Nicolas Sarkozy joue gros

951d13c410f096944bb6abaf1f8d0cf6

Questions de société



La récente annonce d'une liaison entre le président français Nicolas Sarkozy et l'ancien top-modèle Carla Bruni tient plus d'une mise en scène orchestrée par des conseillers en communication que d'un scoop dévoilé par des paparazzi. La nouvelle est d'autant plus surprenante que Nicolas Sarkozy avait dit qu'il ne mettrait plus sa vie privée sur la place publique. Cette union va-t-elle servir ou nuire à son image politique?


Nicolas Sarkozy aurait pu profiter de l'image de l'homme divorcé s'étant fait laisser par son épouse Cécilia. Cette image avait déjà servi au premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau qui, après le départ de sa femme Margaret, était devenu père monoparental, peu de temps avant que Dustin Hoffman donne un caractère mythique à ce rôle dans Kramer versus Kramer, et vit progresser son taux de popularité dans les sondages. Nicolas Sarkozy, quant à lui, aura choisi d'occuper le rôle de père divorcé moins de deux mois et occupe maintenant celui de séducteur au bras de Carla Bruni.
Carla Bruni est célèbre autant par sa carrière de mannequin et de chanteuse que par ses liaisons avec des célébrités dont, selon les rumeurs du Tout-Paris, la rock star Mick Jagger, le milliardaire Donald J. Trump, l'acteur Kevin Costner et le chanteur Eric Clapton. Pour ce qui est de son engagement politique, Carla Bruni a donné son soutien lors de la dernière campagne présidentielle française à la principale adversaire de Nicolas Sarkozy, la socialiste Ségolène Royal. On est bien loin de l'image de la First lady américaine à la Jackie Kennedy ou de la femme politiquement engagée auprès de son mari telles Eleanor Roosevelt, Hillary Rodham Clinton où même l'actuelle présidente de l'Argentine, Cristina Kirchner.
Le politicien séducteur
Un politicien peut très bien flirter avec une vedette sans que cela nuise à son image. Après tout, au Canada, on a vu Pierre Elliott Trudeau au bras de la chanteuse et actrice Barbra Streisand, de l'actrice Margot Kidder, célèbre pour son rôle de Lois Lane dans le film Superman, et de l'actrice Kim Cattrall, célèbre pour son rôle de Samantha Jones dans la série Sex and the City. Les liaisons amoureuses du premier ministre canadien n'ont jamais nui à sa crédibilité politique.
Pour ce qui est de Nicolas Sarkozy, ce n'est pas son union avec Carla Bruni qui risque de lui nuire, c'est plutôt qu'on oublie qu'il est un politicien. Les politiciens sont devenus des célébrités comme les autres. Les célébrités sont souvent moins bien connues pour leur oeuvre que pour leur personnalité, leur vie sentimentale mouvementée, leurs problèmes de consommation de drogues ou toutes les autres raisons qui font qu'elles font la une des magazines.
On s'intéresse d'ailleurs bien plus à leur vie qu'à leur oeuvre, on préfère la forme au fond. Elizabeth Taylor est moins connue pour ses films que pour ses mariages, Cher est moins connue pour ses talents de chanteuse et d'actrice que pour ses chirurgies plastiques et Pamela Anderson est moins connue pour l'ensemble de son oeuvre que pour ses implants mammaires. Ainsi, Nicolas Sarkozy risque de se faire associer à sa liaison avec Carla Bruni plutôt qu'à ses réformes et à son rôle sur la scène internationale.
On s'intéresse plus à la vie des politiciens qu'à leurs politiques. Les conseillers en communication politique en sont conscients et c'est pourquoi ils s'efforcent de publiciser les actions du politicien qui n'ont rien à voir avec la politique. Ils savent que la vie privée et le comportement quotidien des politiciens ont plus de poids que leurs idées politiques et leurs déclarations publiques. On a plus de repères, les différences se sont estompées entre les célébrités du spectacle et les célébrités politiques.
Ce qui risque de nuire à Nicolas Sarkozy, ce n'est pas son flirt avec une célébrité, c'est le manque de politique et le surplus de show-business. Il y a un mauvais dosage. Le politicien perd sa raison d'être s'il se confond avec les vedettes du show business. Il en perd sa singularité, banalise son rôle et sa fonction et ses interventions ont de moins en moins d'impact.
***
Philippe Bernier Arcand
L'auteur est doctorant en sociologie à l'UQAM.
- source


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé