Énergies fossiles aux Îles de la Madeleine

Ne nous oubliez pas !

Gaz de schiste

[Le texte qui suit a été lu par Raphaëlle Dancette, au nom de la présidente d’Attention Fragîles, Danielle Giroux, lors du rassemblement tenu à la place Riopelle à Montréal le 12 septembre 2010, à 14h, pour dire oui au moratoire et aux énergies propres. Cet événement a été coordonné par Greenpeace dans le cadre du Congrès mondial de l’énergie.]
Bonjour à tous,
Nous vous interpellons des Îles-de-la-Madeleine pour partager avec vous nos craintes à propos des projets d'exploitation d'hydrocarbures qui menacent la nature et l’économie de notre archipel. Et celles de l’ensemble des communautés côtières du Saint-Laurent.
Premièrement, le sous-sol des Îles, riche en gaz naturel, est convoité par Gastem. La compagnie détient 202 km2 de droits d’exploration terrestre, soit presque toute la superficie des Îles.
Cet automne, Gastem prévoit commencer son premier puits de forage à Fatima, sur l’Île du Cap aux Meules. Selon l’industrie, ce type de forage n’a aucun impact environnemental. La population des Îles n'est pourtant pas rassurée. Les nappes d’eau souterraines - notre seule source d’eau potable - subviennent à peine à la demande en période de pointe estivale. Aussi, rien ne peut empêcher légalement que la ressource soit massivement exportée, ce qui laisse entrevoir un développement industriel lourd sur un territoire exigu et fragile.
Gastem s'est engagée à consulter la population. Rien ne l’oblige toutefois à tenir compte des résultats. Seule une consultation réalisée par un organisme indépendant pourrait permettre à la population de faire un choix éclairé. En l’occurrence, le mandat du BAPE créé pour étudier les gaz de schiste n’inclut pas les Îles-de-la-Madeleine, qui sont pour l’instant écartées du débat et laissées seules face à l'industrie.
***
Un autre projet menace l’avenir des Îles : celui de l’exploration et de l’exploitation d’hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent. Le gisement Old Harry, tout près d’un important fond de pêche, se trouve à seulement 80 km de nos côtes.
Le gouvernement du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador ont exprimé leur intention d’exploiter ce potentiel dans le Saint-Laurent. La qualité de vie et l'économie des communautés côtières de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent sont très vulnérables à cette nouvelle industrie.
Nous vous lançons aujourd’hui un appel urgent : Terre-Neuve, par l’entremise de la compagnie Corridor Resources, veut faire de nouveaux levés sismiques dans les prochaines semaines.
À la suite de ces levés sismiques viendront les premiers forages exploratoires du côté de Terre-Neuve, en 2011 ou 2012, c’est-à-dire demain. Logiquement, le gouvernement du Québec qui détient la plus grande part du gisement Old Harry, voudra ensuite forer le plus vite possible.
Aujourd’hui, aucune consultation de l’ensemble des communautés côtières des 5 provinces concernées n’est prévue, ni aucun mécanisme de gestion intégrée du golfe, ni aucune analyse rigoureuse des procédures et des impacts. En outre, la question du partage des responsabilités en cas de catastrophes n’est pas résolue.
Voici notre appel : un moratoire doit aujourd’hui être décrété sur tout projet d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures, pour l’ensemble du Saint-Laurent.
Vu la nature des enjeux, et les impacts à prévoir sur les ressources renouvelables du Saint-Laurent et sur l’économie, jusqu’à la vie intime des populations côtières, nous devons prendre le temps de tenir un débat public, d’étudier les questions, de revoir les procédures. En d’autres mots, de poser ensemble un regard éclairé sur l’avenir du Golfe.
Nous avons récemment visité nos cousins cajuns en Louisiane. Ce que nous avons vu nous a profondément marqués.
Voici trois leçons tirées de notre séjour.
Première leçon : Les impacts de l’industrie pétrolière ne se limitent pas à ceux de la marée noire
Un état pétrolier est accaparé par de gigantesques parcs industriels lourds.
Les infrastructures liées à l’industrie du pétrole occupent une partie significative du littoral, ont des impacts désolants sur le paysage et paraissent complètement incompatibles avec une industrie touristique florissante.
Deuxième leçon : La dépendance économique créée par l’industrie semble irréversible
Une fois l’aventure du pétrole commencée, il semble difficile de s’en affranchir. Malgré l’ampleur de la catastrophe environnementale, sociale et économique de la marée noire, plusieurs milliers de résidents réclament la levée du moratoire. Leur dépendance économique ne leur permet plus d’envisager d’autres options.
Troisième leçon : Les communautés côtières ne semblent pas profiter de la richesse de cette industrie
La Louisiane, le plus gros producteur de pétrole aux États-Unis, demeure l’un des états les plus pauvres du pays.
L’industrie pétrolière a le pouvoir de transformer le visage d’un territoire et de marquer la vie des gens qui l’habitent.
Nous demandons à nos gouvernements de protéger les écosystèmes fragiles du Saint-Laurent et d'assurer la sécurité des communautés côtières.
Pour y arriver, deux gestes urgents doivent être posés :
1- Nos gouvernements ont la responsabilité d'entreprendre des consultations justes et rigoureuses pour revoir les choix énergétiques du Québec.
2- Nos gouvernements doivent instaurer sans délai un moratoire sur tout développement de projets d'exploitation des hydrocarbures terrestres et marins dans le Saint-Laurent.
Solidairement, les Îles-de-la-Madeleine sont avec vous aujourd’hui.
Danielle Giroux

Présidente

Attention FragÎles

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Danielle Giroux2 articles

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Présidente, Attention FragÎles

Qui est Attention FragÎles ? Organisme à but non lucratif et de bienfaisance fondé en 1988 par un mouvement citoyen, Attention FragÎles puise dans l’appui de ses membres, de ses partenaires locaux et de ses bénévoles pour mener à bien ses actions. Dévoué à la cause environnementale, nous agissons pour laisser en héritage aux Madelinots et Madeliniennes de demain un environnement de qualité. L’organisme travaille en étroite collaboration avec 25 partenaires locaux, bénéficie d’une force de travail bénévole extraordinaire, et obtient le soutien de plus de 100 membres. Notre mission Attention FragÎles contribue à la responsabilisation environnementale de la population, des acteurs du développement et des visiteurs des Îles-de-la-Madeleine en réalisant, soutenant ou encourageant des comportements respectueux de l’environnement naturel madelinot. Répartie sur trois axes, soit le développement, la consommation et l’environnement naturel, l’action de l’organisme est fondée sur le partenariat et la valeur du respect de l’environnement. Notre vision Attention FragÎles oeuvre à rallier les acteurs du développement et la population des Îles-de-la-Madeleine à l’objectif de garantir la qualité et la pérennité de l’environnement naturel madelinot, prémisses d’un milieu de vie de qualité pour tous.





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 septembre 2010


    Il faudrait que certains s'organisent (voire la chasse aux loups-marins)pour que ces compagnies ne mettent même pas le début du bout des orteils sur les Iles...Soit par bateau, soit par avion.
    C'est un scandale ! Malgré la distance, on ne vous oublie pas !

  • Archives de Vigile Répondre

    15 septembre 2010

    Mme. Giroux,
    Le phénomène du gaz de schiste est une horreur sans nom contrairement à tous ceux qui prétendent le contraire et qui, finalement, ont des intérêts dans cette destruction du territoire. Les têtes dirigeantes de presque toutes les compagnies et organismes proviennent du parti libéral du Québec. C’est une bande de bandits en cravate, méfiez-vous.
    Nous en avons déjà parlé dans Vigile mais plusieurs personnes ont eu de la difficulté à avoir le contact avec l’adresse d’un site qui diffuse un film qui a été réalisé aux USA et qui démontre très clairement les destructions absolument scandaleuses des territoires où les compagnies gazières ont foré. Le titre du film est GAZLAND. Si vous n’arrivez pas à le trouver, veuillez me contacter à parivan07@videotron.ca. Il faut que les gens des îles voient ça car si les compagnies commencent à forer, les îles seront détruites. Les compagnies gazières n’ont absolument aucune considération sociale. Ils peuvent arriver dans votre cour et forer en détruisant tout et réduire à néant votre eau potable. Il n'y aIl faut que tout le monde chez-vous voit ça. Certains me diront que l’action se passe aux USA mais rien ne laisse présager que ce serait différent ici, il n’y a aucune raison que ce le soit.
    Ivan Parent

  • Archives de Vigile Répondre

    14 septembre 2010

    Le nouveau Plan quinquennal Saint-Laurent (PSL) proposé par Québec et Ottawa.

    Selon le document de consultation «Élaboration d'une nouvelle Entente Québec-Canada sur le Saint-Laurent» obtenu par Le Devoir, cette cinquième mouture de l'entente fédérale-provinciale rompra avec l'approche de conservation du fleuve jusqu'ici privilégiée.
    Québec et Ottawa proposent en effet d'identifier cinq «zones névralgiques» où seront concentrés tous les efforts de conservation, de protection et de restauration de l'écosystème du Saint-Laurent. Les zones ont été déterminées en fonction de la présence de plusieurs problèmes environnementaux et de la possibilité de mettre en oeuvre des «actions davantage intégrées et concertées».
    Ces zones — Montréal, Lac Saint-Pierre, Québec, Estuaire maritime (de Tadoussac à Cap-Chat) et Îles-de-la-Madeleine — laissent à découvert de grands pans du Saint-Laurent, notamment entre Québec et Tadoussac, et toute la péninsule gaspésienne.
    Pas d'argent frais.
    Les parties intéressées ont jusqu'au 8 octobre pour répondre aux questions soulevées par le document de consultation.
    Texte du Devoir ;
    http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/296229/le-nouveau-plan-saint-laurent-neglige-des-pans-du-fleuve

  • Archives de Vigile Répondre

    14 septembre 2010

    Pendant que certains veulent faire une pause dans l'exploitation du pétrole, avant même d'avoir commencé cette exploitation, une compagnie terre-neuvienne a obtenu un permis d'exploitation pour le gisement Old Harry, situé en grande partie en territoire québécois.
    Continuez à penser petit chers Québécois, continuez ! Comme ça, un jour, vous comprendrez qu'il y a des conséquences graves à se laisser marcher dessus.
    Laurent Cambon