Nous aimerions faire écho au texte de Jerry Beaudoin paru le 24 avril dans la section Idées du Devoir sur la formation des enseignants, plus spécialement en ce qui concerne la langue. Cette formation est effectivement déficiente au Québec, et ce, tant en formation initiale que continue, et il est dommage que le Sommet sur l’éducation qui s’est tenu en janvier dernier n’ait pas même effleuré le sujet.
Concernant la formation des enseignants du préscolaire et du primaire, M. Beaudoin a raison d’affirmer que les cours de français ne sont pas en nombre suffisant. Il suffit de parcourir les programmes des universités pour constater que les cours dévolus à l’enseignement du français dépassent à peine un cours par année, ce qui représente environ 10 % de la formation. Comparativement à la formation offerte au secondaire, les étudiants qui se destinent à l’enseignement primaire reçoivent cinq fois moins de formation pour enseigner le français. Est-ce à dire qu’enseigner la lecture, l’écriture, la grammaire, l’orthographe et la communication orale au primaire, avec tout ce que cela comporte, serait moins exigeant qu’au secondaire, et qu’une formation élémentaire suffirait ? À constater la proportion d’élèves en difficulté dès les premières années de la scolarité, on serait plutôt enclins à penser que les enseignants doivent être très sérieusement outillés dans chacun des domaines d’enseignement, à commencer par le français, qui influence tous les autres apprentissages.
Si la situation est moins alarmante au secondaire, la formation n’en est pas moins inégale d’une université à l’autre, et plusieurs étudiants n’ont que très peu d’heures de cours leur permettant de bien saisir et comprendre le fonctionnement de la langue. Car il ne suffit pas de maîtriser sa langue pour l’enseigner, il faut aussi en comprendre le fonctionnement et être en mesure de l’expliquer et de le faire saisir par des élèves de 12 à 17 ans afin qu’ils développent de véritables compétences en lecture, en écriture et en langue orale. Ces compétences sont indispensables pour apprendre dans toutes les matières, elles sont inséparables du développement personnel, scolaire et professionnel des élèves. Il faut donc, bien entendu, des cours de grammaire, de linguistique et de littérature, mais aussi des cours de didactique, qui permettent de comprendre ce que l’on enseigne et comment les élèves apprennent.
La formation continue
En ce qui concerne la formation continue, nous pensons - et disons - depuis longtemps qu’elle devrait être obligatoire et régulière. Comment peut-on exiger de son garagiste qu’il soit à la fine pointe des dernières découvertes et ne pas revendiquer la même chose des enseignants, qui sont chaque jour avec les enfants qu’on leur confie ? Bien entendu, cette formation doit être pertinente et de qualité, ainsi il faut y accorder temps et argent. Elle doit être assurée par des personnes compétentes et permettre non seulement d’acquérir de nouvelles connaissances, mais aussi de réfléchir sur sa pratique.
À l’heure où l’on tente de rehausser la place du français (projet de loi 14), nous pensons, à l’instar de M. Beaudoin, qu’il faut avoir le courage de regarder ce qui se passe dans les classes de français, et ce, du primaire à l’université, et se doter d’une réelle politique d’amélioration de la langue, au risque de faire perdurer les reproches récurrents quant aux « piètres résultats » de nos jeunes aux épreuves de français, de la 6e année du primaire à l’entrée à l’université.
Formation des enseignants
Pour une meilleure maîtrise du français
Cette formation est effectivement déficiente au Québec, et ce, tant en formation initiale que continue
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé