Pendant ce temps, ils consultent

Les libéraux provinciaux qui pensaient avoir atteint le fond du baril dans les sondages récents devront se raviser: ils coulent encore.

PLQ - en ballottage...

Et ils devront, encore une fois, se poser cette question lancinante: peut-on vraiment repartir en campagne électorale avec un chef aussi impopulaire?
Entre la mi-août et la mi-septembre, la cote de satisfaction du gouvernement Charest a chuté de 11 points, le Parti libéral a perdu trois points dans ses intentions de vote générales pour tomber à 24% et a dégringolé encore dans l'électorat francophone pour s'écraser, du jamais vu, à 15%.
Avec un score aussi pitoyable chez les francophones, c'est donc dire que le parti de Jean Charest serait complètement rayé de la carte dans une majorité de circonscriptions hors de Montréal, ouvrant la voie à des luttes à deux entre l'ADQ de Mario Dumont et le PQ de Pauline Marois.
Dans ce scénario, selon les chiffres tout frais de CROP, l'ADQ a repris l'avantage sur le PQ, devançant même le PQ par un point (37 contre 36%) chez les francophones. Mario Dumont domine ou est à égalité dans toutes les régions sauf dans l'île de Montréal.
En avance dans le Grand Québec (42% contre 24% pour le PQ et 23% pour le PLQ), dans la couronne nord et sur la Rive-Sud de Montréal (40, 33 et 16%) et dans l'ensemble des autres régions du Québec, l'ADQ pourrait même se mettre à rêver d'une majorité. Chose certaine, l'effet Marois observé depuis quelques mois semble se tasser.
Qu'est-ce qui a bien pu se passer en cette fin d'été pour que le gouvernement libéral s'aplatisse de la sorte au profit de l'ADQ?
En jetant un coup d'oeil à l'actualité des dernières semaines, deux événements importants sautent aux yeux: les débuts des consultations publiques de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables et les trois partielles fédérales du 17 septembre dans Outremont, Roberval-Lac-Saint-Jean et Saint-Hyacinthe.
Le sujet des accommodements raisonnables, on l'a remarqué depuis un an, favorise l'ADQ plus que ses deux adversaires. Mario Dumont a bien compris, à l'automne 2006, que les craintes du NOUS devant les AUTRES sont rentables politiquement. Les derniers chiffres ne démentiront pas l'intuition du chef de l'ADQ. Ils donneront aussi raison aux libéraux qui disaient, lors du dernier conseil général de leur parti, que la création de cette commission Bouchard-Taylor était une erreur politique. On dirait bien, à la lumière de notre plus récent coup de sonde, que le message de Jean Charest (plus d'immigrants pour plus de richesse) a manqué sa cible.
L'autre événement de la rentrée, les trois partielles fédérales (le sondage a été mené avant l'élection de Pauline Marois dans Charlevoix), peut aussi expliquer en partie la dégringolade des libéraux. En particulier la défaite humiliante des libéraux fédéraux dans Outremont. Même s'il s'agit du cousin fédéral, c'est la «marque» libérale qui a été, encore une fois, égratignée. Les organisateurs libéraux ont déjà remarqué le phénomène d'émulation au pire moment du scandale des commandites.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les actions du Parti libéral sont à la baisse ces temps-ci. On le voit bien dans les intentions de vote du Parti libéral de Stéphane Dion, qui atteint lui aussi des nouveaux creux historiques. Jean Charest pourra au moins se consoler en constatant que le parti de Stéphane Dion est tombé à 11% chez les francophones (un électeur francophone sur 10!), sept points de moins que le NPD de Jack Layton. Ou, devrait-on dire, le NPD de Thomas Mulcair? On perçoit en effet dans le CROP un petit effet Mulcair au Québec, le NPD atteignant 17% dans les intentions de vote générales.
Mais revenons à nos moutons québécois. Que fait le gouvernement libéral pendant qu'il se fait manger la laine sur le dos?
Il consulte, mesdames et messieurs. Il consulte, il lance des commissions, il sonde la population, bref, il repousse la prise de décisions, ce dont il aurait pourtant cruellement besoin pour démontrer qu'il est en pleine possession de ses moyens, qu'il a des idées, un programme, quoi.
En ce moment, la machine gouvernementale québécoise est bloquée par une «consultatite» aiguë: Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, les personnes âgées, la santé, l'agriculture, la pénurie d'infirmières, la commission Johnson sur les ponts, l'immigration et même les algues bleues (cette liste n'est probablement pas exhaustive). On va bientôt manquer de salles publiques au Québec pour mener de front toutes ces consultations.
Évidemment, il y a rien de mal à écouter la population et les milieux concernés, mais, même quand le gouvernement Charest s'y lance, il trouve le moyen de se tirer dans le pied en évitant d'inviter certains groupes (les écolos pour les algues bleues) ou en ouvrant une boîte de Pandore (eh oui! les accommodements raisonnables).
Jean Charest aurait pourtant pu s'inspirer de deux modèles de gouvernements minoritaires à Ottawa, ces dernières années. Celui de Paul Martin, qui n'allait nulle part à force de multiplier les tables rondes, et celui de Stephen Harper, qui a fait sa marque, dès ses premiers pas, avec un plan d'action clair et réaliste.
Oups!
On appelle cela une bête erreur d'inattention. Dans ma chronique d'hier sur l'élection de Pauline Marois dans Charlevoix, j'ai écrit que la chef du PQ devrait préparer deux autres partielles: Bourget (à cause du départ de Diane Lemieux) et Gouin (avec le départ prévisible d'André Boisclair). Gouin, c'est évidemment l'ancienne circonscription de M. Boisclair, ce que de nombreux lecteurs ont noté. En effet, André Boisclair est maintenant député de Pointe-aux-Trembles. Du moins, pour le moment.
Désolé pour la confusion.
Pour joindre notre chroniqueur: vincent.marissal@lapresse.ca


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