« Le Souverainisme de province » tout frais sorti des presses de Boréal, loin d’être vulnérable aux quolibets de « propagande d’arrière garde », se présente plutôt comme un livre d’Histoire du Québec moderne. Les cégépiens qu’on n’a renseignés que superficiellement sur l’histoire politique de la nation québécoise y trouveront en complément de leurs cours une synthèse très agréable de lecture. Les plus précoces, toujours à l’affût de vérité, verront même en l’auteur, Simon-Pierre, un modèle d’étudiant bien né dont la valeur n’a pas attendu le nombre des années.
Pas plus qu’eux, SPST n’était né à l’époque de la Révolution tranquille, mais il sait résumer clairement, dans son intro, l’influence sur le Québec moderne des André D’Allemagne, Honoré Mercier, Lionel Groulx, des François-Albert Angers et même du
« premier romancier du Québec », Jules-Paul Tardivel. Pour nous tous, il y a là un rappel de segments oubliés.
Il attribue l’origine du réveil nationaliste québécois au statut minoritaire où s’évertue à Nous maintenir le régime canadien depuis sa fondation. Comme c’est notre langue qui pose problème en ce pays, la motivation du réveil devient évidente. Dès le Rassemblement pour l’Indépendance Nationale (R.I.N.), les Québécois se préparaient à l’avènement de la charte de la langue française, accouchée dans la douleur par Camille Laurin. Douleur parce que René Lévesque y mettait le frein, de peur de brimer la minorité anglophone historique du Québec.
Et l’auteur met grand soin à décrire l’évolution de l’indépendantisme vers le souverainisme du Québec, à travers les jalons des référendums, de l’étapisme et des
« beaux risques » que le tourmenté Lévesque infligea à cette route tortueuse de notre évolution jusqu’à aujourd’hui.
Cette thèse éclairera la compréhension des étudiants laissés dans le flou de notre histoire récente. La lecture des journaux quotidiens leur sera facilitée devant la complexité d’un parti dit indépendantiste, visiblement devenu provincialiste, qui se cherche un chef charismatique mais pas trop indépendantiste… Enfin, Simon-Pierre ne renie pas ses premières amours, il saute dans l’imbroglio du Bloc à Ottawa, pour encourager le nouveau chef Mario Beaulieu, affranchi du « bonne-ententisme » qui a coulé ce parti-frère du P.Q.
Pour ouvrir à plus d’espoir, l’auteur souhaite au Québec dans l’avenir proche une nouvelle « Révolution tranquille ». Les jeunes lecteurs en auront apprivoisé le sens au cours de cet essai.
(SPST me corrigera si quelque imprécision de terme s’est glissée dans cette interprétation de son ouvrage. Ouhgo)
À nos jeunes « rendus ailleurs »
Offrons pour Noël : un SPST
Simon-Pierre Savard-Tremblay résume le Québec récent
Tribune libre
Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles
Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latin...
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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.
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11 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
2 janvier 2015Il a 15 ans, excelle au piano, aux techniques de l'information moderne, développe son intérêt pour toutes matières scolaires où sa mère ne réussit pas à la coller. Lui ai demandé s'il reçoit des cours d'histoire du Québec en quatrième secondaire: oui, dès la rentrée en janvier, on ouvre le chapitre du Québec du siècle dernier!
Sa curiosité piquée pour le "souverainisme de province": pourquoi la question Canada-Québec n'est toujours pas résolue? L'essai de SPST est dans la poste royale pour qu'il ait son supplément de lecture à son cours d'histoire.
Et vous, l'avez-vous offert à un jeune "rendu ailleurs"?
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
16 décembre 2014À nouveau, appel à tous les enseignants au secondaire et au collégial (actifs ou retraités):
"Le Souverainisme de province" de S-P S-T peut-il servir de complément à l'enseignement de l'Histoire moderne du Québec?
Archives de Vigile Répondre
16 décembre 2014J'ai acheté le livre que vous mentionnez dans votre texte et je le trouve très intéressant. C'est une bonne référence pour comprendre le changement de cap qui s'est produit au PQ à un moment donné.
André Gignac 16/12/14
Archives de Vigile Répondre
15 décembre 2014Une autre suggestion pour un bon livre à lire durant les Fêtes, c'est le livre de GLEN GREENWALD intitulé: NULLE PART OÙ SE CACHER éditions JC LATTÈS. Bonne lecture!
André Gignac 15/12/14
Archives de Vigile Répondre
15 décembre 2014@ M. Carmichael
J'ai bien aimé votre citation de René Lévesque à la fin de votre commentaire. Il disait complètement le contraire de ce qu'il prônait. L'étapisme de Claude Morin, on ne peut le nier ni le balayer sous le tapis. De plus, j'ajouterais que Lévesque ne fut réellement jamais un indépendantiste. Selon moi, il souhaitait seulement des accommodements ou des changements au statu quo de l'époque avec le gouvernement fédéral, point à la ligne.
S'il avait été réellement indépendantiste, en 1982, lors du rapatriement unilatéral de la constitution "canadian" par Trudeau sans le consentement du Québec; il aurait déclenché un référendum pour l'indépendance du Québec suivi de la création d'une constitution québécoise à être acceptée et votée par le peuple et le Québec serait, aujourd'hui, un pays dans le concert des nations.
Ce qui m'a aussi fait douter de lui, à l'effet, qu'il n'était pas un indépendantiste, c'est lorsqu'il a tassé Pierre Bourgault et les militants du RIN, au tout début des années 70, qui étaient trop indépendantistes à son goût. Ça m'a laissé un goût très amer. Là, la direction du PQ a emprunté le mot galvaudé de souveraineté pour ne pas trop faire peur au monde. Il faut arrêter de jouer avec les mots; on la fait ou on ne la fait pas cette indépendance. Je fais confiance à M.Péladeau pour la suite des choses. VIVE LE QUÉBEC LIBRE!
