Les premiers ministres des provinces et des territoires viennent de se réunir.
À l’unanimité, ils demandent à Ottawa de hausser ses transferts financiers pour que sa contribution aux dépenses de santé des provinces passe de 22 % à 35 %.
Elle était de 50 % quand les régimes d’assurance-santé modernes des provinces furent créés.
Étranglement
François Legault précisait :
« Lorsqu’on regarde les projections du Conference Board, les provinces dans les prochaines années vont se retrouver à 100, 200 milliards $ de déficit par année, tandis que le gouvernement fédéral va se retrouver avec des surplus de 50 milliards $ par année. [...]. La croissance est plus grande que les revenus et ça devient impossible pour les provinces d’y arriver ».
M. Legault juge « insultante » l’attitude d’Ottawa et se demande même pourquoi il y a un ministre fédéral de la Santé.
Un éditorial dans La Presse d’hier, peu suspecte d’autonomisme débridé, notait :
« On ne devrait pas avoir à argumenter ça très longtemps. C’est une question d’arithmétique. Les dépenses des provinces en santé augmentent beaucoup plus vite que leurs revenus. Depuis 20 ans, elles grimpent généralement de 5 à 6 % par année. Or, la hausse annuelle des transferts en santé en provenance du fédéral est de 3 % ».
Petite devinette maintenant. Lisez ceci :
« Cette dynamique de centralisation accélérée et d’étranglement budgétaire des provinces est de plus facilitée par le déséquilibre fiscal croissant et planifié entre le gouvernement central et les gouvernements provinciaux. Le premier lève plus d’impôts que ne le justifient ses responsabilités constitutionnelles, alors que les provinces ont des ressources plus limitées, mais gèrent des secteurs où les coûts sont en explosion, comme la santé [...] ».
Qui a dit cela ?
Le premier ministre Legault ? La ministre LeBel, en charge de nos relations avec le reste du Canada ?
Non, c’était votre humble serviteur, moi-même, en 2001, quand j’étais ministre des Affaires intergouvernementales du Québec.
Il y a plus de 20 ans.
François Legault était alors ministre de l’Éducation.
Une lubie « séparatiste » ?
Deuxième devinette. Trouvez l’auteur des paroles suivantes :
« Oubliez Lucien Bouchard et Jean Rochon. Le véritable responsable des fermetures d’hôpitaux et de la détérioration des soins de santé s’appelle Jean Chrétien. Le premier ministre (fédéral) est le seul à dire qu’il n’a pas de responsabilité à cet égard, mais la réalité est que le gouvernement libéral fédéral a imposé des réductions de 35 % de ses paiements de transfert aux provinces au titre de la santé et des programmes sociaux ».
Lucien Bouchard était alors premier ministre du Québec, Jean Rochon était ministre de la Santé, et Jean Chrétien était premier ministre fédéral.
Écoutez la chronique de Joseph Facal au micro de Patrick Déry sur QUB Radio:
Radotage
L’auteur de ses mots ?
Jean Charest, à l’époque jeune député fédéral.
La date de cette déclaration ? Le 7 mai... 1997.
25 ans plus tard, même débat, même radotage, même dialogue de sourds.
Le hamster québécois s’épuise en vain dans la grande roue canadienne.