Pierre Karl Péladeau se retire des opérations de Québecor

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C'est la suite qui va être intéressante...

Le geste était inattendu. Pierre Karl Péladeau cède les opérations quotidiennes de Québecor et Québecor Média (QMI) à Robert Dépatie, président de Vidéotron depuis 2003. Dans une allocution truffée de pauses causées par l’émotion, le bouillant et omniprésent président du géant des communications affirme vouloir désormais exercer un leadership-conseil et réserver plus de temps à sa famille et à ses oeuvres philanthropiques.
« Je veux être un bon père pour eux et je serai en mesure de passer plus de temps et partager davantage avec eux », a déclaré l’homme d’affaires de 51 ans, à propos de ses trois enfants. Il a, du même souffle, adressé des remerciements à sa conjointe, Julie Snyder, « qui est avec moi depuis le début de l’aventure de l’acquisition de Vidéotron et qui m’a toujours apporté son conseil, son amour et son soutien tout au long des enjeux cruciaux auxquels j’ai eu à faire face ».
Pierre Karl Péladeau assumera les fonctions de président du conseil de QMI et de TVA. Il agira également en appui à la présidente du conseil de Québecor, Françoise Bertrand, à titre de vice-président du conseil. Actuellement président et chef de la direction de Vidéotron, Robert Dépatie se voit confier les postes de président et chef de la direction de Québecor et de QMI. Manon Brouillette, présidente, Services consommateurs, deviendra présidente et chef de l’exploitation de Vidéotron.
Pierre Karl Péladeau oeuvre dans l’entreprise fondée par son père depuis 25 ans, dont près de 14 ans à la présidence. « Pendant de nombreuses années, ma vie s’est résumée à Québecor, bien souvent à l’exclusion de toute autre chose. Parce que l’on ne peut pas être un p.-d.g. à temps partiel, j’ai décidé de quitter mon poste et de consacrer mon temps autrement ainsi qu’à d’autres activités. Ma famille et moi croyons que le moment est venu pour moi de prendre du recul face à la gestion quotidienne de l’entreprise et de jouer un rôle différent en offrant des conseils et du leadership sur les projets stratégiques vitaux pour l’avenir de notre entreprise. » Il s’est empressé de souligner qu’« en tant que principal actionnaire de la société, [il n’a] pas l’intention de céder [ses] actions familiales ».
Sur sa recommandation, le conseil d’administration a approuvé à l’unanimité la candidature de Robert Dépatie. « C’est une énorme marque de confiance que m’attribue Pierre Karl, les administrateurs de Québecor et son partenaire la Caisse de dépôt et placement du Québec », a commenté celui qui préside Vidéotron depuis 2003.

Virage communication
Michel Nadeau, qui a piloté l’entrée de la Caisse de dépôt dans l’aventure Vidéotron en partenariat avec Québecor, rappelle que Pierre Karl Péladeau est le grand responsable du passage de Québecor de l’imprimerie à l’ère électronique. Il a bâti une puissante entreprise en médias et télécommunications et mis en place une bonne équipe de gestion. « La prochaine étape constitue son grand défi. Il faut revoir la stratégie, pousser la réflexion autour d’Internet et de tous ces produits arrivés à maturité. Québecor doit prendre le virage communication et viser l’horizon 2020 », a commenté le directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques. « On peut voir un repli stratégique dans le geste de Pierre Karl Péladeau. Il pourra également consacrer plus de temps aux causes qui lui tiennent à coeur, dont celle du Colisée de Québec », a-t-il ajouté.
Aux yeux d’autres observateurs, Robert Dépatie apparaît ici comme étant la personne capable de bien négocier ce virage « communication », qui s’annonce pour être serré et pour laisser peu de place à l’erreur. L’un d’eux, désirant s’exprimer sous le couvert de l’anonymat, a suggéré que l’ingérence et l’omniprésence du bouillant président dans le quotidien des uns et des autres en indisposait plusieurs, au risque de voir des éléments stratégiques partir pour la concurrence.
Sans compter l’ombre de la Caisse de dépôt. Car sur cet horizon 2020, Québecor a également un important rendez-vous avec le gestionnaire québécois, dont le droit de sortie de QMI négocié en octobre dernier peut s’activer à compter du 1er janvier 2019. Dans cette entente à plusieurs niveaux, la Caisse a vu sa participation dans QMI ramenée de 45,3 % à 24,6 %, celle de Québecor passant de 54,7 % à 75,4 %. L’institution a pu liquéfier son placement dans QMI tout en se dotant d’un droit de sortie. À partir du 1er janvier 2019, elle pourra exiger de QMI qu’elle procède à un premier appel public à l’épargne, ou encore vendre sa participation restante à un tiers sans accorder un droit de refus à Québecor. D’ici là, Québecor pourra toujours acheter la portion restante selon un mécanisme d’achat ou de conversion qui n’est pas sans sous-entendre un important effet de dilution sans valorisation notoire de l’action de Québecor dans l’intervalle.
Résultats financiers
L’annonce du retrait de Pierre Karl Péladeau a relégué au second rang celle des résultats financiers du géant des télécommunications. Pour l’exercice 2012, Québecor a comptabilisé un bénéfice net de 167,7 millions, ou de 2,65 $ par action, en baisse de 17 % sur celui de 201 millions, ou de 3,14 $ l’action, de 2011. Les revenus ont atteint 4,35 milliards, en hausse de 3,5 %, une croissance soutenue par une poussée de 8,4 % des revenus dans le secteur des télécommunications.


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