Monorail : mirage et ambition

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Les libéraux sont paniqués de perdre en 2018 : ils disent n'importe quoi

Le débat qui a éclaté au sujet du projet de « monorail » me semble très révélateur.


Le 26 novembre, en clôture du congrès libéral, Philippe Couillard mettait au défi le Québec d’élaborer un projet de liaison rapide entre Montréal et Québec aussi « emballant » que le Réseau électrique métropolitain que la Caisse de dépôt bâtit à Montréal. Il parlait de « projet phare », moderne, durable, « futuriste », « pas un autre train ».


Depuis, un déluge de critiques s’est abattu sur la proposition. Certaines sont pertinentes.


Techniques et esthétiques


D’abord, les reproches techniques. Même s’il ne prônait pas explicitement un « monorail » comme celui imaginé par l’ingénieur québécois Pierre Couture, M. Couillard a en conférence de presse, vanté cette avenue.


Il a même fait référence au reportage enthousiaste que l’émission Découverte de Radio-Canada avait consacré à cette vision.


Plusieurs ont donc fait valoir qu’une telle technologie n’avait jamais été vraiment développée et encore moins testée. Les promoteurs réclament d’ailleurs depuis des années de l’argent pour faire un banc d’essai de 5 kilomètres.


Lundi, notre Bureau d’enquête dévoilait une étude dévastatrice commandée par l’Association de l’aluminium du Canada au sujet de la technique du monorail : entre autres, les virages sur l’autoroute 20 seraient trop serrés pour un véhicule suspendu circulant à 250 km/h. Inquiétant.


D’autres critiques sont esthétiques : un monorail installerait une hideuse barrière de poteaux dans le terre-plein de l’autoroute 20 sur 250 kilomètres ! Ça pourrait en effet être très laid.


Tactique


On critique aussi politiquement M. Couillard. Il aurait instrumentalisé cette question à des fins tactiques, de manière cynique.


Après une fin de semaine à rappeler les 150 ans d’existence du PLQ, – y compris les ères Gouin, Taschereau ET Charest... –, M. Couillard voulait désespérément clore les travaux en se tournant vers le futur.


Ses conseillers et lui ont du reste bien remarqué qu’à Montréal, Denis Coderre a tout perdu en faisant campagne sur son bilan. Pendant ce temps, Valérie Plante faisait rêver avec son projet de « ligne rose ».


M. Couillard martèle maintenant de manière presque obsessive l’expression « nouveau Québec à construire » afin de mieux rejeter François Legault et la CAQ, aux « solutions du siècle dernier », aux « faux changements ». Évoquer un projet futuriste Montréal-Québec, même imprécis, même non chiffré, ne pouvait pas nuire...


Après tout, la politique, disait le sociologue allemand Max Weber, c’est « le goût de l’avenir ».


Improvisé


En lançant ce défi technique gigantesque, M. Couillard a toutefois paru très peu préparé, un brin velléitaire. M. Legault a raison d’y voir une improvisation. Il y a un aspect « mirage » à toute cette opération qui fait totalement fi du projet de TGF de Via, infiniment plus avancé, mais bloqué, justement, par le REM de la Caisse.


On aurait tort toutefois de rejeter totalement, à long terme, le type de défi lancé par le premier ministre. Répondre à celui-ci par un « ça ne s’est jamais fait » est un peu court. Sommes-nous devenus incapables d’inventer au Québec ? D’avoir un peu d’ambition ?