Parlons français en anglais, ce sera plus inclusif !

4c2c616266c84eb0c1de96d79acb46d1

Do you parler french?





Pour mieux célébrer le français, pourquoi ne pas le parler en anglais? Ça le rendrait plus inclusif, non? On plairait davantage aux immigrants en leur envoyant un signal d’ouverture!


Enfin, nous serions modernes!


Je vous devine perplexe à la lecture de ces lignes. Et pourtant, il suffit de jeter un œil vers le spectacle d’ouverture des FrancoFolies de Montréal pour comprendre.


Sous prétexte de mettre en vedette le hip-hop québécois, on y a invité des groupes qui chantent en franglais.


Le festival voué à la célébration du français au Québec commencera dans une autre langue que le français!


Original, non?


Moderne ?


Les bobos, les branchés, les hipsters et tous ceux qui n’en finissent plus de dire que la culture québécoise pue le renfermé pourront célébrer entre eux.


Leur argument ultime: nous sommes en 2016! Que de niaiseries ferons-nous au nom du calendrier?


En fait, cela nous ramène directement à la question du franglais et de sa place dans le Québec contemporain.


Qu’est-ce que le franglais?


C’est cette manie de parler français et anglais dans la même phrase.


Certains veulent y voir un exemple du métissage des langues à Montréal et de modernité multiculturelle.


Faut-il les croire?


Est-ce vraiment, comme on nous le répète, une langue de création permettant de témoigner de réalités et de sentiments qu’on ne saurait dire ni en français ni en anglais?


Mon œil.


Le franglais est plutôt le camouflage artistique d’une réalité inquiétante: je parle du déclassement du français dans la jeune génération et de sa perte de prestige.


En un mot, l’anglais mange le français, et le franglais n’est qu’une étape dans cette grande transition, dans ce grand passage d’une langue à l’autre.


Concrètement, le franglais est le dialecte montréalais de ceux qui ne veulent plus parler français. C’est l’expression du snobisme de colonisés culturels inconscients de l’être.


D’autres indices sont alarmants.


Dès qu’on cherche à témoigner d’un peu d’intensité dans notre conversation quotidienne, on passe à un mot anglais, comme s’il s’agissait d’un respirateur artificiel.


On ne dit plus «bien», on dit «nice».


On ne dit plus «donnez-moi de l’amour», on dit «donnez-moi du love».


Et à n’importe quel moment, on dit «fuckin».


La mondialisation n’explique pas tout.


On peut plutôt voir là un autre effet de l’échec de l’indépendance.


La Révolution tranquille avait pour objectif de faire du Québec une société pleinement francophone. La souveraineté devait consacrer cette réalité. Elle a échoué.


Le français perd aujourd’hui ses droits. Il redevient une langue de perdants.


Trudeau


Dans le Canada de Trudeau, les Québécois deviennent une grosse minorité ethnique qui doit se convertir au bilinguisme obligatoire.


Mais puisqu’on ne peut abandonner le français d’un seul coup, on passe par une étape intermédiaire: le franglais. On se laisse humilier en croyant se grandir.


Et pendant cette transition, les FrancoFolies applaudissent.


Le franglais est sophistiqué, n’est-ce pas?


Les élites sont toujours les premières à se renier.




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé