Où nous mènent les Conservateurs
L’activisme des Conservateurs se manifeste dans le registre des armes à feu, la Loi sur les jeunes contrevenants, la restauration de la monarchie, et dans bien d’autres domaines. Nous arriverons bientôt là où ils veulent nous mener. Car c’est bien la question: que veulent-ils faire vraiment ?
Les modifications déjà effectuées
Nous les avons vus détruire le registre des armes à feu et prendre les moyens pour empêcher les provinces qui le désiraient de le reconstituer. Ils ont modifié la loi sur les jeunes contrevenants et le Code pénal pour augmenter le temps passé en prison, sans compenser les provinces auxquelles ils vont refiler en partie la facture. Ils ont restauré la monarchie en allant jusqu'au ridicule. Ils ont célébré en grandes pompes notre échec militaire en Afghanistan comme si nous y avions remporté une glorieuse victoire. Enfin, ils viennent d’annoncer une réduction drastique des transferts en santé. Y-aurait-t-il un fil conducteur reliant ces mesures en apparence désordonnées ? Le pire est-il à craindre ? Le cas échéant, comment l’éviter ?
Et si tout ça avait un sens
En prenant pour acquis qu’ils ne font rien pour rien, examinons un peu ce qui pourrait guider les Conservateurs. Le premier indice vient des modifications de la Loi sur les jeunes contrevenants et d’autres mesures visant à durcir la répression contre les criminels. La criminalité est en diminution lente mais constante au Canada, l’objectif n’est pas donc de corriger une situation devenue hors de contrôle. Si la mesure n’est pas curative, pourrait-elle être préventive ? Les Conservateurs compteraient-ils sur cette loi pour dissuader les criminels potentiels de commettre des crimes et de récidiver ? La réponse est malheureusement affirmative s’ils s’attendent à ce que leurs autres mesures entraînent une hausse importante de la criminalité au Canada. Et comme ils s’inspirent de ce qui se passe aux États-Unis, où une incroyable quantité de personnes croupissent derrière les barreaux, il y a tout lieu de craindre qu’ils aient en tête une société canadienne ressemblant à s’y méprendre à celle de nos voisins du sud.
Comme aux États-Unis, il faut faciliter aux citoyens l’achat des armes à feu. Pas parce qu’on aime les chasseurs, mais pour créer aux citoyens une fausse sensation de sécurité. Aux USA, les vendeurs de pistolets, de carabines et même de pistolets mitrailleurs font croire aux citoyens américains qu’ils sont en sécurité avec leurs armes, leur faisant oublier bien vite où et comment les criminels se procurent ces mêmes armes. Bien entendu les disparités sociales importantes ont pour conséquence directe une augmentation des crimes, d’où l’importance de dissuader les criminels potentiels, et d’isoler longtemps ceux qui le sont devenus.
Comme aux États-Unis, les Conservateurs ont déjà annoncé une augmentation des dépenses militaires et un rôle accru des forces armées canadiennes dans des conflits armés un peu partout dans le monde. Nous n’y comptons pas beaucoup d’ennemis, mais c’est si facile de s’en trouver. En Afghanistan par exemple. Nous courrons de plus en plus le risque de voir se multiplier ce genre de situations. Un gouvernement incapable de régler ses problèmes sociaux a très souvent tendance à faire oublier son incurie en faisant des guerres un peu partout. Les coûts énormes des armes ne lui font pas peur, et ces dépenses vont de toute façon enrichir leurs copains fabricants et marchands d’armes. C’est ce genre d’individus que fréquentait Brian Mulroney pour faire vivre sa famille à la fin de son dernier mandat.
Comme aux États-Unis, les Conservateurs détestent les taxes pour autre chose que l’armée. En particulier en santé, mais aussi dans tout le social. C’est pourquoi ils vont refiler les coûts de santé aux provinces, alors que le « Medicare » est une loi fédérale. Il ne serait même pas étonnant que le Fédéral nous dise sans rire qu’il s’agit d’une juridiction provinciale dont il veut sortir. Toutefois, ne comptez pas sur lui pour transférer les impôts qui financent cette loi. Comme aux États-Unis, les Conservateurs souhaitent des élections à date fixe et des sénateurs élus. Vous trouvez que le mantra « Comme aux États-Unis » revient trop souvent ? Vous craignez qu’à force de singer les Américains, certains suggèrent l’annexion aux USA ?
Rassurez-vous, nos Conservateurs ont l’antidote. Il s’agit de Sa Majesté, rien de moins. Qu’importe qu’elle soit britannique, voilà ce qui nous différencie des Américains ! Et qui fournit l’explication de cette véritable restauration qu’a entreprise Stephen Harper. Sa vénération de Sa Majesté est bien suspecte. Un politicien a généralement des raisons politiques qui lui font poser les gestes politiques dont il fait la promotion. Se cacher dans les jupes de la reine pour faire ses mauvais coups n’effraie pas Harper.
D’autres mesures ?
Il faut de plus s’attendre à voir le gouvernement fédéral faire à peu près n’importe quoi pour vendre son pétrole albertain sale. Les discussions avec l’Europe pour permettre d’ouvrir ce marché à ce maudit pétrole seraient heureusement dans l’impasse; mais le peu qui en a filtré est plus qu’inquiétant. C’est tout le réseau social qui est menacé, en particulier au Québec. Et nous n’avons à ces négociations qu’un observateur représentant le Québec, pas très fort en plus, P.M. Johnson, qui risque de servir de caution à cette opération. Les lois pénales coercitives prennent alors tout leur sens. Nous allons donner notre système de santé et d’éducation au privé, nous allons perdre nos coopératives, Desjardins en tête, suivi de bien d’autres, nos sociétés d’État, Hydro-Québec, etc.; nous allons leur donner le reste de nos ressources naturelles, celles que Charest n’aura pas déjà données, bref, nous risquons de perdre tout ce que nous avons patiemment bâti depuis des décennies. Le capitalisme sauvage que nous voyons à l’œuvre un peu partout au Québec prendra des allures de social-démocratie si on laisse faire ces gens. Tout ça pour que des milliardaires étrangers deviennent plus riches, en nous disant n’importe quoi sur la compétitivité et sur la productivité. D’ailleurs, la question se pose : Que faire ?
Que faire ?
Nous vivons dans un bien curieux pays. Nous croyons que notre province a des droits et des pouvoirs. En vérité, elle n’a que les pouvoirs que lui laisse le fédéral. Il a envahi toutes les juridictions provinciales prévues dans la Constitution avec la bénédiction de la Cour suprême, la gardienne de cette Constitution. Il ne faut pas trop compter sur l’opposition à Ottawa, elle est décapitée, minorisée et centralisatrice de toute façon. Libéraux et Néo-démocrates vont déplorer ce que fait le Gouvernement, mais ils ne vont certes pas s’objecter au nom de la Constitution. Dans ce domaine, Harper peut faire ce qu’il veut.
Aux grands maux les grands remèdes. Si nous ne voulons pas vivre dans une société fondée sur la peur et la violence comme aux États-Unis, il va nous falloir nous décider à quitter le Canada. Non seulement le Canada nous menace-t-il maintenant comme peuple (la raison d’être du Canada était l’application du rapport Durham, soit un gouvernement responsable et l’assimilation des francophones d’Amérique du nord), mais outre notre assimilation, le Canada veut remodeler notre société à l’américaine, en créant quelques riches au prix d’un chaos social sans précédent. Ce programme devrait nous décider à partir. À condition de commencer le travail maintenant. Ce n’est certes pas en proposant aux Québécois le rapatriement du Code pénal comme le propose Bernard Drainville que nous allons avancer à quelque chose. Il s’attaque ainsi aux conséquences des gestes posés par Ottawa, pas aux causes. C’est en dénonçant les actions du fédéral à l’origine de ces conséquences que nous allons faire comprendre aux Québécois que ça n’a plus de bon sens. Et c’est en analysant les gestes posés par Ottawa, et ceux qu’il s’apprête à poser, que nous pourrons renouveler le discours indépendantiste. Ce n’est pas en paralysant l’Assemblée nationale avec une proportionnelle ou un jury citoyen que nous allons nous mobiliser pour éviter le pire et nous donner le mieux. Il faut plutôt nous mobiliser en dénonçant l'activisme des Conservateurs et les mesures décidées par le gouvernement d'Ottawa, et en en proposant de bien meilleures, comme l’indépendance.
Louis Champagne
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
17 janvier 2012M. Champagne (mon cher beau-frère et selon Ivan Parent, mon âme damnée…)
Vous avez raison de vous intéresser au gouvernement du Canada. Jacques Noël vous approuverait à 100%.
Vous mettre à la place de Stephen Harper pour expliquer la "cohérence" de ses décisions, c'est déjà un tour de force.
De vos analyses fort pertinentes, je tire un certain nombre de conclusions.
A- Je ne veux pas faire partie du Canada de Steven Harper
B- La solution: faire l'indépendance du Québec
C- le mouvement indépendantiste a la chance historique d'avoir devant lui ce magistral repoussoir
D- Que doit être la priorité du Parti québécois?
montrer les avantages de l'indépendance dont le premier est d'échapper aux pseudo valeurs de Steven Harper en sortant de ce Canada à la Harper, ce que les Québécois ont pensé obtenir en votant NPD le 2 mai. Il faut leur donner l'occasion de se reprendre et de réparer leur erreur.
