Pauvre Pauline

PQ - succession de Boisclair



Pauline Marois veut être première ministre.
Le prochain chef du Parti québécois a peu de chances de devenir premier ministre.
Donc Pauline Marois ne devrait donc pas essayer de devenir chef du PQ.
Mon professeur de logique en philosophie, au collège, serait sûrement fier de moi. Merci monsieur Jean-Paul Bernard.
Le Parti québécois est en chute constante dans les votes recueillis, élection après élection, depuis 1994. Il a atteint un plancher le 26 mars et il est de plus en plus déconnecté de la population. Relégué au rang de tiers parti à l'Assemblée nationale, déserté mais, en plus, déchiré sur les fondements même de son programme, l'accession à la souveraineté et la social-démocratie, le prochain chef a un immense travail de reconstruction à entreprendre. Pour peu que les militants qui restent soient assez lucides pour le lui permettre.
Les prochaines élections auront normalement lieu dans deux ans. Suivront quatre autres longues années de traversée du désert pour le chef péquiste avant de prétendre possiblement à l'exercice du pouvoir. Pauline Marois a 57 ans; elle en aura alors 63; et il est très rare qu'un chef de parti d'opposition touche lui-même à la plus haute fonction après une aussi longue période de combat. Le phénomène de l'usure s'installe; les militants veulent du renouveau, de la jeunesse et ils misent sur le goût du changement dans l'électorat. Ils remplacent alors le bâtisseur. (Les mêmes risques prévalent évidemment pour Gilles Duceppe.)
Pauline Marois a vingt-cinq années de vie politique dans le corps. Elle a occupé les plus gros ministères. Elle a fait deux courses à la direction de son parti. Son conjoint et elle sont riches et la châtelaine cultive ses fleurs. A-t-elle le goût de se taper cinq ou six années d'abstinence sur une banquette située sous le pigeonnier réservé aux journalistes à l'arrière de l'Assemblée nationale, là où on reléguait les députés d'arrière-arrière-banc et les indésirables dans un parti politique ? Pour se faire ensuite abattre par les mêmes «snipers» au PQ qui ont eu tous les chefs, sauf Parizeau ?
Juste 30% de vote en 2005
Pauline Marois n'a recueilli que 30% des votes lors de la course de 2005. Les militantes féministes comme Lise Payette et les syndicalistes retraitées qui ont alors fait campagne pour elle au nom de la solidarité féminine étaient déconnectées de la base militante actuelle du PQ. Mme Payette n'a d'ailleurs pas été revue dans les instances et les activités du PQ depuis sa démission comme ministre il y a plus de ... vingt-cinq ans.
Mme Marois est perçue essentiellement comme une femme de pouvoir et non de convictions. Elle n'a pas perdu la dernière course parce qu'elle était une femme mais parce qu'elle était «Pauline». Elle a toujours été très louvoyante sur la démarche d'accession à la souveraineté. Elle s'est accomodée aussi bien de la simple «affirmation nationale» à la Pierre Marc Johnson que de l'indépendance pure de Jacques Parizeau, en passant par toute la gamme des accomodements raisonnables avec Lucien Bouchard et Bernard Landry.
Pour d'autres mauvaises langues, son étiquette sociale-démocrate est de la fausse représentation. Les socialistes en France ont leur élite, très bien nantie. Elle a été baptisée la gauche-caviar. Ces grands bourgeois savent ce qui est bon pour le peuple et ils l'imposent à toute la société en lui faisant payer les programmes universels qu'ils auront concoctés avec leurs technocrates.
Mme Marois a entretenu ce modèle dans son action comme dans son discours. On lui doit par exemple le régime des garderies d'État à 5$ qui coûte 1,5 milliard $ pour accueillir moins que la moitié des 450 000 enfants en bas de six ans. Les parents des autres doivent payer en double. On lui doit aussi l'abracadabrante réforme de l'éducation qu'elle a pilotée avec son sous-ministre de l'époque, un ancien négociateur de la CEQ, qui nous a donnée les poétiques bulletins sur les connaissances transversales des enfants plutôt que des notes.
Ce n'est certainement pas elle qui rénovera le PQ sur l'option et sur le modèle socialiste québécois qu'il prône et qui a été rejeté le 26 mars. Et elle n'a pas la poigne d'un Duceppe pour ramener de la discipline dans cette Tour de Babel.
Celles et ceux qui disent qu'elle doit plonger parce que, enfin, «c'est à son tour», l'aiment-ils vraiment?


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