Montréalistan - Portrait de 20 islamistes

Immigration : francisation et intégration

Brigitte McCann - Montréalistan dresse des portraits inédits d'une vingtaine d'islamistes radicaux de Montréal, au coeur de la menace terroriste.
Qui sont-ils? Qu'ont-ils fait? Sont-ils dangereux? On découvre ces Montréalais à travers leurs démêlés judiciaires, leurs croyances religieuses et, parfois aussi, leurs propres témoignages issus de rares entrevues obtenues au prix de mois d'efforts.
«Certains ont terminé leur peine de prison et sont en voie de revenir au Canada, d'autres y sont déjà», indique l'auteur Fabrice de Pierrebourg.
Comme un roman policier
Leur portrait est toutefois dressé sans complaisance: leurs points de vue sont souvent mis en contradiction avec ceux des autorités policières et judiciaires. Car la grande majorité des activistes rencontrés nient leurs activités terroristes, même quand elles leur ont valu une condamnation.
Le récit se lit tantôt comme un roman policier, tantôt comme une introduction à la menace terroriste d'ici. Une menace troublante. Mais c'est aussi un premier Who's who (bottin) québécois des personnalités associées au «terrorisme».
Fateh Kamel
Rencontré d'abord au coin d'une rue du quartier Rosemont, Fateh Kamel, qui a toujours fui les médias, a accepté de se confier à Fabrice de Pierrebourg.
L'auteur offre un gros plan unique de l'ex-condamné à huit ans de prison, en 2001 en France, pour avoir dirigé un réseau qui fournissait de faux passeports à des militants islamistes. Il n'aurait rien du «djihadiste avec longue barbe, cheveux hirsutes, les yeux remplis de haine prêt à bondir sur le premier Occidental venu».
«C'est Richard Gere et Jésus-Christ réunis», en dit un de ses amis. Après avoir purgé une peine abrégée, le chauffeur de taxi de 47 ans de retour à Montréal s'avoue «tiraillé entre le souhait de vivre sa vie de citoyen ordinaire [...] et une volonté farouche de laver sa réputation».
Celui que le Service canadien du renseignement de sécurité qualifie de «chef d'une cellule du djihad» ne digère pas le refus d'Ottawa de lui accorder un passeport, se décrivant comme «un travailleur humanitaire».
Au sujet de ses années en prison, il dit : «L'être humain n'est pas fait pour être enfermé. Mais j'ai grandi. Je suis rentré comme une chenille, je suis sorti comme un papillon.»
Long travail de confiance
L'auteur a également rencontré Abou H., imam salafiste pur et dur, qui, de sa mosquée de la rue Jean-Talon, décrit les femmes québécoises comme des perverses et qualifie les Québécois non musulmans de «mécréants».
Et il décortique le passé agité de Saïd Jaziri, imam aux prises de position très controversées, bien connu à Montréal, qu'il a aussi rencontré à maintes reprises.
Il a de plus interviewé, durant un an, de nombreux enquêteurs, agents et fonctionnaires impliqués dans la lutte au terrorisme au Canada et en France. Là aussi, ce fut un long travail de confiance. «Tu ne peux pas arriver et dire: Donne-moi la liste des terroristes potentiels surveillés!», lâche-t-il.
Fabrice de Pierrebourg a utilisé plus de 300 pages de documents confidentiels des services secrets canadiens au cours de son enquête. Ces documents, qui lui arrivaient souvent censurés et raturés, ont été obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé