« Nous glissons lentement vers l’extinction » du français

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Comprendre notre intérêt national

Reconverti, Guy Bertrand prépare un autre livre sur l’indépendance. (Le Soleil, Laetitia Deconinck)

Daphnée Dion-Viens - Il ne s’agit de rien de moins que son « testament » politique. Le flamboyant avocat Guy Bertrand, reconverti aux vertus de la souveraineté, publie un nouveau livre, Guide d’accès à l’indépendance, dans lequel il veut démontrer que la langue française est menacée d’extinction en Amérique du Nord et que le seul moyen de la préserver est de faire du Québec un pays.


Selon Guy Bertrand, le mouvement indépendantiste fait fausse route en mettant de l’avant les arguments économiques et politiques pour justifier l’indépendance. La souveraineté du Québec doit d’abord être précédée d’une prise de conscience de la menace qui pèse sur la langue française, particulièrement à Montréal.
« Nous glissons lentement vers l’extinction lente, ce qui serait une tragédie pour l’humanité », affirme Me Bertrand, au cours d’une entrevue avec Le Soleil.
Dans son essai, il s’emploie à démontrer, statistiques à l’appui, que l’anglais gagne du terrain chaque année, particulièrement dans la métropole, où un nombre croissant d’immigrants travaillent et vivent au quotidien dans la langue de Shakespeare.
Selon l’Office québécois de la langue française, 40 % des immigrants montréalais ont opté pour l’anglais en 2004-2005. Alors que le gouvernement Charest veut augmenter le nombre d’immigrants admis au Québec par année, la francisation et l’intégration des nouveaux arrivants revêtent un caractère crucial, souligne Me Bertrand.
C’est d’ailleurs à ce niveau que le Parti québécois a erré, poursuit-il, après le référendum de 1995 en optant pour le multiculturalisme comme formule d’intégration. « C’était une erreur grave de ne pas reconnaître que le multiculturalisme peut être bon pour le Canada, mais pas pour le Québec, qui lutte pour sa survie », affirme-t-il. Résultat : le multiculturalisme engendre le multilinguisme, au détriment de la langue française.
Mais, dans le contexte canadien, difficile d’y échapper, ajoute l’avocat. Cette forme d’intégration est clairement inscrite dans la Charte canadienne des droits et libertés, article 27. Le Québec doit donc s’affranchir de ce carcan, estime Me Bertrand. Même la loi 101, amputée de ses articles les plus contraignants par la Charte canadienne, a atteint ses limites.
L’avocat va plus loin en affirmant que le Québec fait partie du patrimoine nord-américain et insiste sur la nécessité de protéger « l’espèce humaine française au Québec ». Pour y arriver, un statut provincial n’est pas suffisant, poursuit Me Bertrand. « L’accès à l’indépendance devient donc un rempart pour protéger le patrimoine français en Amérique », précise M. Bertrand, insistant sur cette idée « inédite ».
Guy Bertrand, qui a été un des membres fondateurs du Parti québécois en 1968, a troqué ses habits de souverainiste dans les années 90 pour combattre la sécession unilatérale du Québec devant les tribunaux, donnant des munitions à Stéphane Dion pour l’élaboration de sa Loi sur la clarté. Reconverti au début des années 2000, l’avocat affirme aujourd’hui que « tout le monde a droit à l’erreur ».
Il n’a d’ailleurs pas dit son dernier mot. Un deuxième tome est en préparation aux Éditions Quebecor, dans lequel il s’attardera sur les moyens pour accéder à l’indépendance. Sa publication est prévue au printemps prochain.


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