N'oublions pas Raoul Wallenberg

17. Actualité archives 2007



Le mercredi, 17 janvier, marquait le 62e anniversaire de la disparition, en 1945, de Raoul Wallenberg, ce diplomate suédois de l'époque de la Deuxième Guerre mondiale que les Nations unies ont appelé «le plus grand humaniste du XXe siècle». Par respect pour ce héros de l'humanité, le 17 janvier est maintenant appelé, au Canada, journée Raoul Wallenberg et est une journée commémorative officielle.
En effet, ce Suédois non juif, ce saint juste des nations, celui qui fut le premier au Canada à recevoir le titre de citoyen honoraire incarne l'adage talmudique et islamique selon lequel sauver une seule vie, c'est comme sauver l'univers entier. Ce héros perdu de l'Holocauste a affronté la machine meurtrière des nazis en Hongrie et a montré que même un homme seul peut changer le cours des choses, qu'on peut résister et qu'on peut avoir raison du mal.
Son héroïsme incroyable a mené Wallenberg:
- à délivrer des Shutzpasses (des laissez-passer diplomatiques conférant l'immunité) à des Juifs au risque de sa vie, à Budapest, menant ainsi d'autres gouvernements à suivre son exemple;
- à établir des refuges à Budapest, qu'on en est venu à appeler le «ghetto international», incitant une fois de plus d'autres légations à lui emboîter le pas, une initiative qui a permis à elle seule de sauver la vie à quelque 32 000 personnes;
- à sauver des milliers de personnes de la déportation et de la mort en octobre 1944, lorsque le gouvernement fantoche nazi des Croix fléchées au pouvoir en Hongrie a procédé à une vague de déportations meurtrières et d'atrocités, en délivrant encore des Shutzpasses aux personnes en danger dans les gares de chemin de fer, les faisant ainsi descendre de trains sur le point de les emporter vers une mort certaine;
- à suivre personnellement, en novembre 1944, les milliers de Juifs, surtout des femmes et des enfants, qui avaient été forcés de partir à pied pour un voyage de 200 kilomètres vers la mort, afin de leur distribuer de la nourriture, des médicaments et des documents improvisés;
- à oser son dernier sauvetage, peut-être le plus mémorable, lorsque les nazis avançaient sur Budapest à la fin de la guerre et menaçaient de faire sauter le ghetto de la ville afin de liquider ce qui restait des quelque 70 000 Juifs de Hongrie, lorsqu'il a fait savoir aux généraux nazis qu'ils seraient traduits en justice, voire exécutés, pour leurs crimes de guerre. Les nazis renoncèrent alors à leur ultime assaut contre Budapest et les vies de dizaines de milliers de Juifs furent sauvées une fois de plus grâce au courage d'un seul homme.
Aux yeux des Juifs, Wallenberg a toujours été un ange gardien. Quant à Adolf Eichmann, le bureaucrate homicide à qui on doit la Solution finale, il appelait Wallenberg le «Judenhund Wallenberg», ce «chien de Juif de Wallenberg».
Ce que l'humain a de meilleur
Il nous faudrait en apprendre plus sur l'héroïsme sans égal de ce grand humaniste, y réfléchir et le laisser nous inspirer. En protégeant des civils au cours d'un conflit armé, il a symbolisé ce que l'âme humaine a de meilleur. Ses avertissements aux nazis, ce présage des principes qui seraient énoncés et défendus à Nuremberg, après la guerre, donnent corps à quelque chose de plus: les rouages du droit humanitaire.
Raoul Wallenberg n'a pas été qu'un grand humaniste. Il a aussi joué un rôle indispensable dans la lutte pour la reconnaissance des droits et de la dignité de la personne. Nous ne devons jamais oublier que le respect des droits de la personne est l'affaire de chacun d'entre nous, chez nous, au travail, dans nos relations personnelles, chaque fois que nous avons la possibilité de poser des actes bienveillants et compatissants, d'améliorer la vie d'une victime de discrimination ou d'un défavorisé.
Nous devons nous donner pour tâche de parler au nom de ceux qui n'ont pas de voix, témoigner au nom de ceux qui ne peuvent se défendre, démontrer que nous pouvons être nous-mêmes les instruments du droit international des droits de la personne.
Irwin Cotler, Député fédéral de Mont-Royal et ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada, l'auteur est également professeur de droit (en congé) à l'université McGill et a été président de la commission internationale chargée de découvrir ce qu'il est advenu de Raoul Wallenberg.

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Député fédéral de Mont-Royal et ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada, l'auteur est également professeur de droit (en congé) à l'université McGill et a été président de la commission internationale chargée de découvrir ce qu'il est advenu de Raoul Wallenberg.





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