Éducation

Où sont passés le crayon et le papier?

Tribune libre

Je ne voudrais pas paraître pour un dinosaure, mais pourtant la qualité du français dans les institutions d’enseignement périclitent dangereusement et, ce malgré les nombreux outils technologiques mis à la disposition des étudiants et cela, même lors des examens. Il y a là,, à mon sens, de quoi s’interroger sérieusement sur les moyens utilisés pour améliorer la qualité du français chez les étudiants.

Et si l’on apportait comme hypothèse possible qu’une des raisons principales expliquant, du moins en partie, le déclin du français, réside dans le fait que les élèves n’écrivent plus, enfin bref, qu’ils sont en train d’oublier l’existence même d’un papier et d’un crayon. Or, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?

Et pourtant, le rapport sur la maîtrise du français au collégial, commandé par l’ex-ministre Danielle McCann en septembre 2021, propose 35 recommandations qui s’articulent autour de trois principes : 1) réduire la place de la littérature et faire de l’« enseignement explicite » du français ; 2) accroître, de façon quasi totale la place du numérique, des « outils technologiques » ; 3) intégrer les « correcticiels » comme Antidote, même lors de l’épreuve uniforme du MEQ.

Nonobstant le premier principe qui veut mettre l’accent sur la dynamique de la langue, notamment la grammaire et la syntaxe, avec lequel je suis entièrement en accord, je m’objecte carrément contre les moyens suggérés par les deux autres principes, particulièrement contre l’utilisation des « correcticiels » comme Antidote, même lors de l’épreuve uniforme du MEQ.

Je veux être clair. La technologie a été créée par le cerveau humain lequel a nécessairement besoin de stimuli pour se développer. Conséquemment, il est plus que temps de ressortir des boules à mites les grammaires et les dictionnaire, et que les étudiants soient confrontés seuls avec leur crayon et devant la page blanche, et mettent sur papier les résultats émergeant de leurs propres réflexions.


Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2101 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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3 commentaires

  • François Champoux Répondre

    17 mars 2023

    Bonjour M. Marineau,


    J'ai un certain mérite, mais j'ai surtout eu de bons maîtres; ils savaient que le seul maître à qui je devais faire confiance était ce SOI à ne jamais renier.


    J'ai aussi su marier les vieilles recettes d'antan (crayon et papier) avec les nouvelles. Renier et marier ne vont pas ensemble; il faut juger et adapter.


    Avec ce changement climatique qui avance inexorablement, il nous faut chercher plus que jamais...


    François Champoux, Trois-Rivières


  • Henri Marineau Répondre

    14 mars 2023

    M. Champoux,


    Je veux vous exprimer toute mon admiration pour la détermination que vous démontrez pour améliorer la qualité de votre langue écrite. C'est tout à votre honneur et je vous incite fortement à persister... Bravo!


  • François Champoux Répondre

    14 mars 2023

    Bonjour M. Henri Marineau,


    Je suis de plus en plus un dinosaure qui s'efforce malgré tout de se maintenir au-dessus de cette ligne qui, malgré nous, nous engouffrera toutes et tous un jour.


    À la lecture de votre réflexion, je me suis souvenu de Clément Cliche, mon professeur de 9e année qui nous avait fait acheter un cahier à deux lignes afin de nous réapprendre à écrire; je vais probablement faire la même chose envers mon petit-fils qui vient de commencer son secondaire: il est doué, il écrit bien en français, mais il devra s'appliquer, se discipliner à bien écrire.


    J'ai personnellement beaucoup évolué en français grâce aux outils que vous dénoncez et j'ai foi en eux pour créer cette curiosité et cette facilité à apprendre cette difficile langue que les Anglais rebutent par manque de curiosité, de discipline et d'un effort minimal à la tâche: apprendre.


    Apprendre est pour moi l'essentiel dans la vie: il faut constamment apprendre; c'est d'ailleurs le constat que j'ai fait en me référant à Socrate qui m'a fait découvrir mon ignorance. 


    N'allez pas croire que je ne fais plus de fautes de français; j'en ferai toujours, mais j'ai beaucoup amélioré autant l'écriture par Clément Cliche, et ma langue parlée et écrite grâce aux outils nouveaux. Je n'ai pas retenu la nouvelle façon d'écrire certains mots, car j'ai tellement travaillé pour apprendre la vieille graphie que je n'ai pas voulu me mêler davantage.


    Le 28 février dernier, j'ai débuté mon soixantième cahier "five stars" avec un stylo accroché dans sa broche. J'aime l'écriture et je m'adonne même maintenant à la poésie; une découverte grâce à Hélène Dorion et Ouanessa Younsi.


    Quant à l'ordinateur, je ne pourrais pas m'en passer, mais peut-être que je pourrais jeter à la poubelle Internet; je crains cependant d'être drogué.



    François Champoux, Trois-Rivières