le bien-fondé de protéger la langue française.»
    L’ADQ, qui était alors l’opposition officielle du gouvernement minoritaire de m. Charest, n’a pas voulu appuyer Mme Marois dans son effort, prétextant que ce parti aimait mieux une simple déclaration de notre Assemblée nationale à la place d’une loi. C’était le temps de renverser le PLQ sur ça mais l’ADQ a fait l’erreur de sa vie en laissant passer cette occasion de montrer leur nationalisme, ce qui l’a coulé aux élections de 2008, par leur très grande faute.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 avril 2010

    M. Pharand,
    Vous dites: "La Constitution du Québec serait ainsi protégée dans son intégralité par les clauses d’inopérabilité. De sorte qu’elle pourrait vraiment construire le pays du Québec, le concrétiser, sans avoir peur d’être charcutée de tout côté par la Cour suprême canadienne. Ces clauses d’inopérabilité resteraient en vigueur tant et aussi longtemps que le Québec ne deviendrait pas un État souverain."
    Selon votre modèle, on devient un pays comment et quand?
    FP

  • Raymond Gauthier Répondre

    4 avril 2010

    Monsieur Pharand,
    Enfin une proposition rassembleuse et faisable à la fois.
    Nous pouvons dès maintenant plancher sur une telle démarche propre à rallier nos énergies diverses et multiples dans une grande marmite en ébullition : la Tribune de Vigile.
    Nous avons les moyens (les artisans et les ingrédients) pour la faire. Notre rêve commun en est la recette. Lorsque notre projet de Constitution sera à point, nous le diffuserons largement pour susciter un consensus et le faire adopter. Ce projet doit être initié par la base militante élargie, non par un parti politique. S’il est de nature à rallier et mobiliser, il sera vite récupéré par un parti politique. Qu’importe lequel. À moins qu’un soulèvement populaire peu probable ne renverse prochainement le gouvernement actuel. Pour le remplacer par qui ??? Changer 4 trente sous pour une piastre ?
    Ne pourrait-on pas faire une trêve à nos divisions démobilisantes ?
    Ne pourrait-on pas sortir de nos chapelles et de nos égos ?
    Ne pourrait-on pas faire un pacte mobilisateur, le temps de rédiger cette Constitution à notre image et inclusive, et reprendre nos discordes et altercations au lendemain du grand soir ?
    Ensemble, sympathisants, militants et élus du mouvement indépendantiste québécois, pour élaborer et faire adopter une Constitution québécoise !
    Raymond Gauthier

  • David Poulin-Litvak Répondre

    3 avril 2010

    Il faudrait éviter que la Constitution soit adoptée par l'Assemblée nationale, ou qu'elle ne soit modifiable que par l'Assemblée nationale, car cela prive le peuple du pouvoir constitutionnel. Pour moi, il est absolument essentiel que la constitution soit adoptée en référendum, et que le peuple, par la voie référendaire, puisse la modifier. Sinon, je serai contre, car le pouvoir de changer sa constitution est, en fait, la pierre angulaire de la démocratie. Un peuple qui en est privé n'est pas souverain.

  • Pierre Schneider Répondre

    3 avril 2010

    Parfaitement d'accord avec vous, monsieur. C'est ce que nous, républicains, prônons depuis plusieurs mois, sans que la classe politique ne semble vouloir s'éveiller à ce concept pourtant révolutionnaire.
    Une constitution républicaine d'abord ( adoptée par l'Assemblée nationale) et, par la suite un référendum populaire pour la ratifier et casser le cordon ombilical qui nous lie au Kanada.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2010

    Monsieur Pharang
    Je vous félicite pour votre idée. En effet, votre approche a le mérite de nous permettre de décider avant approbation officielle de ce que nous voulons dans notre constitution. Ainsi on ne pourra nous accuser de manigancer quoique se soit dans le dos de personne. Votre proposition est simple et clair. Définissons ensemble ce qu'il nous faut dans notre constitution mais avec la notation inopérable si le pays du Québec n'est pas déclaré et devenu officiel. Voyus pouvez compter sur mon appui et je vous invite à me contacter à ork@videotron.ca. Je vous suis dans ce projet.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2010

