Parti québécois - Une confiance à retrouver

Élection Québec - le 8 décembre 2008 - les souverainistes en campagne

Face au Parti libéral qui tient depuis cinq ans les rênes de l'État du Québec, le Parti québécois apparaît en ce début de campagne électorale comme la solution de rechange la plus valable au gouvernement Charest. C'est ce que les Québécois disent à travers les sondages, sans être toutefois disposés, pour le moment, à lui redonner le pouvoir. Pauline Marois a 30 jours pour les convaincre de le lui confier.
Pour bien mesurer le défi qui attend la chef péquiste au cours de cette campagne, il faut retourner à l'été 2007, lorsqu'elle prenait la relève d'André Boisclair. Elle reconnaissait alors que son parti s'était «enfermé dans des doctrines et discussions en vases clos» sur la souveraineté et la social-démocratie qui l'avaient coupé des Québécois. Pour reconstruire la confiance perdue, elle s'engageait à écouter la population.
Sur ce qu'il est convenu d'appeler le référendisme, elle a fait le travail. Elle a dégagé le parti de son engagement à tenir un référendum sur la souveraineté le plus tôt possible dans un premier mandat. Elle ne sera donc pas obligée de tenir dans cette campagne un discours factice qui l'aurait contrainte à parler de référendum quand elle sait que les Québécois n'en veulent pas à court terme, ni peut-être à moyen terme. Ses adversaires ne pourront plus viser ce talon d'Achille.
Au cours de ces premiers jours de campagne, on l'a toutefois sentie hésitante à dire à ce propos les choses aussi clairement qu'elle les a déjà dites. Comme ses prédécesseurs, elle doit tout à la fois rassurer sa base militante -- pour qui attendre deux ou trois mandats, comme elle l'a déjà évoqué, est une perspective trop lointaine -- et convaincre les électeurs qu'elle ne les entraînera pas malgré eux dans un référendum. Sur cette question, elle ne devrait pas tergiverser. Si elle n'entend pas tenir un référendum au cours du prochain mandat, elle doit le dire. La franchise est la première pierre sur laquelle se reconstruira la confiance avec les électeurs.
Le programme électoral de Mme Marois, dont Le Devoir fait état dans son édition d'aujourd'hui, est en conséquence silencieux sur la question référendaire. Il fixe plutôt comme mandat à un éventuel gouvernement péquiste de gouverner le Québec non comme une province, mais comme la nation qu'il est. Le Parti québécois de Pauline Marois revient dans les faits à la démarche qu'il avait privilégiée aux élections qui le firent accéder pour la première fois au pouvoir en 1976, soit être d'abord un «bon gouvernement». Ce retour à la case départ est la conséquence des 28 % de suffrages obtenus aux dernières élections, qui l'ont ramené là où il était en 1973.
Dans ses propositions sociales et économiques, le «plan Marois» est également fidèle à l'esprit qui prévalait au Parti québécois des premières années en ce qu'il est résolument social-démocrate. Dans tous les domaines, on garde ainsi à l'État un rôle central. En économie, les leviers que sont les grandes sociétés d'État, notamment la Caisse de dépôt et placement, viendront soutenir les investissements dans la période critique qui s'annonce. Dans le secteur de la santé, le privé, que le Parti libéral a laissé entrer, sera mis à la porte. On est loin de ces «formes nouvelles et audacieuses de collaboration entre le secteur privé, le secteur communautaire et le secteur public», que Mme Marois disait vouloir instaurer il y a deux ans.
La rénovation de la social-démocratie que voulait alors engager Mme Marois se limitera à instaurer une «culture de résultats» dans le secteur public, de telle sorte que la population ait confiance dans la capacité de l'État à utiliser de façon responsable ses impôts. Il n'y aura pas de réforme à la Tony Blair, dans laquelle l'État devait se contenter de tenir le gouvernail pour laisser le secteur privé ramer. Cela a le mérite de distinguer clairement le Parti québécois de ses adversaires adéquistes et libéraux et d'offrir un vrai choix aux électeurs.


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