Pauline Marois avait tout ce qu'on recherche, tout ce qu'on apprécie chez un leader politique. Elle avait le physique de l'emploi. Autorité naturelle, belle prestance, dignité, élégance. Et surtout elle avait les capacités intellectuelles et l'expérience requises. Elle a occupé tous les ministères importants du gouvernement et s'est toujours acquittée de ses fonctions avec une remarquable compétence. Pourtant, les membres du Parti Québécois n'ont pas voulu d'elle comme chef et lui ont infligé une défaite humiliante. Pourquoi ? Difficile de trouver une réponse rationnelle à cette question. Mais on soupçonne que c'est parce qu'elle est une femme. Vraiment étrange pour une société matriarcale et de plus en plus
« gynécocratique » comme la nôtre.
Est-ce son côté altier, son allure patricienne qui les a
rebutés ? Les Québécois ont de la difficulté avec ça. Parizeau a eu le même problème. Petit Peuple « né pour un petit
pain ». On aime que nos leaders soient « populos ». P'tit gars d'ici, p'tit gars de là-bas. Depuis 30 ans, on a un penchant pour le leadership modeste : René Lévesque, Robert Bourassa. À la matronne, à la maîtresse d'école, on a préféré Dédé, le p'tit gars brillant que toute maman aimerait avoir comme fils, même s'il a commis quelques frasques et extravagances.
Le phénomène Kim Campbell y a peut-être été pour quelque chose. Elle en imposait en 1993 la Campbell. Succédant à Brian Mulroney comme chef du Parti progressiste-conservateur alors au pouvoir, elle devint par le fait même chef du gouvernement et première femme à occuper le poste dans l'histoire du Canada. Les conservateurs pensaient avoir trouvé l'arme secrète contre Jean Chrétien.
Kim Campbell présida à la plus grande déroute électorale de l'histoire canadienne et peut-être de l'histoire de l'Amérique du Nord. Les conservateurs perdirent 149 des 151 sièges qu'ils occupaient aux Communes. Kim Campbell fut battue dans sa circonscription de Vancouver. Devant la catastrophe, Brian Mulroney, persifleur, confiera à son ami d'alors, Peter C. Newman : « She lost the election because she was too busy screwing around with her Russian boyfriend. » Il reprochait à Campbell de mettre ses priorités au même endroit que Bill Clinton mettait les siennes.
Une façon inélégante pour moi de poser la question suivante : les femmes gouvernent-elles différemment des hommes ? Si l'on regarde l'histoire récente, la réponse est non.
Parfois les femmes dirigent le parti et le gouvernement qu'elles ont reçus en héritage d'un homme, leur père ou leur mari. Ce fut le cas de Benazir Bhutto au Pakistan, d'Isabel Peron en Argentine (une danseuse de cabaret que Juan Peron a rencontrée un soir à Panama) et d'Indira Gandhi en Inde (son papa s'appelait Nehru).
Elles sont aussi belliqueuses et magouilleuses que les hommes. Plusieurs pays dirigés par des femmes au cours des dernières décennies, ont été impliqués dans des guerres : Golda Meir (Israël), Margaret Thatcher, Indira Gandhi. Certaines des plus illustres ont dirigé des gouvernements autoritaires et/ou de droite : Isabel Peron et Margaret Thatcher. La belle et brillante Benazir Bhutto, qui ne s'est opposée que mollement à la montée en puissance des intégristes. Des affaires de corruption impliquant son mari l'ont forcée à démissionner pendant que lui prenait le chemin de la prison. Elle fait encore face à des accusations en Suisse.
Ma préférée ? La Dame de fer, madame Thatcher, si joliment chantée par Renaud. Avec une détermination toute churchillienne, elle a imposé des réformes structurales qui ont permis de relancer l'économie et de sauver l'Angleterre. Miss Maggie était dans le camp des lucides. Même s'ils ont décrié ses politiques, les travaillistes se sont abstenus d'y toucher lorsqu'ils sont revenus au pouvoir. Au contraire, ils ont dans plusieurs cas poursuivi ses politiques, mais de façon moins voyante. Depuis 10 ans, tous les gouvernements qui se sont succédé en France ont été incapables d'appliquer des mesures semblables qui s'imposent pourtant pour stopper le déclin du pays. Les Français ont besoin d'un homme de la trempe de Margaret Thatcher. Le Québec aussi !
Poing à la ligne - Normand Lester
Pauline Marois la mal-aimée
le Petit Québec ne voulait pas d'une Grande Dame
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