Parti québécois - Sur le terrain

C'est bien joli les échanges, mais ce que les électeurs souhaitent, c'est qu'on leur propose une direction à prendre sur les enjeux de notre temps.

Pacte électoral - gauche et souverainiste


Le noyé qui s'agite s'enfonce, au risque même d'entraîner à sa suite celui ou celle qui voudrait venir à son secours. Et on s'agite décidément beaucoup ces jours-ci dans le camp souverainiste. Appelé à la rescousse? Le citoyen et son opinion, ce leurre qui fait oublier que derrière 1000 personnes qui répondent à l'appel, 10 000 autres — et plus encore — restent indifférentes ou déroutées face aux débats en cours. Car ce n'est pas l'addition des idées des uns et des autres qui fait une vision politique.

C'était, hier, au tour du député péquiste Bernard Drainville de faire état de ses propositions pour sortir le Parti québécois de la spirale descendante dans laquelle il s'enfonce. Un document dense, qui met de l'avant «10 idées pour redonner confiance aux citoyens», 10 idées de pure forme, parfois reflet de demandes qui circulent depuis maintenant des années (la réforme du mode de scrutin, moussée avec ténacité par les Paul Cliche, Claude Béland ou Jean-Pierre Charbonneau), plus souvent d'un grand irréalisme.

On aura beau croire, les référendums d'initiative populaire ne sont pas la démocratie, et le jury citoyen habilité à sanctionner un député ou un ministre, par des pénalités, des amendes ou la révocation de son mandat, comme le propose M. Drainville, ne peut marquer que le triomphe du populisme le plus simpliste. Les urgences débordent? Ouste le ministre! À ce régime, qui donc voudra se soumettre à cette dictature du peuple? En démocratie, la stabilité est aussi une vertu, c'est pourquoi les mandats obtenus par un élu ont une durée.

Il se dégage en fait de ce document, comme de tant d'autres discours qui vantent la «politique autrement», une grande illusion que de la forme (des élections à date fixe, le vote à distance, des états généraux, la remise en question de la ligne de parti, un changement de ton, et des sourires, tout plein de sourires...) naîtra le fond.

La crise de confiance que vivent présentement les partis traditionnels n'a pourtant que peu à voir avec la mécanique de la politique. Stephen Harper tiendra des élections à date fixe, il n'est pas pour autant une inspiration. Et la plongée en abîme du Parti québécois ne vient pas du ton employé à la période de questions, mais de l'appui donné à un amphithéâtre pour lequel, hors de la région de Québec, bien des gens doutent de la pertinence d'y engager des fonds publics. C'est cet électoralisme à la petite semaine qui a sonné le glas. On s'égare franchement en parlant d'autre chose. D'ailleurs, déjà on retient surtout du document Drainville l'attaque en sourdine contre les stratégies de Pauline Marois.

Pendant ce temps, François Legault est sur le terrain, dans la vraie vie (il était en Outaouais hier) comme dans le propos, causant santé, décrochage scolaire, entrepreneuriat, sans s'empêtrer dans de quelconques référendums. Et comme il vogue dans les sondages, attirant, avec ses propos de droite, les mêmes Québécois qui ont opté pour le NPD au fédéral! Incohérence dans un sens, continuité dans l'autre: Legault, comme Layton, aborde des sujets qui touchent de très près au quotidien des gens. Ils font (faisaient...) de la politique quoi, pas de la structurite. C'est bien joli les échanges, mais ce que les électeurs souhaitent, c'est qu'on leur propose une direction à prendre sur les enjeux de notre temps.

La souveraineté pourrait être l'un de ces enjeux, mais chaque nouvelle sortie l'amène dans mille directions, en eaux troubles de surcroît. On comprendra pourquoi tant de gens restent sur le bord et n'osent plus sauter.

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