Pas de chèque en blanc pour le nouveau cours d’histoire

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La neutralité n'existe pas en histoire, à moins de se résoudre au statut d'eunuques

Un gouvernement libéral élu s’assurerait que le nouveau cours d’histoire du Québec au collégial est « politiquement neutre » avant de l’implanter. La Coalition avenir Québec et Québec solidaire jugent quant à eux que l’introduction d’un tel cours serait « précipitée » et plaident pour un moratoire.

C’est ce qu’ont répondu les principaux partis politiques lorsque Le Devoir leur a demandé ce qu’il ferait avec l’héritage laissé par le gouvernement Marois concernant l’enseignement en histoire. Depuis l’annonce faite en septembre dernier par le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, et la ministre de l’Éducation, Marie Malavoy, l’instauration d’un nouveau cours obligatoire d’histoire nationale au cégep va bon train, de même que la consultation en vue d’une réforme des programmes d’histoire du Québec au primaire et au secondaire. Les élections ont mis les deux projets en suspens.

Le chef du Parti libéral, Philippe Couillard, craint que le Parti québécois ait voulu politiser le cours. « Je n’ai pas regardé les détails. Mais je veux m’assurer que le cours est politiquement neutre. J’assume qu’il l’est, parce que ce sont des professionnels qui l’ont fait », a-t-il déclaré, en marge d’une conférence de presse à Trois-Rivières en début de semaine. « Je n’ai pas l’intention de passer la hache dedans pour le plaisir de dire que parce que le PQ l’a fait, ce n’est pas bon. Mais je veux m’assurer qu’on est dans une direction de mieux informer les gens de notre histoire, et qu’il n’y ait pas de teinte politique partisane, qui est parfois subtile. » Craignez-vous qu’il y en ait une ? « Connaissant le PQ, oui. Mais on vérifiera », a-t-il ajouté.

La Coalition avenir Québec se dit tout à fait favorable à la révision du cours d’histoire au secondaire. « L’enseignement de l’histoire doit mieux refléter les événements historiques et politiques de l’histoire du Québec. Nous partageons donc certains constats et recommandations du comité chargé de revoir le contenu du cours d’histoire au secondaire », a indiqué Nathalie Roy, députée sortante dans Montarville et porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation. Comme plusieurs enseignants et gens du milieu l’ont réclamé, la CAQ croit également que le programme doit être enseigné sur deux ans de façon chronologique, alors qu’actuellement il y a redondance puisque l’histoire s’enseigne de façon chronologique en 3e secondaire et est reprise sous forme thématique en 4e secondaire.

Québec solidaire abonde en ce sens. Le parti accueille favorablement le rapport du sociologue Jacques Beauchemin et de l’historienne Nadia Fahmy-Eid déposé à peine une semaine avant le déclenchement des élections. Selon lui, il « rétablit un équilibre entre l’histoire sociale et l’histoire politique. » Québec solidaire dit surveiller particulièrement le retour d’un enseignement de l’histoire qui tienne compte notamment de la contribution des femmes, de l’histoire autochtone et l’apport des différentes vagues d’immigration à l’histoire politique, économique et sociale du Québec. Ce sont là des « enjeux que l’enseignement traditionnel a délaissés au profit d’une histoire trop axée sur les grands personnages historiques ».

Moratoire pour le cours au cégep

Québec solidaire est du même avis que la Coalition avenir Québec concernant l’implantation du cours d’histoire nationale obligatoire au cégep. « On considère [cela] précipité et ne procéderait donc pas à son implantation immédiatement », a souligné Mme Roy. Les deux partis croient qu’il faut d’abord attendre la réforme sur l’enseignement de l’histoire au secondaire avant d’imposer un cours au cégep.

Québec solidaire se dit pour sa part préoccupé par l’impact de la perte d’un des deux cours complémentaires et de celles des effectifs dans les départements, qui auront des tâches d’enseignement en moins. Le cours devra-t-il être donné par des enseignants provenant de tous les domaines de sciences humaines ou uniquement d’histoire ? Difficile à dire. L’idée d’ouvrir l’enseignement du cours à plusieurs disciplines offrirait d’intéressantes perspectives d’emplois mais pourrait « réduire la valeur purement historique de l’enseignement », a fait savoir la formation politique.

Le ministre de l’Enseignement supérieur n’a pas perdu de temps avec son projet d’implanter un cours obligatoire d’histoire du Québec au cégep. Après plusieurs consultations d’experts et du milieu, un projet de règlement modifiant le Régime d’études collégiales a été publié en février dans la Gazette officielle, règlement qui devait enlever un cours d’histoire complémentaire pour faire de la place au cours d’histoire. Les élections ont toutefois été déclenchées en pleine période de consultation légale.
Avec Guillaume Bourgault-Côté


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