M. Champagne, je crois comprendre que vous pensez que Bernard Drainville, notre député, est sur une mauvaise voie.
Harper prend des décisions pendant qu'au Parti québécois, on discute de "réformes démocratiques".
Poser des conditions qui mettront la chef dans l'embarras, n'est-ce pas contester son leadership! Il faut appeler un chat un chat.
Réclamer le retour au PQ des démissionnaires et souhaiter une alliance avec Québec solidaire, alliance que Pauline Marois ne veut pas et retour impossible tant qu'elle est chef, c'est déstabiliser la chef. Entre Cassandre et Brutus, Drainville est dans une position inconfortable.
On peut avoir de gros doutes quand il dit croire que Pauline Marois peut éviter que le PQ disparaisse comme le Bloc. Il faudra voir où le mènera sa conscience.
J'ai déjà écrit que j'appuyais mon député.
Nous n'avons pas été consulté quant à son action présente. Bien malin qui pourrait dire comment tout ça se terminera. Même Michel David ne le sait pas.
Et madame Marois qui revient avec les fameuses études. Quand vous lisez son autobiographie, vous apprenez que quand un gros problème se pose, Pauline Marois crée un comité. La situation actuelle demande plus que la création d'un comité...
robert barberis-gervais, 17 janvier 2012
Archives de Vigile Répondre
16 janvier 2012Monsieur Champagne,
À voir les derniers sondages au niveau provincial prévoyant un balayage de la CAQ, les Québécois n'ont pas l'air de songer à la souveraineté de sitôt.
Ainsi, nous n'aurons pas d'autres choix que de vivre dans le Canada que les conservateurs nous façonnerons.
Ce dont vous parlez présentement et qui sont de véritables sujets de réflexion ne sont même pas abordés par la télévision et les radios.
Les lignes ouvertes s'attardent pendant des jours au passage de madame St-Denis du NPD au parti libéral.
Comment voulez-vous dans un tel contexte que les Québécois comprennent ce qui se passe au pays au point de vue politique?
Laurent Desbois Répondre
16 janvier 2012Très bon texte Louis Champagne
« Il ne faut pas trop compter sur l’opposition à Ottawa »
« Se cacher dans les jupes de la reine pour faire ses mauvais coups n’effraie pas Harper. »
Pas si certain Louis. Il y a unanimité des fédéralistes sur tout les points que tu as mentioné. La raison est évidente, je crois, PLC- NDP- Cons luttent pour le vote dans le ROC et Harper représente très bien ce Canada!
À titre d’exemple, je prends leur unanimité pour leur reine :
Voir la déclaration de Jack Layton, chef du NPD, à l’occasion de la fête de Victoria et l’acceptation de la royauté par le PLC à leur congrès en fin de semaine
http://www.npd.ca/article/d-claration-jack-layton-chef-npd-l-occasion-f-te-victoria
« La fête de Victoria vise à rend hommage à la reine Victoria, première souveraine de la confédération du Canada, et à souligner la naissance de l’actuelle reine du Canada, Sa Majesté Elizabeth II. Ce jour nous rappelle la place qu’occupe le Canada au sein du Commonwealth et nos racines européennes. Il nous rappelle également notre histoire ainsi que les triomphes et les tragédies qui ont ponctué l’édification de notre pays. »
Le nouveau Canada ???? Rien de neuf !!!!
Le vrai Canada qui lève sa jupe!!!
Le fossé se creuse entre le Québec et le Canada! Harper représente très bien ce Canada! Ce n’est pas Harper personnellement qui est en cause, c’est l’appartenance à ce cher Canada !
Justement, le problème c'est que notre place n'est pas au Canada!!!!! Sortons-en au plus vite !
Dénoncer Harper, ce n'est pas promouvoir l'indépendance. Cela envoie le message que si ce n'est plus Harper, si c'est le NPD avec Mulcair ou les PLC avec Bob Ray par exemple, le Canada c'est bien, ou du moins pas si pire.
La décanadianisation du Québec s’accélère!
http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/la-decanadianisation-du-quebec-saccelere/7024/
L’identité québécoise a atteint, en novembre 2010, un niveau historique de 60% !
Une Question claire pour Stéphane Dion, lors du prochain référendum!!!
http://www.musee-mccord.qc.ca/fr/collection/artefacts/M998.48.87
Question: Voulez-vous que le Québec soit formellement reconnu comme nation dans la constitution. Je ne vous laisse pas deviner: en noir, c'est non !
http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/la-fin-des-deux-solitudes-voir-cest-savoir/9061/