    Monsieur Pharand,
    Le 23 août 2009, monsieur Luc Archambault répondait à un envoi sur Vigile de monsieur Ivan Parent à propos de la lettre de madame Lise Payette dans le Devoir de la semaine précédente :
    “Cette fois ça fonctionnera parce que nous aurons cessé de remettre notre propre pouvoir d’action entre les mains de Messies. Nous n’avons pas suffisamment participé à ce à quoi nous conviait Jacques Parizeau en 1995 : la MOBILISATION SOUVERAINISTE. Voilà pourquoi nous avons raté une occasion de fonder un État valide. Cette fois il ne faut pas refaire la même erreur. C’est à nous, LE PEUPLE, à nous mobiliser. C’est ce que nous faisons ici, dans Vigile.
    Voilà un projet emballant !
    Tout le contraire du découragement et de la division de nos forces comptant sur des miracles qui ne viendront pas. Ce n’est pas des miracles dont nous avons besoin, c’est d’un patient travail en profondeur capable de MOBLILISER nos forces UNIES pour participer au concert des NATIONS-UNIES.”
    De mon côté, le 31 août, je répondais à monsieur Archambault :
    “C’est, comme vous l’écrivez vous-même, en cessant de remettre notre pouvoir d’action entre les mains de Messies que nous parviendrons à nos fins. Or ce pouvoir, il est collectif et c’est à la collectivité que nous devons nous adresser tout en mettant nos ego de côté. Ce n’est qu’en tant que collectivité que nous pouvons créer l’enthousiasme et générer l’impulsion nécessaire pour mettre en œuvre l’énergie libératrice du désir de dépasser nos appréhensions pour vaincre nos peurs et montrer à la face du monde le peuple que nous sommes. Peuple au sein duquel des artistes comme vous peuvent développer leur individualité et offrir en partage les fruits de leur créativité.
    Voilà ce qu’à mes yeux signifie la MOBILISATION SOUVERAINISTE à laquelle nous conviait Jacques Parizeau en 1995. Ne ratons pas une fois encore l’occasion de fonder « notre État » en nous perdant dans de vains pamphlets dont nous devrions nous rappeler qu’en pointant autrui du doigt, trois autres sont tournés vers nous. Je partage votre enthousiasme pour le pays. Continuez de nous en donner le goût comme tous ceux qui en ont le désir le font et demeurons solidaires. Ce ne sont pas les individus qui font les peuples, ce sont les collectivités. Les individus s’y épanouissent et font partie de la collectivité, cette collectivité formant le peuple.”
    Votre article d’aujourd’hui me rejoint parce qu’un projet de constitution me semble depuis fort longtemps être le seul moyen de bien faire comprendre à tous les québécois ce que signifierait « dire oui » à notre pays en même temps qu’il mettrait en lumière mieux que n’importe quel discours les valeurs, les principes et les lois fondamentales sur lesquels nous entendons édifier l’avenir de la nation que nous formons tout en faisant appel à notre intelligence.
    Oui, donnons à notre Québec un visage qui lui ressemble vraiment. Donnons-nous un pays qui nous ressemble !
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2010

    Je trouve excellente votre idée d'adoption d’une constitution québécoise. Lors du dernier référendum en 95, pour faire peur au monde, Charest parlait du grand "trou noir" dans lequel le Québec plongerait s'il votait oui à sa liberté.
    Votre projet a le grand mérite de faire disparaître cette peur injustifiée que les ennemis de la liberté exhibait pour influencer le vote. Elle change la donne et la dynamique du débat à la faveur du mouvement indépendantiste. Bravo pour cette idée simple et élégante pouvant, à coup sûr, nous rapprocher de notre objectif commun: l'indépendance.
    Jacques L. (Trois-Rivières)

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2010

    Tout projet qui mobilisera les Québécois (ses) pour bâtir un pays mérite qu’on s’y arrête et surtout que la base militante du PQ amène ce projet à bon port.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2010

    Pour une Constitution de l'État du Québec, dans la foulé de la Loi 99.
    (...)
    Cette Constitution pourrait être adoptée, dans un premier temps, sous réserve des articles 41 et 45 de la Constitution canadienne ; elle contiendrait une clause de rupture à être activée en temps opportun. Certains pensent qu’il faut plutôt attendre le lendemain du Grand Soir pour se doter d’une Constitution d’État, sinon on s’enferme soi-même dans la cage à castor canadienne.
    Je suis plutôt d’avis que la vaste consultation publique menant à l’adoption de notre propre Consultation d’État (et non de province) serait l’occasion d’un exercice pédagogique extraordinaire, lequel permettrait au peuple de dessiner les contours plus précis d’un pays ; un pas concret vers la rupture. Il est entendu que l’Assemblée Nationale postulerait que notre Constitution a préséance sur la Constitution canadienne, suivant en cela la posture prise dans l’adoption de la Loi 99 qui répudiait la Loi C 20. Il est à prévoir que cela mènerait à un conflit de légitimité entre les deux Constitutions. C’est ici que la clause de rupture prend toute sa pertinence ; le peuple aurait alors à trancher et faire un choix entre une Constitution qui lui fut imposée et celle qu’il se serait donnée démocratiquement. Le choix n’aura jamais été aussi clair. Bref, il y a là un positionnement stratégique obtenu sans grand risque.
    (...)
    http://www.vigile.net/La-burka-canadienne
    JCPomerleau