André Gignac 15/12/14
Archives de Vigile Répondre
15 décembre 2014Le message dans le livre de SPST est finalement tout simple: «Il ne suffit pas de gagner le pouvoir pour pouvoir réaliser l'indépendance, il faut aussi le vouloir.»
SPST fait remonter à 1973 le moment où le PQ a cessé de vouloir, pour se concentrer uniquement sur le pouvoir. À cet effet, voici un extrait assez révélateur:
«Alors que les prétendus « purs et durs » sont souvent caricaturés comme étant des jusqu’au-boutistes suicidaires et irréalistes, c’est de leur côté qu’une tentative de compromis est venue. Ceux-ci accepteraient – certes à contrecœur – que la prochaine élection ne soit pas décisionnelle, mais qu’elle réaffirme néanmoins la nécessité de l’indépendance en matière d’emploi, de sécurité du revenu et de sécurité sociale, montrant le caractère indispensable de l’obtention des pleins pouvoirs dans ces champs d’action. Camille Laurin, éternel conciliateur, envoya un texte d’une dizaine de pages exposant ces principes à l’ensemble des présidents de circonscription, croyant avoir trouvé la solution qui empêcherait une division fatale.
Le 19 novembre, René Lévesque fait part à ses ministres et aux médias de son refus d’accepter le compromis proposé : la souveraineté ne sera pas l’enjeu de la prochaine élection, ni « en totalité, ni en parties plus ou moins déguisées, ni directement, ni encore moins par une replongée dans la tentation de vouloir amorcer à la pièce quelque processus que ce soit, en recommençant à nouveau, dans une semaine ou dans un mois, à évoquer chacun sa ou ses tranches préférées de l’objectif»
Marcel Haché Répondre
15 décembre 2014@ Gaston Carmachiael.
Ça vous intéresse l’Indépendance ? Good. Ça m’intéresse aussi.
Mais ça n’intéresse pas beaucoup l’électorat. Admettre ce fait- bien plus grosse job qu’il n’y paraît- cela ne veut pas dire que ce qui nous intéresse tous les deux n’a pas de valeur. Cela veut dire que tous ceux que ça intéresse ont une grosse côte à remonter.
En parler constamment de la maudite côte, cela la rendra-t-elle moins haute ?
Tout un peuple sait pertinemment que P.K.P. est en train de remonter une côte. Parmi Nous, plusieurs ne veulent plus rien remonter ni même avancer. Des traînards ! Des traîneaux, clisse ! Et vous croyez que c’est en leur jasant de l’air pur des hauteurs de cette côte nationale à remonter, vous croyez vraiment que c’est ce qui les incitera à voter indépendantiste ? Bonne chance.
Il y a un remonte-pente : c’est le pouvoir, celui qui provient de l’électorat provincial… Et c’est cet électorat (à conquérir) qui détient, mais en partie seulement, EN PARTIE SEULEMENT, la clé du remonte-pente. L’autre partie, l’autre parti aussi… qui a une solide mainmise sur la clé, c’est le West Island.
Admettre cela-bien plus grosse job qu’il n’y paraît- cela n’a rien à voir, mais rien de rien avec une chasse aux anglais… Car il n’y a pas de « devoir accompli » avant que l’Indépendance ne soit faite ! L’indépendance est à faire ! À faire! C’est ce que P.K.P. est déjà train de faire. A-t-il vraiment besoin de s’époumoner, comme Aussant puis Zanetti, et dire aux québécois et aux québécoises : savez-vous, moi, je suis en train de faire l’Indépendance ? L’électorat lui répondrait : cher P.K.P., il Nous semble depuis ta première intervention du poing levé, il Nous semble qu’on s’en doutait un tipeu…
P.K.P. est le premier indépendantiste reconnu ayant la crédibilité nécessaire pour mener le Combat sur le terrain des ennemis de l’Indépendance, en bas de la côte…
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
14 décembre 2014Le but très spécifique de mon billet est de faire ressortir la forme scientifique de cette description de notre histoire récente.
En rapportant des faits sans intention de propagande, l'auteur devient acceptable comme pédagogue à toute la jeunesse, qui a manqué de cours d'Histoire équitable sur l'évolution politique du Québec.
Les enseignants professionnels qui apprécient cet ouvrage seraient bienvenus d'apporter leur avis sur l'âge des étudiants susceptibles d'en tirer meilleur profit, s'il y a lieu.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
14 décembre 2014La ligne portant de son ouvrage : la souveraineté n'est pas un événement (référendum) mais un processus.
Que je traduis par : ce n'est pas le référendum qui mène à la souveraineté. Mais le contraire, c'est la souveraineté qui mène au référendum.
Il s'agit d'un changement de paradigme adopté par PK Péladeau : l'essentiel c'est la souveraineté, le référendum est une modalité. Seul ce changement de paradigme qui peut sortir le projet du cul de sac actuel.
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
14 décembre 2014J'ai adoré la lecture de cet ouvrage. Il fait une synthèse bien documentée des hauts et des bas du mouvement indépendantiste.
J'ai été un peu surpris que dans sa conclusion il ne fasse pas mention de la création d'Option Nationale. Parce que tout dans ce livre mène au constat que le PQ a dérapé, mais pas à peu près. ON a justement été crée pour ramener le projet indépendantiste à l'avant-plan.
Si jamais le PQ 2.0 qui semble se préparer adopte un discours résolument indépendantiste, alors, on pourra dire qu'il y a un peu de ON là-dedans. l'ON pourra alors se saborder avec la satisfaction du devoir accompli.